Il
se pourrait bien que le monde soit en train de tourner la page à une idéologie
malthusienne qui veut que l’épuisement des ressources naturelles soit pour
demain. Ce concept, s’appuyant à chaque époque sur les dernières prévisions,
date du club de Rome et perdure dans les traités européens. Sur l’ensemble des
ressources naturelles les dates d’épuisement n’ont cessé de reculer avec le
temps. Par exemple le « peak oil », qui devait être atteint en 2025
encore récemment, n’est pas prévu d’être atteint avant 2040. Mais cette vision
du monde sert de point d’appui à une idéologie écologique qui a étendu son
emprise sur l’ensemble des activités humaines sous une forme de plus en plus
dictatoriale. Les « ce n’est pas bon
pour l’homme », « ce n’est
pas bon pour l’environnement », « l’homme épuise les ressources naturelles et pollue la planète »,
sont lancés à partir de la moindre information qui aurait une probabilité même
infime de conforter cette vision. Celle-ci fait l’objet d’un tel matraquage
médiatique que tout devient certitude et entretient un climat de peur. Or il
est parfois difficile d’appliquer la devise de la Royal Society britannique :
« nullius in verba », « Ne croyez personne sur parole ».
Le principe de précaution vient parapher
les dictats qui en résultent. Or ce principe de précaution est par nature un
frein au progrès quand il n’est pas un point d’arrêt. L’exemple en France est le
gaz de schiste. La France est très pauvre en ressources naturelles et même la
mer d’Iroise se refuse à nous donner du pétrole ou du gaz. La décision de
stopper toute prospection et à fortiori toute exploitation est un point d’arrêt
qui fait que nous devons acheter ce gaz liquéfié à l’étranger, en se félicitant
que ce soit eux qui polluent l’environnement. Cela me fait penser aux bretons
qui ne veulent pas du nucléaire dans leur province mais qui ne consentent pas à
payer un surplus du coût de l’électricité produit par les centrales thermiques.
Ils poussent même le bouchon jusqu’à refuser la nouvelle centrale thermique de
Landivisiau nécessaire pour leurs éoliennes. Donc non seulement nous ne diminuons
pas notre dépendance à l’étranger, mais nous sommes même incapables d’évaluer
au mieux les capacités de gaz en cas de besoin. L’extraction de ce gaz aux
Etats-Unis et au Canada a déjà fait des progrès sensibles tant sur les
nuisances que sur le coût d’extraction et du pourcentage de gaz extractible.
Si l’on
peut comprendre que le gaz de schiste puisse poser des problèmes
environnementaux qu’il faut évaluer avant toute décision, il est
incompréhensible que l’on stoppe la prospection qui nie à priori toute chance de
voir le progrès rendre l’extraction écologiquement acceptable. Mais ce principe
de précaution est sous-jacent au changement climatique qui est programmé comme
un réchauffement à juguler à +2°C jusqu’à la fin du siècle. Pourtant la température
mondiale n’a pas significativement progressé depuis 20 ans et ne suit aucun de
la quarantaine de modèles mathématiques prévisionnels qui donnent tous des
valeurs plus élevées. C’est leur moyenne qui a néanmoins été retenue par le GIEC.
La stagnation actuelle de la température est prise en compte comme un « hiatus »
qui ne remettrait pas en cause les prévisions futures.
Le
moins que l’on puisse dire, c’est comme les anglais « Wait and see »,
mais non, la prise de précaution et le comportement vertueux, que s’impose l’homme,
le conduise à prendre des dispositions immédiates dans un avenir incertain. Si
le taux de CO2 continue à progresser les effets certains observés
sur la nature sont le verdissement de la planète, la croissance accélérée des
forêts et une augmentation de la production de nourriture, choses évidemment
passées sous silence. Mais les décisions prises en matière d’énergie sont des
décisions très engageantes et très coûteuses, celles de développer les énergies
renouvelables, les EnRia. Les citoyens des différents pays s’en rendent compte
sur leur facture d’électricité, mais sont moins conscients du coût pour l’État qui
subventionne les investissements nécessaires. Ceci est vrai, quel que soit le
pays. C’est vrai en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne, au Danemark. L’Espagne
a cessé ses subventions aux EnRia. L’Allemagne est presque au bout de ce qu’elle
peut faire pour stabiliser le CO2 émis, le kWh est presque 2 fois plus
cher que le nôtre, et des centaines de milliards ont déjà été engagés.
