L’actualité
ne manque pas de nous servir en continu des mensonges ou des manipulations.
Dans le genre manipulation, on apprenait hier que le SMIC était dans les
réflexions du gouvernement. Un « groupe d’experts indépendants » (nommé
par décret du Premier Ministre, ce qui garantit son indépendance) aurait fait
une étude sérieuse, enfin experte, sur cette barrière minimale imposée aux
salaires à 1480 € bruts. Celle-ci présenterait plus d’inconvénients
que d’avantages… pour qui ? Les préconisations de ce groupe ne sont pas
nouvelles. Il donne chaque année depuis 2008 ses recommandations quant au
niveau du salaire minimum en France. Les préconisations de ce cercle
d'économistes sont transmises aux organisations de salariés et d'employeurs qui
donnent leur avis au gouvernement pour fixer le niveau du SMIC. En fait d’avis
il s’agit plutôt d’une simple information qui respecte l’existence des
représentants des salariés dont il ressortait au mieux une réévaluation du SMIC
suivant l’inflation. Ce groupe s’est d’ailleurs toujours opposé au coup de
pouce donné en plus.
A
peine sorti du cadeau aux salariés sur les cotisations sociales sur le dos des
retraités, on va rogner sur les salaires dans un printemps annoncé qui se
révèle un hiver tardif. En effet le fait de bloquer le SMIC c’est donc le
diminuer en regard du pouvoir d’achat, donc un appauvrissement de cette
population. Mais cela entraîne ipso facto le blocage de tous les salaires dans
la plupart des entreprises, sinon il s’agirait d’accroître les inégalités et au
détriment financier de l’entreprise. Selon ces experts, le coût du travail des
salariés payés au SMIC aurait des "effets
négatifs sur l'emploi". J’ai montré, par comparaison avec les autres pays
de l’UE qu’il n’en était rien bien au contraire, les chiffres sont incontestables
car issus de la base de données d’Eurostat… mais je ne suis pas un de ces experts
grassement payés par le CNRS, ou l’OCDE avec le privilège de ne pas payer
l’impôt sur le revenu ! La vie du Smicard ne doit pas être leur préoccupation
quotidienne. Entre 2011 et 2016 la tendance moyenne dans les pays de l’UE est
une augmentation du PIB/habitant de 0,7% pour 1% de plus de coût de main-d’œuvre
et une diminution du taux de chômage de 0,3% avec 1% d’augmentation du
PIB/habitant. On en déduit que 1% d’augmentation du coût de main-d’œuvre a produit
non seulement une augmentation du PIB/habitant mais aussi une diminution de
0,2% du taux de chômage entre 2011 et 2016. C’est exactement l’inverse de
la proposition des experts. Je n’y peux rien, les chiffres sont les chiffres et
accessibles à tout le monde à condition de savoir les consulter et les traiter.
Il s’agit
là en fait d’une grossière manipulation basée sur la théorie de l’offre qui est
sensée créer la demande et l’emploi. Comme la plupart d’entre nous ne savent pas
dire si c’est la poule qui crée l’œuf ou l’inverse, on peut savamment exposer l’une
ou l’autre théorie, améliorer l’offre ou le pouvoir d’achat. Le choix de l’UE
est clairement celui de la compression des salaires qui profite aux entreprises,
en particulier aux entreprises exportatrices. C’est le levier qui reste quand
la monnaie est bloquée. On pratique ainsi une dévaluation interne. D’ailleurs
il est très probable que la suppression totale du SMIC, ou partielle comme en Allemagne,
est déjà dans les tuyaux. Les Grandes Orientations de la Politique Européenne ont
donc servi de livre de chevet pour nos experts, forts capables de nous démontrer
n’importe quoi tant que leurs travaux ne subiront aucune contre-expertise.
Encore une fois la politique économique française n’est que le copié-collé de
la politique économique de l’UE. Mais celle-ci ne se préoccupe pas du chômage
et de la pauvreté, mais de l’enrichissement des plus riches dont les plus
grandes entreprises et les grandes banques.
La baisse
relative du SMIC pour lutter contre le chômage et la pauvreté est un mensonge
éhonté, mais il s’agit aussi d’une manipulation pour nous faire accepter une
politique qui laisse l’attribution des salaires sans garde-fou. Force est de
constater qu’au moins un candidat à la présidentielle nous avait averti… avant
qu’on l’oublie. Combien nous faudra-t-il de mensonges et de manipulations pour
que nous prenions conscience de l’origine de notre descente aux enfers ?
On
ne s’étonnera pas des conclusions du groupe d’experts quand on sait que son
Président est Gilbert Cette, qui a soutenu Emmanuel Macron pendant la
présidentielle, et est opposé de longue date à un Smic qu'il juge trop élevé. La
justification basée sur le fait que le salaire minimum français est inférieur
de 50% du salaire moyen alors qu’il n’est que de 40% en Allemagne ne tient pas
puisque l’on peut tout aussi bien augmenter le salaire moyen au lieu de
diminuer le salaire minimum pour le même résultat d’écart. Oui mais voilà
augmenter le salaire moyen tire tous les salaires vers le haut, alors que
diminuer le salaire minimum les tire vers le bas. Il n’en ait évidemment pas
question. Il faut donc bien comprendre que la baisse relative du SMIC, par son
blocage, aura un impact sur l’ensemble des salaires et c’est cela le réel but
visé.
Comme
je l’ai expliqué plusieurs fois, la baisse du pouvoir d’achat ne peut avoir qu’un
impact négatif sur la demande intérieure. En effet le coût salarial ne joue que
partiellement sur le prix des produits, alors que les salaires jouent totalement
sur le pouvoir d’achat donc la demande, donc finalement sur le PIB/habitant et
le chômage. Par contre cela est profitable aux entreprises exportatrices, dont
l’impact sur la croissance exclut les plus grandes qui font de l’optimisation
fiscale et de la délocalisation. Les graphiques présentés ci-dessus sont sans
appel… dites-le autour de vous, on nous ment et on nous manipule.
Le plus gravissime de ce parcours vers
la Grèce
Serait que le peuple n’y perçoive que du
feu.
« Laissons-lui encore un peu de temps »
Ce message de l’autruche qui s’insinue
Dans les esprits de beaucoup
Montre que la Grèce
Attire encore !
Claude Trouvé
07/12/17
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