Le précédent
article a montré que le développement de la voiture électrique était lié à la
possibilité de disposer d’une production électrique suffisante. Ce n’est pas le
cas si l’on persiste dans la direction de fermeture des centrales nucléaires et
au charbon. Par ailleurs même si cette orientation est abandonnée, il apparaît
difficile d’aller très au-delà de 500.000 véhicules électriques d’ici 2022, ce
qui ne représenterait que 1,4% du parc automobile actuel. Il y a donc une inadéquation
majeure entre la politique énergétique de production électrique et celle de
développement de la voiture électrique. L’atteinte du remplacement complet
du parc automobile actuel nécessiterait la mise en service progressive de l’ordre
de 20 réacteurs nucléaires de type EPR de Flamanville, car seulement les énergies
nucléaire et thermique sont de nature à s’adapter à la demande d’une façon sûre
et immédiate. Il n’y a pas d’autres solutions qu’une réorientation majeure de
la politique énergétique vers le nucléaire ou le choix d’une autre solution
écologique pour le remplacement du parc automobile.
Pour en finir avec les
problèmes engendrés par la voiture électrique, il convient de dire un mot de l’élément
technique majeur nécessaire au fonctionnement d’un moteur électrique, son
alimentation par batterie puisqu’il s’agit d’un véhicule mobile par définition.
Il existe différents types de batteries électriques. Ce sont les batteries
lithium-ion et lithium-ion polymère qui équipent la quasi-totalité des voitures
électriques produites actuellement. Les batteries vont encore évoluer sur le
temps de charge et l’accumulation d’énergie électrique. Toshiba dit par exemple
pouvoir mettre sur ses voitures des batteries rechargeables en 6 minutes et de
stocker deux fois plus d’énergie électrique. Notons toutefois que ceci ne
change en rien le problème de la production de l’électricité nécessaire à la
recharge de celles-ci. Par contre la possibilité d’offrir des moyens de
stockage domestique à l’étude pourrait permettre un couplage intéressant avec
les panneaux solaires. Bien que l’évolution diminue les risques, les batteries
ne sont pas à l’abri de surcharge et de courts-circuits pouvant déclencher un
incendie et pour certaines une explosion.
La
fabrication des batteries modernes demande l’utilisation de lithium, utilisé
sous forme de sels de lithium dissous dans des solvants organiques en guise d’électrolyte.
Il sert d’anode de la pile, et le carbone de cathode. La batterie lithium ion
possède une très haute densité d’énergie pour un poids et un volume très
faibles donnant une énergie massique et volumique quatre fois supérieure aux
batteries en plomb. Le lithium est le métal solide le plus léger. Nous en avons
2 à 3 mg dans le corps et il est utilisé en médecine pour traiter les troubles
maniaco-dépressifs.
Les batteries d’une voiture
électrique comptent environ 5 kg de lithium (25kg de carbonate de lithium). Il
faut donc acheter du lithium aux pays producteurs. Les réserves mondiales sont
estimées à un chiffre de l’ordre de 12,6 millions de tonnes, c’est donc à un
maximum de 2,5 millions de batteries que nous pouvons fabriquer. Il y aurait 2
milliards de véhicules dans le monde et la production mondiale serait proche d’atteindre
100 millions de véhicules/an. On voit de suite que la piste actuelle des
batteries lithium ne mène pas loin. Même en multipliant par 10, leurs
performances on est loin du compte. Mais on constate que la ruée sur le lithium
conduit vers le Chili et la Chine, principaux détenteurs des réserves. Le monde
occidental, le plus demandeur après la Chine, se trouverait donc rapidement
devant un problème géopolitique majeur du même type que celui sur pétrole. Si
on ajoute que la Chine possède plus de 90% des réserves de Terres Rares
utilisées dans les éoliennes, les panneaux solaires et dans les moteurs
électriques, on voit que la filière Lithium ne peut aller bien loin. La
recherche doit vite trouver d’autres types de batteries et développer une
industrie de recyclage des batteries, de toute façon nécessaire. On peut aussi
s’orienter vers l'utilisation de super-condensateurs en remplacement des
batteries.
Mais l’extraction
du lithium a aussi des impacts environnementaux. « Un reportage daté d’Avril 2009 (Source : Dailymail.co.uk) montre les
impacts environnementaux de l’exploitation du désert d’Atacama : dans les
collines desséchées de la région nord du Chili, les dommages causés par
l’extraction du lithium sur l’environnement sont immédiatement visibles : une
des plus grandes zones d’exploitation du pays ressemble à un immense champ
labouré, d’énormes montagnes de sel blanc brillant s’élèvent au-dessus de la
plaine, la terre brune craquelée du site s’effrite dans les mains, il n’y a
aucun signe de vie animale, l’eau rare a été contaminée par des fuites
chimiques provenant de la mine. Des canaux énormes et des pistes ont été
implantés dans le désert, chacun charriant de l’eau gravement polluée. »
« Les réactifs très toxiques sont
souvent présents dans les effluents relâchés dans les cours d’eau et le
sous-sol causant également de graves pollutions. Les explosions provoquées dans
les mines provoquent des nuages de fumée polluants qui se diffusent dans
l'atmosphère, sans oublier les consommations d’énergie et d'eau toujours
importantes. » On imagine les
effets sur les conditions de travail et la santé des mineurs.
Enfin
il faut revenir au but recherché et affiché, à savoir la diminution de la
pollution mais surtout de l’émission de CO2 qui sert de base au
choix politique gouvernemental. Selon l’Ademe, une batterie de 24kWh c’est 6
tonnes de CO2 produits pendant sa fabrication, contre 38 tonnes émises pour un
véhicule conventionnel à essence sur toute sa durée de vie. Si l’on reprend l’exemple
de la Renault ZOE 40, c’est donc 10 tonnes de CO2. Evidemment nous n’allons
pas pouvoir fabriquer toutes les batteries en France. Or le chiffre annoncé par
l’Ademe est basé sur le mix futur français de 53g/kWh (73g/kWh en 2016) pour
la production électrique, alors qu’en Allemagne la même batterie produite émet
un rejet de CO2 vingt fois supérieur, compte-tenu de la part
majoritaire de la production électrique à partir d’énergies fossiles. Si l’on
prend l’ensemble France-Allemagne, le chiffre risque d’être plus près de 100
tonnes de CO2 pour la ZOE 40 que de 10. Le chiffre de 38 tonnes pour
un véhicule conventionnel pourrait bien alors être inférieur. Il faut donc
cesser de brandir une raison de diminution des émissions de CO2 aussi
contestable et s’en tenir aux avantages de bruit, de pollution autre que le CO2,
et d’alternative à la consommation de pétrole qui permet de jouer sur les prix
de l’offre par diminution de la demande et non pour raison d’épuisement des
réserves.
Globalement
le principal écueil de la voiture électrique est la production de l’électricité
pour la recharge des batteries et l’incohérence du plan énergétique français.
Pour lutter contre la pollution et disposer d’une énergie inépuisable, il est
temps de penser à une autre solution qui existe et dont nous parlerons dans le
prochain article.
En matière de voiture électrique
comme ailleurs,
Le chef sait que « Gouverner
c’est prévoir ».
Il semble bien clair que pour ce
choix
Il n’ait pas prévu grand-chose !
Dit-on Chef ou Larbin en
chef ?
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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