La
Russie est déclarée « ennemi numéro
1 » par les États-Unis et donc l’UE, liée par l’OTAN. C’est le pays où
l’UE, donc la France ne cesse d’augmenter le niveau des sanctions contre lui.
Curieusement l’attitude de Macron est assez ambigüe avec un empressement à
recevoir Poutine à Versailles et une récupération de la victoire sur Daech en
Syrie. Elle est suivie par une fanfaronnade sur le rôle qu’il entend jouer dans
le règlement politique et diplomatique de la guerre en Syrie. Cette
récupération est un camouflet à la Russie, dont on ne plus ignorer qu’elle est
le pays sans lequel, non seulement Daech ne serait pas vaincu mais Bachar
el-Assad serait soit mort soit écarté du pouvoir. Le couple infernal Arabie
Saoudite-Israël se serait alors emparé de cette partie irako-syrienne,
redessiné la carte du Grand Israël et les Etats-Unis auraient mis la main sur
les richesses de cette contrée.
La
présence de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah a permis aux gouvernements légaux
de la Syrie et de l’Irak de mener une guerre victorieuse malgré le rôle ambigu
de la coalition où les livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite se sont
retrouvées en grande partie dans les forces rebelles engagées sous différentes
bannières. La France se couvre de ridicule en oubliant qu’elle s’est située
dans le camp de la coalition autour des Etats-Unis et a souhaité la mort de
Bachar el-Assad. Non seulement son action n’a pas été décisive, loin s’en faut,
mais elle ne peut plus prétendre participer à des négociations de paix où la
présence du Président syrien ne peut plus être écartée. Si la Russie et l’Iran
étaient invités à aider la Syrie, notre présence n’était ni souhaitée par ce
pays, ni validée par l’ONU. Ce n’était qu’un de ces actes d’ingérence dont nous
prenons de plus en plus l’habitude.
La
réponse de la Russie ne s’est pas fait attendre. Selon elle la chute de l’État
islamique était due en premier lieu « aux
dirigeants syriens et aux forces gouvernementales ». Mais celle de Bachar el-Assad a été des plus
claires et nous sommes désignés comme pays non qualifié pour participer aux
négociations de paix… puisque nous avons envahi sur ce pays contre son gré. « La France a été le porte-étendard du soutien
au terrorisme en Syrie dès les premiers jours [du conflit] », a estimé
Bachar el-Assad, en référence au soutien apporté par Paris aux rebelles qui
combattent son gouvernement depuis 2011. Paf ! Ce n’est pas les propos
mensongers de Macron sur notre innocence dans ce conflit qui vont nous faire
entrer sur la scène diplomatique du conflit. En Syrie, la France déconne, la
Russie bétonne. Elle sera la première puissance à être invitée pour la
reconstruction de ce pays.
Mais
la France déconne aussi avec l’UE après les accords de Minsk pour ne pas faire
pression sur Porochenko qui ne cesse de bafouer la trêve, accords où elle était
partie prenante avec l’Allemagne. Elle se tait parce que les Etats-Unis ont la
ferme intention de faire rentrer l’Ukraine dans l’OTAN à défaut d’entrée dans
l’UE. Elle laisse l’Espagne se battre avec sa Catalogne tout en admettant le
résultat du référendum mais ne reconnait pas le résultat du vote aussi incontestable
de la Crimée russophone. La Crimée ne cessera plus ses liens avec la Russie,
tout le monde le sait mais c’est devenu un excellent prétexte pour condamner la
Russie. La France devient impuissante à régler le conflit ukrainien et ce pays
tombe un peu plus bas chaque jour, incapable de payer son gaz à la Russie sans
l’aide européenne. L’autonomie de Lougansk et du Donbass règlerait ce problème
comme le propose la Russie mais la France suit l’UE qui veut le tout en son
sein.
Les
liens que nous avons tissés avec la Qatar et l’Arabie Saoudite, qui nous
permettent de vendre des armes, sont payés par les facilités fiscales que nous
avons accordé à ces pays. Ceci permet à ces pays de piller notre patrimoine
comme le château Louis XIV de Louveciennes acheté ces jours-ci par l’Arabie
Saoudite. Ce n’est que du donnant-donnant. Poutine resserre ses liens avec l’Arabie
Saoudite autour du gaz et du pétrole. Cette dernière va échapper rapidement au
camp occidental. La réussite de la Russie en Syrie lui donne un poids considérable
dans ce Moyen-Orient où CIA et MI6 ont joué un double jeu avec notre complicité
pour le moins et nos forces spéciales. Mais si Poutine va dans ce pays en chef
de guerre pour asseoir sa présence sur les mers du sud et pour faire face à l’ingérence
des puissances occidentales dans tous les pays qui entourent la Russie, il y va
aussi en businessman, car il a compris que Trump n’ira pas plus loin sur le
plan militaire tout-au-moins officiellement et que c’est la guerre économique
qui l’intéresse.
