On lit dans le Financial Times : "En termes de stress financier, on peut dire que l'Espagne a touché le fond. Il faudrait une abominable conjonction d'événements pour revoir les rendements espagnols à nouveau au-delà de 7%" dit Antonio Garcia Pascual, économiste spécialiste de l'Europe du Sud à la Barclays. "Mais en termes de croissance de l'activité économique, on ne voit toujours pas de lumière au bout du tunnel. C'est clair."
Chypre est au bord du gouffre et seul un effacement partiel ou total de la dette peut lui permettre d’éviter la faillite. D’ailleurs il apparaît de plus en plus évident que l’on va devoir procéder à des effacements de dette dans tous les pays en difficulté. Aucun ne sera en mesure de rembourser une dette qui s’accroît chaque jour.
Charles Wyplosz, Professeur d'économie à Genève, directeur du Centre international des études sur la monnaie et la banque : "Il sera incontournable de songer à un nécessaire abandon des dettes européennes. (...) Il n'y a pas de choix facile pour la zone euro après trois années de gestion désastreuse. Les gouvernements n'accepteront pas d'action drastique à moins d'y être forcés. Ceci signifie que nous aurons besoin d'une autre aggravation de la crise. Puisque chaque jour qui passe est un jour de misère et que les coûts éventuels s'élèvent au fur et à mesure que la dette augmente, le mieux que nous puissions espérer est que cela se produise en 2013 plutôt qu'en 2014".
L'Allemagne a demandé des sacrifices à tous les pays en crise, tous, sauf la France, en ont fait. L’indice PMI des responsables des centrales d’achats, le Purchasing Manager Index, a montré une fois de plus une Europe coupée en 2. Avec un énorme bloc qui continue à se contracter et un pays qui continue à avancer, l’Allemagne avec des chiffres pour Janvier en forte hausse par rapport à Décembre. D’un autre côté la perspective d’un référendum en Grande-Bretagne sur le maintien ou non dans l’UE soulève des réactions violentes des pays européens. Une fois de plus la France et l’Allemagne s’opposent. La France ne veut pas négocier, l’Allemagne voit dans la sortie de la Grande-Bretagne une opportunité de faire évoluer des règles de fonctionnement internes insatisfaisantes. Angela Merkel est totalement d'accord avec David Cameron sur sa conception de l'Europe. La priorité essentielle devrait être la compétitivité et le libre-échange.
L’Europe est de plus en plus écartelée économiquement et divisée sur les politiques économiques, sociales et même étrangères à mener. Les accords recueillent de moins en moins l’unanimité et aboutissent à des traités ou accords multinationaux sur un nombre variable et fluctuant de pays signataires. L’Europe gagne chaque jour en hétérogénéité au lieu d’un rapprochement de convergence. L’Allemagne, grande gagnante aujourd’hui mais en ayant consommé son pain blanc, rechigne désormais à partager. Elle ne transige que du bout des lèvres sur l’austérité et cherche à gagner du temps sur toutes les concessions qu’elle fait.
Sous le poids des dettes croissantes, d’une richesse inégalement répartie, de divergences géopolitiques, de disparités de toutes sortes entre pays, d’une montée du régionalisme, du délitement du sentiment de citoyenneté européenne, des réflexes nationalistes non solidaires, d’un retard de croissance par rapport aux grands blocs économiques, etc., le corset de l’Europe est en train de s’éventrer. L’arrivée dans l’UE en juillet du vingt-huitième membre, la Croatie, ne peut qu’augmenter son indigestion. Il reste à espérer que la croissance reparte en Allemagne et qu’elle tire vers le haut tout le sud de l’Europe, y compris nous.
Discours irréalistes d’enfumage, planche à billets chauffée au rouge,
N’enrichiront que ceux qui n’ont pas attendu pour l’être
Sur la dépouille d’une Europe mal née.
Claude Trouvé
Coordinnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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