La
lecture de la loi de finances révèle d’autres surprises. Toujours inquiet pour
l’avenir de mes enfants et petits-enfants, l’annonce d’un retour du déficit en
dessous des 3% du PIB réclamés par Bruxelles m’apparaissait comme un espoir de
voir la France plafonner sa dette dans les prochaines années. Ce retour aux
années d’avant 1974 me remplissait d’espoir et pour un peu j’aurais oublié que
je faisais partie des gens de rien, de ceux qui n’incrémentent pas les 10% de
ceux à qui on octroie de l’intelligence en fonction de la lourdeur de leur
porte-monnaie ou de leur entrée dans les Young Leaders, la nomenklatura de la
nouvelle URSS. Le déficit français est donc en train de se réduire en passant
de 3,4% pour 2017 à 2,9% en 2018. Cela annoncerait un retour à l’équilibre
budgétaire que je peux peut-être voir avant de libérer l’État du montant d’une
retraite devenue pesante pour lui. Ce serait mon dernier geste pour la France.
C’est
alors que, poussé par l’envie de contempler la baisse sonnante et trébuchante du
déficit public, j’ai porté mes yeux sur les prévisions du solde budgétaire
consignées dans le Projet de Loi de Finances de 2018. Encore pétri des leçons d’arithmétique
de mon passage à l’école primaire, j’ai eu un moment d’inquiétude et d’hésitation
entre une vue qui baisse ou une perte de mes facultés mentales. Le déficit
budgétaire du PLF 2017 était de -69,3Mds€ et se traduisait par un déficit/PIB de
3,4%. Or je lis que le déficit passe à -81,9Mds€ en 2018 soit une augmentation du déficit supplémentaire
de -12,6Mds€ soit 18,2% de déficit de plus en un an ! Je déglutie car
mon monde élémentaire bascule… Mais je m’accroche à mon espoir d’équilibre
budgétaire puisque le déficit/PIB passe de 3,4% prévu en 2017 à celui aussi
prévu de 2,9%, d’autant plus que le PLF 2018 est basé sur 1,7% de croissance du
PIB. Il y aurait donc un loup puisque l’on peut augmenter le déficit budgétaire
tout en diminuant le déficit/PIB. Oui je sais, si le PIB augmente plus que le
déficit budgétaire, le rapport déficit/PIB diminue m’aurait dit mon maître d’école.
Seulement là ce n’est pas le cas, le déficit augmente de 18,2% et le PIB de
1,7%...
Au bord de la crise de nerfs, je reprends mes
esprits et je cherche ce qui cloche. Le déficit, pris en compte par Bruxelles,
ne doit donc pas inclure toutes les dépenses budgétaires, ce qui serait l’explication
mais une façon de tromper l’opinion publique sur la réalité de la situation car
ces dépenses il faudra bien les payer finalement. J’ai ainsi découvert que tout
se joue sur la façon dont on prend les dépenses de « Recherche et
développement » et de dépenses militaires d’armement. Autrement dit, si
ces dépenses disparaissent du déficit budgétaire proposé à Bruxelles, et avec
son accord depuis 2010, le rapport déficit/PIB peut ainsi diminuer. Il suffit
de pousser ces deux types de dépenses par rapport à l’année précédente. La
première satisfait les grandes entreprises et la seconde donne un peu de baume
au cœur des militaires vent debout. On peut y ajouter l’évolution de la
contribution européenne. Ce sont donc sur l’évolution de ces postes de dépenses
que se joue cette arnaque de présentation du budget à nos concitoyens.
Non la France
continue à s’endetter mais pas au sens des conventions avec Bruxelles. On nous
berce de fausses illusions. C’est dimanche, ce n’était pas le jour à soulever
le drap qui recouvre la présentation publique du budget 2018. Si, j’oubliais,
ce budget fait une fleur à la presse, cela explique aussi le mutisme
journalistique sur la réalité de ce budget.
Dormez bonnes gens, on creuse votre tombe,
Mais on vous ensevelira dans la béatitude
C’est beaucoup mieux qu’un…
Froid linceul !
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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