L’intervention
grossièrement maladroite de Pierre Gattaz, président du Medef, souhaitant un
contrôle journalier des demandeurs d’emploi, est très révélatrice de
l’évolution actuelle de la politique en général. Avoir l’impudence d’évoquer un
tel dispositif montre combien cette « eurogarchie »
ploutocratique a désormais un poids tel qu’elle peut se permettre de sommer le Président
d’aller toujours plus loin dans le sens de ces grandes entreprises du CAC40. La
rétraction sur un contrôle hebdomadaire au lieu de journalier du même
porte-parole du Medef n’ajoute qu’un propos ridicule de plus à l’intéressé.
Mais dans ce cas le ridicule ne tue pas. Cette phrase n’est même pas digne d’un
chef d’entreprise de TPE qui sait que toute activité supplémentaire a un coût
et que l’armée de fonctionnaires, qui serait attachée à cette tâche, aurait
bien du mal à rentabiliser son action. Ce ne pourrait donc être que pour le
principe, comme on l’a fait pour l’ISF dont beaucoup d’économistes ont montré
qu’elle ne rapportait finalement rien à l’État puisque les riches partent alors
à l’étranger.
Mais
cette assertion est d’une impudence crasse quand on voit les 80 à 100 milliards
de la fraude fiscale avouée par l’État dont les principaux acteurs sont
précisément ces grandes entreprises à emprise mondiale. Monsieur Gattaz comment
osez-vous tenir de tels propos quand vous avez promis et non réalisé un million
d’emplois et que l’État a budgété 40 milliards en retour, dans les milliards du
CICE, les milliards pour le "pacte
de responsabilité" ? Comment osez-vous quand vous et les vôtres
tournent leurs regards vers l’Irlande, le Luxembourg, Malte, le Delaware, le
Nevada, les îles vierges, Panama, etc. avec lesquels ce n’est pas du commerce
que vous faîtes, mais de « l’optimisation
fiscale » ? Comment
osez-vous stigmatiser plus de 6 millions de demandeurs d’emploi, sans emploi ou
à temps partiel, quand vous délocalisez vos usines et licenciez ou proposez à
vos salariés de quitter le pays pour le salaire du pays étranger ?
Nous
savons pourquoi vous vous permettez ce mépris du monde salarial. La raison
est que le Président légalement élu, mais qui va devenir illégitime,
poussé à cette fonction par une formidable propagande de la quasi-totalité des
médias tenus par 5 des vôtres avec l’accord des plus grandes banques
américaines et de la BCE, est en place pour satisfaire vos besoins
d’enrichissement. Les banques centrales déversent des milliers de milliards
dont la destination est en très grande partie orientée vers la spéculation que
vous pratiquez. Il vous faut encore plus d’argent pour le sortir et le faire
fructifier hors de notre pays grâce à la mondialisation et la libre circulation
des capitaux. Le Président n’est pas le président des riches mais celui du
CAC40. L’écart entre les plus pauvres et les plus riches ne cesse de
s’accroître, mais en bas de l’échelle, les plus pauvres ne sont pas un peu
moins pauvres, ils sont plus nombreux à la soupe populaire.
Le
tissu commercial se délite comme peau de chagrin mais ils ne sont pas des
vôtres. Vous savez bien qu’il faudra que le consommateur aille dans les grandes
surfaces pour se nourrir et se vêtir. Sur internet tout est fait pour les
attirer, mais qui est derrière ? Les Amazon et compagnie qui se débrouillent
pour ne donner que très peu au fisc français. Cela est avéré mais tout sera
fait pour que l’impact des sanctions sur eux ne les fragilisent pas. Ils sont
trop gros pour tomber (« Too big too
fail »). Oui monsieur Gattaz vous avez pris le pouvoir en France, mais
vous êtes un prédateur qui dépouille le monde du travail et ne partage pas.
Quand vous étiez grenouille, vous aviez encore un sentiment humanitaire et le
sens du donnant-donnant, qui existe encore dans de très nombreuses petites
entreprises. Mais maintenant que vous êtes bœuf, les hommes sont devenus des
choses avec un retour de vos entreprises dans la caricature des « Temps
modernes » avec Charlie Chaplin.