Pendant que nous avons
projeté l’arrêt des centrales nucléaires, ce qui nous a décrédibilisé dans notre
business nucléaire, autrefois florissant, auprès des clients étrangers, Poutine
avance ses pions dans ce secteur d’activité. Les recherches dans ce pays ont
désormais pris le pas sur les nôtres et il s’apprête pour la quatrième
génération des réacteurs surgénérateurs. En attendant il se présente en Arabie
Saoudite comme un fournisseur sûr pour les projets nucléaires de ce pays qui
doit penser longtemps à l’avance l’après pétrole. Par ailleurs il réanime les
relations avec l’Egypte, ancien partenaire, qui lui permettent de pousser ses
pions sur tout le sud de la Méditerranée. Ainsi il signe avec l’Egypte le 11
décembre, au Caire, le contrat final pour la construction de la première
centrale nucléaire égyptienne à Dabaa. Le contrat signé entérine l’accord
conclu entre les deux pays le 19 novembre 2015 pour bâtir quatre réacteurs VVER
d’une puissance de 1200 mégawatts (MW) chacun. Le projet, mené par le groupe
public russe Rosatom, comprend la construction de la centrale pour 21 milliards
$, mais aussi la livraison du combustible nucléaire, la formation des
travailleurs ainsi que la maintenance et la réparation des unités de
production. La première unité de puissance d’El Dabaa doit entrer en service en
2026
Il est intéressant de noter que l’Égypte doit faire face à des difficultés
d’approvisionnement en gaz et à une grande croissance démographique. L’examen
des solutions possibles l’a poussée vers le nucléaire et non pas les énergies
renouvelables. La Russie s’apprête à dominer le marché nucléaire avec la Chine grâce
à une stratégie de package complet de construction, d’alimentation et de
production avec formation des futurs exploitants du pays concerné. En faisant
un prêt, elle enlève le marché et se paie ensuite sur toutes les années d’exploitation.
Cette stratégie peut intéresser tous les pays qui n’ont pas le savoir-faire pour
pouvoir exploiter seuls leurs réacteurs. Or le marché africain commence à s’ouvrir
à cette perspective. Pendant ce temps la France cherche toujours combien elle
va pouvoir arrêter de centrales nucléaires avec ses énergies renouvelables et
cela s’annonce mal. Pendant que la France déconne, la Russie bétonne.
Mais
ce renouveau de la Russie est incontestablement lié à la politique de Poutine
qui a sorti le pays de la pente descendante. Désormais sa réussite a redonné de
la fierté à ce peuple et tout s’enchaine désormais même si les séquelles du
communisme, avec la mafia qui a pris le relais de la Nomenklatura, sévit
encore. La fierté, que pense insuffler Macron par ses discours enflammés et ses
perspectives du bonheur futur, est désormais prévue pour dans 5 ans sans que la
possibilité d’une évaluation en cours de route soit possible. Tout chiffre est
exclu, on découvrira au fur et à mesure, c’est promis… comme ses prédécesseurs.
Mais je ne suis pas loin de penser que c’est dans la réussite scolaire que la
fierté d’un peuple trouve ses premiers résultats. Si les résultats scolaires
français sont en baisse, c’est que le peuple français a perdu une bonne part de
sa fierté et accepte son sort comme une fatalité. La Russie vient de prendre la
première place dans l’enquête mondiale sur 56 pays en battant au poteau Hong-Kong
et Singapour, toujours en tête de ce classement. En devançant de justesse son
clone, notre sympathique Belgique wallonne, la France prend la 34ème
place, l’avant-dernière des grandes nations européennes. Pendant que la France déconne,
la Russie bétonne.
La « Macronmania »
finira comme « l’Obamamania » avec un pays ayant perdu l’essentiel de
ses industries, une pauvreté grandissante et une révolte démocratique des
pauvres contre l’Establishment nourri par une ploutocratie dominante. En dépit
du déferlement de critiques des médias aux ordres sur Trump et Poutine, ces
deux pays ont misé sur un souverainisme assumé, et si les résultats économiques
du premier sont encore récents, ceux du second sont désormais indéniables.
La Russie est un pays libre de ses actes
La France est un pays enchaîné.
La Russie a retrouvé sa fierté.
La France vit encore le rêve
Que son jeune banquier
Tel le prince charmant
La réveillera un jour
Au son de l’argent
Pris aux riches !
Claude Trouvé
19/12/17
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