"Ce
n'est pas seulement l'intérêt qui fait s'entre-tuer les hommes. C'est aussi le
dogmatisme. Rien n'est aussi dangereux que la certitude d'avoir raison."
(François Jacob - Le jeu des possibles). Nous sommes dès notre jeunesse tous
campés sur des certitudes parce qu’elles ont le mérite de donner de la
stabilité à notre vie, de fournir des principes de vie simples et solides. Puis
nous vieillissons et l’expérience de vie soit nous conforte dans ces certitudes
soit les remet en cause. Le dogmatisme est le caractère de doctrines
qui présentent leurs affirmations comme des vérités fondamentales, incontestables et intangibles,
sans esprit critique. Le plus souvent dans le domaine politique ou religieux
(dogmes), ces doctrines peuvent, dans certains cas, être imposées par la force.
Par ses certitudes, ses vérités, le dogmatisme s’oppose au scepticisme. Toute
l’histoire de l’humanité est traversée par des oppositions de certitudes en
particulier dans le domaine religieux. Nous le vivons actuellement avec la
religion musulmane, à cause de ses fidèles radicalisés qui servent de soldats
et d’assassins.
Les
morts violentes dues au dogmatisme sont innombrables mais les morts psychiques
sont encore plus nombreuses. Le sort de Galilée parjure en un exemple allégorique.
Par définition le dogmatisme s’oppose au scepticisme donc à la science. Le
scientifique est toujours à la recherche de certitudes parce qu’il doute
toujours et quand il ne doute plus il devient un poids au progrès, un despote
qui freine le foisonnement des idées neuves comme l’est devenu Lavoisier en
physique. « Sortir du nucléaire » en est une démonstration. Le
dogmatisme fleurit en politique car l’objectif est de convaincre qu’il n’y a
pas d’autre choix possible que la vérité assénée. C’est bien là l’aspect dévastateur
des pensées incontestables. « La pensée
ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni
à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est
aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser
d’être » (Henri Poincaré).
Henri Poincaré était
aussi un scientifique et il savait que le doute doit toujours être présent dans
la recherche scientifique et qu’aucune hypothèse ne peut être retenue tant
qu’elle ne s’est pas confrontée à la réalité. Le monde scientifique porte en
lui une auto-vérification permanente, car toute avancée renverse des idées
préconçues et entraîne une controverse salutaire.
Mais quand la pensée scientifique
est mise en cage dans un organisme dit scientifique, comme le GIEC pour le
réchauffement climatique, dont les rapports ne sont pas transmis aux États mais
« traduits » par des représentants de chaque pays, la pensée devient
unique et déformée. Son poids sensé représenter l’état consensuel de la science
climatique prévaut contre les voix contradictoires isolées aussi nombreuses qu’elles
soient. Mêmes les doutes du groupe scientifique du GIEC (par exemple sur l’évolution
des évènements climatiques comme les ouragans) sont transformés en vérités inattaquables
dans les discours politiques et même dans ceux du soi-disant représentant du
GIEC, qui n’est pas le rapporteur du petit groupe scientifique en son sein. C’est
ainsi que se construit et se développe un dogme écologique dont les causes et
les effets sont devenus incontrôlables par la communauté scientifique[U1] et
peuvent être dévastateurs[U2] . Il
va conduire la France dans une impasse énergétique et un gouffre financier.
Le
dogmatisme poursuit de sa vindicte tout contradicteur et n’hésite devant aucun
moyen pour faire taire les contrevenants. Car les dogmes font désormais l’objet
d’attaques anti-dogmes – telles celles des hackers informatiques -, par des
hérétiques, des déviants qui contaminent par leurs mauvaises pensées les
peuples et dont le nombre ne cesse de croitre de façon exponentielle. Aujourd’hui,
le champ des relations internationales est soumis par certains esprits
critiques à un questionnement sans précédent. Après le temps des certitudes
assénées et des vérités révélées vient celui des interrogations légitimes et
des doutes sérieux sur l’intangibilité des dogmes. Même si la liste est loin
d’être exhaustive, cinq exemples récents (libre-échange et mondialisation ;
hyperpuissance américaine ; effacement russe ; pérennité de l’Union européenne
; omnipotence de l’OTAN) éclairent notre propos et montrent que la
confrontation de la théorie à la pratique est en route.