Arrêtez
vos sornettes comme « c’est nous qui
donnons du travail, sans nous c’est le chômage assuré » ! Non, un
simple regard sur les chiffres collectés par Eurostat montre, en comparant les
différents pays, que l’augmentation du coût de la main-d’œuvre, du coût
salarial, et la diminution du chômage va de pair avec l’augmentation du
PIB/habitant. C’est la consommation qui fait tourner nos petites et moyennes
entreprises dont l’essentiel de l’activité est tourné vers l’intérieur du pays.
Elles marchent bien quand le carnet de commandes est plein et non pas quand elles
produisent pour mettre dans le stock ! J’ai eu un passage comme patron
d’une PME dans ma jeunesse et les règles de base du commerce n’ont pas changé.
Pour vous les gros, votre regard est tourné vers l’extérieur, car si
l’extérieur vous boude vous maigrissez. Vu votre embonpoint actuel cela ne
semble pas être le cas. Vous mettez le plus possible à l’extérieur, même vos
impôts, mais vous prenez le plus d’argent possible à l’État.
Il
ne faut pas que vous soyez gêné aux entournures. Vous poussez donc à la
flexisécurité, terme qui met 10 sur la flexibilité et 1 sur la sécurité. Vous
poussez à la formation parce que cela engraisse votre syndicat patronal comme
ceux des salariés dans une petite magouille qui oublie que cela ne donne que de
faibles résultats mais des apports financiers conséquents. Que le chômeur de 50
ans ait très peu de chances de trouver un travail en changeant de métier ne
vous importe en rien. Vous savez bien que cet homme de 50 ans, qui redevient un
débutant avec sa nouvelle formation, présente que peu d’intérêt pour vous
puisque vous allez devoir compléter sa formation sur le tas pour 10 ans
seulement. Il n’est pas rentable, exit ! Par contre la manne financière de
la formation vous intéresse et je sais que par expérience qu’elle est très mal
utilisée au sein des grandes entreprises… Bof dites-vous c’est de l’argent qui
tombe du ciel… Non monsieur Gattaz, de nos poches !
Cela coûtait fort
cher de mettre des cadres maison à la porte, des techniciens supérieurs en
place depuis trente ou quarante ans, quand vous délocalisez. Désormais vous
savez ce que cela va vous coûter... un prix fixe et beaucoup moins onéreux.
Vous étiez bien ennuyés quand vos syndicats s’appuyaient sur des accords de
branche et ne vous permettez pas d’y déroger. Désormais vous allez avoir les
mains libres pour discuter. Le Comité d’entreprise sera informé d’un plan de
licenciement possible si on ne renégocie pas un nouvel accord d’entreprise. En
faveur de qui ? Répondez franchement. Oserez-vous dire que c’est en faveur
de vos salariés ?
Monsieur
Gattaz vous n’avez qu’une circonstance atténuante c’est que vous êtes moins
pire que notre Président à tous, car vous vous défendez les entreprises, lui il
défend l’ensemble des citoyens de son pays. Enfin il devrait ! Mais c’est
vers vous qu’il se tourne. C’est pour que votre entreprise ne subisse pas de
grèves qu’il augmente le salaire de vos employés en prenant l’argent dans la
poche des retraités, quitte à le récupérer par la TVA et la CSG, tout en
soulageant vos charges ! Ni vu, ni connu, le tour de passe-passe ne touchera
de plein fouet qu’une catégorie sociale pleine aux as, les retraités. Monsieur
Macron n’a rien à faire du retraité qui ne peut pas se payer une maison de
retraite, où d’ailleurs il sera à nouveau exploité au nom de la rentabilité, et
croupira dans une maison insalubre où on va le pénaliser pour avoir une maison
« passoire thermique » qui dépense de l’énergie pour rien.
C’est la
classe moyenne et les retraités qui font le plus marcher le commerce, mais cela
Macron s’en fiche. Il incite même les paysans pauvres à se regrouper… pour
mourir ensemble face à la concurrence étrangère ! Il n’est pas là pour
diminuer leurs impôts et taxes mais pour alléger ceux des entreprises et des
gros porteurs d’actions par la suppression de l’ISF sur leurs gains.
Un pays qui s’appauvrit, un tissu
commercial qui se délite,
Des petites entreprises qui
disparaissent sans répit,
Des grosses qui profitent de l’argent de
tous,
Des salariés qui deviennent des choses,
Annoncent la disparition d’un peuple
Dans l’abîme de ces prédateurs
Qui ne cessent de le spolier !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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