Le débat sur cette évolution de nos institutions va s’amplifier jusqu’au jour de la manifestation du 13 janvier. Les esprits s’échauffent. Une partie importante du peuple veut se faire entendre. Or dans l’esprit du Président, l’affaire est close. Cette évolution faisait partie de son programme de candidat. Il a été élu sur ce programme, donc sa mise en œuvre ne demande plus de débat mais seulement d’être avalisée par le Parlement. Le peuple s’est exprimé et il n’a plus à l’écouter pendant son quinquennat.
Il s’agit en fait d’une première arnaque car le même candidat à la Présidence avait affirmé vouloir lancer de grands débats sur tous les sujets importants de son quinquennat. Ceci laissait supposer que les différentes propositions de son programme pouvaient donner lieu à de larges débats lorsque celles-ci changeaient d’une façon importante, ou ressentie comme telle, la vie de ses concitoyens. On constate que sur un sujet jugé important par un ensemble considérable de citoyens, touchant de plus aux fondements des principes religieux, le Président veut rester sourd, ou presque, à l’appel sur une consultation plus large de l’opinion.
Il prétend même que cette levée de protestations n’est pas liée au sujet mais à un désir de sanction de sa politique. Si l’ampleur du mouvement protestataire se nourrit certainement du mécontentement populaire, c’est faire fi des nombreux prochains manifestants qui sont vraiment mobilisés contre ces changements importants du code civil. Le fait de considérer que l’institution du mariage, dont on sait qu’il consacre une union destinée à soutenir la procréation dans les meilleures conditions possibles, ne concerne plus l’union d’un homme et d’une femme, mais celle de deux individus hors considération de sexe. C’est une évolution qui ne peut être considérée comme allant de soi.
Le fait de permettre à deux citoyens de même sexe de vivre ensemble, sans subir l’opprobre de la société et de disposer de lois leur permettant de partager au mieux leurs ressources financières, est une chose qui tombe sous le simple bon sens et ne regarde que l’Etat sur le plan fiscal. Légiférer pour qu’aucune différence sur ce point ne soit faite entre un couple hétérosexuel et un couple homosexuel ne pose pas de problème métaphysique. Par contre tout ce qui touche aux enfants, dont l’adoption et la procréation médicalement assistée, pose à notre société une interrogation sur son évolution, voire sa survie.
Si notre société entend banaliser la pratique de l’homosexualité et veut que, dès l’école, l’enfant puisse être informé sur la « normalité » d’une telle union, donc incité à un double choix dans lequel on peut imaginer que l’homosexualité puisse avoir de plus en plus d’adeptes, il s’agit bien d’une évolution considérable. Un monde où, par exemple, la moitié des jeunes adultes opterait pour l’homosexualité signerait à terme la disparition de la population par la dégradation du taux de natalité. A moins que…
A moins que… les couples homosexuels gays ou lesbiens puissent non seulement adopter, à condition qu’il y ait encore suffisamment d’enfants à adopter, mais aussi procréer par procréation médicalement assistée, par mère porteuse ou tout autre moyen que la science inventera. On touche là à une toute autre facette de l’évolution sociétale. On dépasse même l’interrogation concernant les retombées psychologiques sur un enfant élevé par deux personnes de même sexe.
En effet il est évident qu’à partir du moment où l’on décide que le mariage met tous les couples, quels que soient les sexes unis, à égalité de droits et de devoirs, il n’y a plus aucune raison de faire une distinction entre couples hétérosexuels et couples homosexuels, ni même à l’intérieur de ces derniers entre couple gay et couple lesbien. Le Président a bien vu que, pour respecter ses engagements au plus vite, il lui faut rejeter la discussion sur la PMA au mois de mars dans une discussion fourre-tout plus large sur la famille.
C’est la double arnaque du Président sur ce sujet. En effet les tenants du « Mariage pour tous », et particulièrement les intéressés dans les couples homosexuels, ne peuvent pas en rester à une généralisation des droits au mariage avec quelque restriction que ce soit. Il faudra aller jusqu’au bout de la logique de cette démarche. Une porte ne peut pas rester à demi ouverte. Il n’y aura plus de débat sur l’évolution sociétale. On reconnaîtra alors l’évidence. Le mariage pour tous ce sera, in fine, l'égalité sur l'ensemble des droits des couples quels qu’ils soient.
L’ampleur de la manifestation met surtout en évidence, le besoin de pratique de la démocratie dans un pays où elle est bafouée de plus en plus. Le souvenir du référendum sur la Constitution Européenne laisse des traces indélébiles dans l’opinion publique qui mesure depuis la réticence des pouvoirs à avoir recours à des exercices de démocratie directe. Ce sera sans doute le principal enseignement de cette affaire du « Mariage pour tous »… la démocratie est en danger. La France est bien un pays « à démocratie imparfaite » comme cela ressort du classement mondial par les Reporters sans frontières.
Pourquoi la Suisse, où la « votation » est une pratique courante,
Est un Etat dont l'entente sociale est enviable
Comme le niveau de vie de ses habitants ?
Il pratique réellement la démocratie !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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