L’affaire Depardieu suscite un intérêt et des commentaires souvent primaires de la part des médias. Il n’est pas de mon propos de stigmatiser ou d’approuver l’attitude de ce grand acteur qui reste un homme avec ses qualités et ses faiblesses. Chaque citoyen est en droit de se faire une opinion et libre d’en discuter autour de lui. Par contre il est inconvenant que des hommes politiques, ministres de surcroît, se croient autorisés à donner un avis public. Le droit de propriété et la liberté d’en disposer est un des fondements de la démocratie. Critiquer la Russie, sous prétexte du mouvement d’humeur et de provocation d’un artiste, n’est pas du niveau d’un Secrétaire de parti, en l’occurrence le PS, et est diplomatiquement désastreux et inutile.
De plus, si la Russie est loin d’être un modèle de démocratie, si la corruption de l’administration est un mal endémique que la population supporte de moins en moins, si le niveau de pauvreté est plus important qu’en France, pouvons-nous nous targuer d’être dans une situation économique bien meilleure ? La réponse est non et est incluse dans les chiffres.
L’énergie de notre gouvernement sera concentrée sur l’inversion de la courbe du chômage en 2013, signe patent que cela ne va pas bien. En effet nous nous dirigeons tout droit vers 12% de chômeurs si la courbe ne s’inverse pas avant la fin de l’année. En Russie, d’après l’Organisation Internationale du Travail, le chômage est actuellement de 5,3% de la population active et décroît depuis le début de 2010. Nous n'avons donc pas de quoi pavoiser !
Notre budget 2013 s’est donné pour objectif de limiter le déficit à 3% du PIB, donc à continuer à s’endetter mais moins que l’année précédente à 4,5%. Ceci est à comparer au déficit public russe qui devrait être compris entre 0,8 et 1,3%. Nous n’y arriverons pas alors que les bruits courent, même au sein du gouvernement que nous dépasserons les 3% de déficit car l’inversion de la courbe du chômage risque fort de se faire à coups d’emplois publics aidés, donc à financer.
Notre dette talonne les 90% du PIB, valeur que nous allons dépasser en 2013. Nous nous sommes engagés dans les traités européens à la ramener à 60%. Le quinquennat ne suffira pas pour y arriver et la date de 2020 semble très optimiste. La dette publique russe est de 11%, une des plus faibles parmi les pays développés ! Pan sur le bec !
Nous avons lancé une prévision de 0,8% de croissance 2013, chiffre auquel seul le gouvernement croit après une année 2012 où nous devrions finir juste au-dessus de la récession. La Russie affiche une croissance réelle qui reste au-dessus de 3%... Un rêve français inaccessible avec des défaillances d'entreprises qui ont progressé de 4,8%, avec 5.334 cas au mois d'octobre, par rapport au mois précédent, selon la Banque de France.
S’il est incontestable que la pauvreté sévit plus en Russie qu’en France, le revenu monétaire des ménages est en évolution positive qui atteint 3% réel annuel en octobre 2012. Pour nous l’évolution du pouvoir d’achat, inférieure en 2012, sera proche de zéro en 2013. Contentons-nous d’une inflation à 1,9% au lieu des 6,5% en Russie.
Notre dynamisme économique se traduit par un déficit du commerce extérieur de 4,5Mds€ en octobre 2012 alors que la Russie affiche un excédent de 14,5Mds$ soit 11,2Mds€. La Russie a engrangé 150Mds$ entre janvier et septembre. Même si notre situation s’améliore un peu en novembre avec 4,3Mds€, ceci tient essentiellement aux exportations navales et aéronautiques, le reste des exportations industrielles est en baisse. Il n’y a pas de quoi pavoiser quand les destructions d’entreprises continuent plus vite que les créations.
Enfin la Russie a les reins de nouveau solides, car les réserves financières de la Banque Centrale de Russie s’élève à 406Mds€ soit 17 mois d’importation. Evidemment tout n’y est pas rose… ou rouge. La Russie pâtira du déclin économique de l’UE et cherche déjà à faciliter les échanges avec l’Asie, la Chine et l'Inde, en développant ses infrastructures mais elle est en train de redevenir un pays industriel en plus d’un fournisseur de matières premières.
Il est donc temps de nous regarder en face, alors que nous allons patauger dans une quasi-récession pour le moins, endettés sans visibilité sur la possibilité de rembourser la dette sur une génération, dans une spirale de chômage croissante, dont on espère au mieux l’infléchir, et dans une désindustrialisation massive. L’avenir appartient plus aux russes qu’à nous-mêmes et ils ont de bonnes raisons de nous rendre la monnaie de notre pièce… en nous prodiguant des conseils d’économie !
Le principal défaut des français est de se croire encore les meilleurs du monde
Sous prétexte que leurs aïeux l’ont été un temps.
Depuis l’incapacité de leurs gouvernants
Les a conduits… au déclin.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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