lundi 4 décembre 2017

Sommes-nous en démocratie et si non pourquoi ?



Il devient presque banal de dire que nous ne sommes plus en démocratie, ces propos sont actuellement dans l’ordinaire des discussions de café du commerce. Tout un chacun pointe les évolutions de la restriction des libertés imposée par la loi, la chasse aux fausses nouvelles (les « fakes » pour ceux qui cherchent à oublier leur langue et à faire « in ») avec le Decodex, la chasse devenue subjective aux propos dits racistes, l’exclusion des grands médias des propos anti-européens, la disparition de fait du référendum, etc. Ceci étant dit, le peuple s’y soumet de bonne ou mauvaise grâce dans son ensemble… « Que voulez-vous ma pauv’dame, que voulez-vous que j’y fasse ». L’évolution se fait, pas à pas, lentement mais sûrement. Même au sein du parti majoritaire, la voix unique est de règle, l’expression de ses députés est filtrée et cadrée. Même les partis dits d’opposition ne savent plus s’opposer. Ce dernier constat est un nouveau pas supplémentaire vers une monarchie pour laquelle la démocratie est une façade, un mot que l’on utilise pour aller faire la loi dans un pays étranger, la loi démocratique ouvrant la porte à la guerre et au pillage.

Oui nous sommes encore dans une démocratie, mais une démocratie apparente qui laisse vivre ceux qui ont le réflexe moutonnier lequel prend et pense ce qu’on lui donne, où celui de l’autruche en se cachant une vérité dérangeante, où encore celui qui estime que tant qu’il peut aller en vacances, toucher sa paye et acheter ce qu’il veut, tout va bien. C’est grâce à l’attitude d’un peuple courbé que la démocratie, se délite sans véritable résistance, et devient notre environnement quotidien donc entre dans la normalité. C’est l’histoire de la grenouille dans le bocal que l’on chauffe lentement, la température peut monter lentement sans que celle-ci réagisse, et, quand elle ne supporte plus, sa fin est proche. Nous sommes dans une démocratie parlementaire qui a oublié que, selon son sens étymologique, la démocratie est le pouvoir par le peuple, pour le peuple. Autrement dit dans une démocratie parlementaire, les parlementaires sont les porteurs de la volonté du peuple. Sa volonté s’exprime du bas vers le haut juste au moment où nous les élisons. 

Force est de constater désormais que la volonté, qui n’est plus la sienne, s’exprime du haut vers le bas, c’est pourquoi la démocratie devient une façade commode pour masquer un pouvoir oligarchique, ploutocratique de surplus, celui des « marchands », de ses entités spéculatives mêlant banquiers et lobbies internationaux. Ceux-ci détiennent désormais l’argent et le pouvoir, ce qui nous ramène à Venise et ses marchands. Pour ce qui nous concerne ceci se joue à Bruxelles, Berlin et Francfort pour l’économie et la monnaie, à Washington pour la politique militaire et étrangère. On peut même parler du vrai pouvoir des grands « clubs occidentaux de pensée », les Bilderberg, CFR, Trilatérale. On le savait, mais, à titre d’exemple, il apparaît dans la presse que Macron, alors conseiller économique de Hollande, a dézingué son patron devant 130 personnes alors qu’il était invité par le groupe Bilderberg en 2014. A la suite il a démissionné du gouvernement puis a été ensuite nommé ministre de l’Économie… malgré ses propos désobligeants ! Qui est intervenu sur Hollande pour cette promotion sinon un membre directeur du Bilderberg ? C’est d’ailleurs en tant que tout nouveau promu Ministre que Macron est allé se faire ovationner à Davos en janvier 2016 au « World Economique Forum ». Tout ceci n’est pas le fruit du hasard et l’ascension au plus haut sommet s’est terminée à la Présidence de la République.

L’oligarchie avait choisi son candidat et la machine médiatique a tourné à plein pour lui depuis le forum de Davos qui réunit les plus grandes puissances économiques et financières privées. Macron est donc redevable devant les « marchands » tenants du pouvoir réel. Du Haut on redescend au niveau des chefs d’État, et donc de l’UE et de ses technocrates non élus et qui ont souvent beaucoup à voir avec Goldman Sachs, comme José Manuel Baroso et Mario Draghi, et d’autres. La démocratie française se nourrit donc de ce pouvoir oligarchique avec un Président redevable et des directives européennes largement cornaquées par les oligarques omniprésents à Bruxelles. Le Président n’écoute plus le peuple, qui a voté pour lui sans bien saisir ses intentions, sinon qu’ils étaient dégoûtés de la classe politique et des deux derniers présidents, et qu’un tout jeune homme, fringant, bien de sa personne et parlant fort bien un langage abscons, envoyait une lueur de « printemps » dans un paysage bien triste des « affaires » politiques. Mais Macron est l’homme-lige des marchands. 

Le pouvoir est en haut, à Bruxelles, à Berlin, à la BCE et à Washington, qui sous-traitent à Macron. Ce dernier dispose d’une majorité parlementaire d’élus muselés et infiniment reconnaissants d’avoir un siège alors qu’ils étaient quasiment inconnus pour beaucoup et que la seule étiquette Macron les a portés à l’Assemblée. Comme Macron dépend des « marchands », les députés LREM dépendent de Macron. Les autres députés ne dépendent plus que d’eux-mêmes et leurs préoccupations ne sont que leur survie, c’est-à-dire le discours à vendre à leurs futurs électeurs. Ce discours est impossible à trouver puisqu’il doit respecter l’UE des marchands, comme Macron, pour qui la sortie est prohibée. Nos parlementaires ne sont plus les porte-paroles des citoyens mais des carriéristes qui, soit se soumettent entièrement à la politique impulsée d’en haut et l’approuvent en permanence, soit cherchent à retenir l’attention par une opposition théâtrale mais sans réelle consistance. Ils regardent essentiellement vers le haut et s’ennuient à s’obliger de jeter un regard vers le bas. C’est ainsi que la démocratie se meurt, la liaison du peuple avec le pouvoir, qu’il détient théoriquement, lui a été confisquée par des « marchands » qui délèguent aux échelons inférieurs l’application de leurs desiderata.

Le contrôle par le peuple de ses représentants ne peut plus s’exercer. Combien de parlementaires réunissent leurs électeurs pour rendre compte tout au long d’une législature sur la mise en œuvre des promesses qu’ils ont émises pour se faire élire ? Ils attendent la prochaine élection pour faire de nouvelles promesses en oubliant de faire le bilan de leur action, de leurs réussites, de leurs échecs. A toute attaque, ils ont même l’audace de faire retomber la faute sur le parti, les conseils territoriaux, le gouvernement, l’UE au choix. A part le Conseil Constitutionnel qui doit être saisi, et ce n’est pas simple pour le peuple, qui ne tranche que sur le respect de la Constitution, il n’y a plus de contrôle du pouvoir. Voilà pourquoi nous sommes dans une démocratie parlementaire moribonde qui se craquèle lentement sous nos yeux, mais comme chaque nouveau jour ne diffère que peu du jour précédent, nous nous habituons progressivement à la perte de pouvoir du peuple. 

A tel point, que devant le peu d’efficacité des votes pour changer la politique française, nous nous abstenons de plus en plus. Nous allons même jusqu’à voter blanc ou nul, ce qui ne sert strictement à rien, sinon à faire savoir que nous avons rempli notre devoir électoral, à soulager notre conscience et à faire savoir à notre entourage que nous avons exprimé une opinion. Malheureusement seule l’abstention est comptabilisée pour donner le pourcentage de voix des candidats. Nous ne savons même plus montrer notre désapprobation ou notre inquiétude. C’est donc à une profonde remise en cause de la pratique électorale, à un retour de nos parlementaires dans leur rôle de courroie de transmission du peuple, à la pratique du référendum pour toute question fondamentale sur la vie sociétale, sur l’identité de la nation et l’intégrité du territoire, sur la laïcité, sur la séparation des cultes et de l’État, sur les pertes ou délégations de souveraineté, etc., qu’il faut revenir.  Par exemple le nouveau découpage des régions s’est fait par en haut, en faisant même fi des désirs du peuple alsacien qui avait voté contre la fusion des deux départements et qui, à fortiori ne pouvait souhaiter un agrandissement de sa région. Seulement voilà, les « marchands » sont pour les eurorégions, le pouvoir est bien en haut, redescend tous les échelons pour application, et se passe de la consultation du peuple.
 
On ne peut plus parler de démocratie parlementaire 

Mais d’une démocratie de parlottes et d’enfumage

Où le peuple a encore le droit de s’exprimer 

A condition qu’il reste juste inaudible,

Moutonnier et toujours persuadé 

Que le printemps c’est demain !
 
Claude Trouvé 
04/12/17

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