Sir Ian Byatt, un
universitaire qui est devenu un haut responsable britannique, est venu faire
une conférence à Paris et a montré que le Royaume-Uni est conduit dans une
impasse, vu ses engagements pris en la matière, à savoir une réduction des
émissions de CO2 de 80% en 2050. Une commission parlementaire
indépendante a été installée pour faire des « budgets carbone » quinquennaux conduisant à cet objectif ; elle a
recommandé, pour 2030, une réduction de 57% des émissions de CO2. Sir
Ian Byatt estime que le Royaume-Uni s’est piégé lui-même dans un bourbier avec
des interventions étatiques très nocives pour sa vie économique et politique.
La réduction actuellement de 35% lui a coûté extrêmement cher. L’un des membres
du Parlement, Peter Lilley, a évalué le coût cumulé sur 2014-2030 à 10.000 £
par foyer soit 11.400 euros.
Il
semble bien que la remise en cause du paradigme de l’écologie radieuse soit
commencée. L’accord de Paris n’est pas contraignant. De plus les Etats-Unis vont
en partir et la Chine n’a pas renoncé à la construction de nombreuses centrales
thermiques et nucléaires, tout en développant les EnRia pour inonder le marché européen
et surtout africain. Au passage Siemens est en train de se retirer de la
fabrication des EnRia. Malgré les efforts faits pour cacher les coûts réels, l’abonné
français va rapidement sentir les effets sur le coût du kWh par principalement
les taxes pour les EnRia. Voilà ce qu’en dit Sir Ian Byatt :
- « La permanence de la disponibilité de l’électricité est indispensable au fonctionnement de notre économie. Les politiques contre le changement climatique, en augmentant le coût de l’énergie, sont bien plus nocives que la maladie qu’elles prétendent soigner :
- « Les coûts des prétendus "renouvelables" sont supérieurs à ceux des combustibles fossiles,
- L’intermittence et le caractère imprévisible des productions des installations solaires et éoliennes rend problématique la gestion du réseau électrique,
- Une duplication des systèmes de production et de transport de l’électricité est rendue nécessaire par une forte proportion de "renouvelables",
- Le monopole étatique élimine la concurrence. »
Il
signale que le black-out possible est une vraie préoccupation. « Si la capacité de production n’est pas
suffisante à tout moment, les entreprises vont devoir installer leurs propres
groupes électrogènes fonctionnant avec des combustibles fossiles. » Il
poursuit : « Le calcul de l’énergie
"verte" a été fait en négligeant un élément
majeur : le coût du réseau supplémentaire à construire pour adosser un
système de production par "renouvelables" à un système de production "fossiles".
On a ignoré le coût du fonctionnement de ce système combiné, coût fortement
croissant dès que la part des "renouvelables" dépasse quelques pour
cent. »
Des
groupes de pression environnementalistes fournissent aux aspirants-politiciens
l’inspiration pour promouvoir la « vertu »
et leurs votes. Ils insistent sur la « tragédie des
biens communs », et non sur la force de l’innovation. Ils affirment
croire au consensus en matière scientifique, alors que la Science ne progresse
que par le doute et la recherche d’informations nouvelles. Sommes-nous à la
veille d’un changement de paradigme ? Va-t-on assister au recul de la
marée ? Il semble que l’intérêt pour le changement climatique diminue dans
les sondages d’opinion, comme au Royaume-Uni.
Dans
une conférence à Londres le 10 octobre dernier, Tony Abbott, ancien Premier Ministre
d’Australie, a replacé le changement climatique dans le cadre plus vaste du
combat pour une sagesse pratique, combat qui se joue dans tout le monde
occidental. Il a dit que notre phénoménale richesse et nos succès scientifiques
et technologiques sont fondés sur des valeurs et des principes qui n’ont que
rarement été aussi fortement attaqués que maintenant, et que seules les
sociétés extrêmement oublieuses de leur culture ont pu faire du changement climatique
une religion. Il propose d’éviter toute autre hausse du prix de l’énergie, et
de subordonner la politique du changement climatique à la protection de l’économie.
Le récent recul de Nicolas Hulot est un signe qui ne trompe pas, l’économie va
reprendre ses droits quand le déficit public ne cesse d’augmenter.
L’écologie est une « vertu » bénéfique
de l’esprit,
Mais si elle devient une idéologie, une
religion,
Elle devient un poids, une dépense d’énergie,
Un blocage du progrès, qui s’arc-boute
Sur des constats scientifiques
Encore trop peu aboutis,
Risqués et coûteux !
Claude Trouvé
10/12/17
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