Le
libéralisme est une doctrine qui forme un système intellectuel que l'on associe
à un penseur (ex: la doctrine de Marx), à un mouvement de pensée (ex : la
doctrine libérale). Le principe fondamental du libéralisme est qu'il existe un
ordre naturel qui tend à conduire le système économique vers l'équilibre. La
loi de l'offre et de la demande, par exemple, conduit à l'équilibre entre la
production et la consommation sous réserve de liberté des marchés et de libre
concurrence, seules censées garantir l'ajustement optimum des ressources
disponibles (offre) à la demande. Il présuppose que les intérêts de
l'individu et de la société sont alors convergents. Il s'oppose au contrôle
par l'Etat des moyens de production et à l'intervention de celui-ci dans
l'économie, si ce n'est pour coordonner les entreprises ou garantir un marché
équitable.
Mais
le libéralisme a été repris par le capitalisme dont le but n’est plus la
convergence d’intérêt de l’individu et de la société, car cette société ne représente
plus que les dirigeants des moyens de production et de spéculation. Soit l’Etat
intervient comme facilitateur (cf. Macron), soit l’État Nation devient de plus
une entrave à un marché mondial dont les moyens sont le libre-échange mondial
généralisé aux capitaux, aux hommes, aux productions, aux services, sous la suprématie
de l’économie. Cette dernière implique la mise en concurrence des
travailleurs et le nivellement par le bas des salaires et des droits sociaux.
Sur ce dernier point la diffusion en est soigneusement évitée et cette
évolution dévoyée du libéralisme devient un dogme que chérissent toutes les
forces économiques et financières à Davos. Sauf que la réalité finit toujours
par révéler les failles du dogme.
Les peuples voient
les disparités de revenus et la pauvreté augmenter. La plupart des citoyens
font confiance aux gouvernements parce qu’il n’appréhende pas immédiatement
tout ce qui se cache derrière les discours du dogme du mondialisme. Mais il
arrive un moment où le dogme doit s’imposer par la force car le peuple ne croit
plus à ses vertus. Pour le contenir le plus longtemps possible la machine
médiatique fait la cour au pouvoir, en vante les mérites et celui-ci prend des
dates de contrôle en fin de mandat sans chiffrage pour éviter de donner prise à
la réalité. C’est ce qui se passe en France avec la Loi Travail, copie des
directives économiques de l’UE et censée relancer l’économie, alors qu’elle ne
peut apporter un plus que pour les grandes multinationales ou les sociétés très
exportatrices œuvrant donc sur un marché beaucoup plus vaste que la consommation
intérieure. Sur le marché intérieur le fait de pouvoir licencier à moindre
coût, de pouvoir mieux discuter au sein de l’entreprise avec les salariés, d’avoir
un peu moins d’impôts, ne suffira pas à faire venir des acheteurs qui eux auront
moins de pouvoir d’achat selon l’INSEE. C’est ce que Trump a compris, pas
Macron.
Mais Macron suit un
autre dogme c’est celui de « hors de l’UE, point de salut ». C’est
une vérité assénée en permanence par tous les moyens de persuasion possible
mais dont le plus efficace est le catastrophisme. Sortir de l’UE c’est comme se
jeter du haut d’une falaise de 200m de haut avec aucun espoir de rester vivant.
Mais la France ne respecte aucun des critères du Pacte budgétaire européen et
encore moins la « règle d’or ». On fait valoir que sortir de l’euro,
c’est renoncer à tous les petits avantages de la monnaie qui passe les
frontières, point concret et ennuyeux pour certains d’entre nous, en oubliant
que l’important est que l’euro est de 15% à 20% trop élevé pour notre économie.
En fait l’UE nous protège parce qu’en sortir serait suicidaire. Curieuse
démonstration, car derrière ça l’argumentation est soit indigeste pour les non
spécialistes soit d’un mutisme révélateur. Il n’est pas question de comparer
les résultats obtenus par les différents pays, et en particulier de se demander
pourquoi l’Italie souffre, la Grèce dépérit, la France s’enlise, quand l’Allemagne
et ses satellites s’engraissent. Il n’est pas question de se demander pourquoi la
politique d’austérité affaiblit au Sud et renforce au Nord de l’UE. On nous
fait passer le message que si l’UE ne va pas bien, c’est qu’il n’y a pas assez
d’UE, elle doit se fédéraliser, et que si la France est à la traîne, c’est qu’il
n’y a pas assez d’austérité. Ces dogmes ne continuent d’exister que par le
gavage de vérités assénées et la force des lois votées par une majorité aux
ordres à Paris et à Strasbourg.
Le dogmatisme politique revient à un
déni de démocratie.
Il ne cherche plus à persuader mais à
stigmatiser
Toutes les forces d’opposition aux dogmes
Et à utiliser une propagande incessante
De promesses et d’actions mirifiques
Et non vérifiables à court-terme,
Qu’un peuple apathique
Digère sans y croire.
Claude Trouvé
23/12/17
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire