L’écologie demande de lutter contre les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés). On détruit même des cultures expérimentales au nom de la santé publique… et du non-respect du droit à la propriété. La France, sous la pression écologique, a poussé le principe de précaution beaucoup plus loin que l’Union Européenne. La colère des anti-OGM, acteurs de terrain, s’est surtout portée sur le maïs transgénique. Cette colère n’était pas tout-à-fait étrangère à des considérations économiques et à une lutte contre les trusts américains de production céréalière. Mais qui plus est, un groupe de trois cents scientifiques a publié en février 2012 l’avis suivant : « Les études indiquent de manière concordante que les maïs Bt ont un impact environnemental plus faible que les traitements insecticides aujourd’hui autorisés » !
Une autre inquiétude légitime est née du constat sans ambiguïté sur la disparition des abeilles. Depuis 10 à 15 ans, les apiculteurs font état d’un affaiblissement inhabituel des populations d’abeilles et de pertes de colonies d’abeilles, en particulier dans les pays d’Europe occidentale dont la France, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Italie et l’Espagne. En Amérique du Nord, en raison des pertes de colonies observées depuis 2005, le niveau des populations d’abeilles n’a jamais été aussi bas depuis 50 ans. Or selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sur les 100 espèces cultivées qui fournissent 90 % des aliments mondiaux, 71 sont pollinisées par les abeilles. La majeure partie des espèces cultivées au sein de l’Union européenne dépend des insectes pollinisateurs. C’est dire l’importance du problème.
Selon l’autorité européenne, l’EFSA : « Aucune cause unique n’a été identifiée pour le déclin des populations d’abeilles. Plusieurs facteurs, agissant de façon indépendante ou combinée, ont cependant été incriminés, parmi lesquels les effets de l’agriculture intensive et de l’utilisation des pesticides, la famine et la malnutrition des abeilles, les virus, les attaques d’agents pathogènes et d’espèces parasites, […] les organismes génétiquement modifiés, et les changements environnementaux (p.ex. la fragmentation et la perte des habitats). Le débat scientifique est loin d’être clos puisqu’en février 2012, l’unité Pesticides de l’EFSA a évalué les risques, dus à l’insecticide thiaméthoxame, pour les abeilles sur la base de certaines études suggérant qu’il pourrait être un facteur contribuant aux disparitions de colonies d’abeilles. » On est donc loin de l’accusation vite formulée sur la cause OGM.
La propulsion de l’automobile grâce des agro-carburants est apparue comme une idée géniale pour se substituer partiellement au pétrole. Les écologistes étaient en première ligne pour promouvoir cette solution. Des esprits grincheux avaient fait remarquer que la condamnation de terres agricoles pour un autre usage que l’alimentation des humains et du bétail n’était pas une bonne idée. L’Etat a néanmoins promu cette solution en imposant à ce carburant une taxation beaucoup plus légère.
Mais voilà que les agro-carburants n’auraient plus le vent en poupe. La production d’agro-carburants serait dangereuse pour la santé humaine. Le Monde souligne qu’après avoir été accusés, entre autres, d’accélérer la déforestation tropicale ou d’augmenter les gaz à effet de serre, ces derniers auraient des conséquences non négligeables sur la qualité de l’air et la santé humaine.
Dans une étude publiée le 6 janvier par la revue scientifique Nature Climate Change, trois chercheurs de l’université de Lancaster, au Royaume-Uni, montrent que la production d’agro-carburants à partir d’arbres et de matières végétales générerait des rejets importants d’isoprène, équivalents à environ 500 millions de tonnes par an, selon une étude américaine citée par le Journal de l’Environnement. Or, ces composants, combinés à d’autres polluants tels que l’oxyde d’azote, produisent de l’ozone, un polluant extrêmement dangereux pour la santé.
A l’heure actuelle, on estime que cette pollution est déjà responsable de la mort d’environ 22000 Européens chaque année. Une généralisation de cette méthode de production d’agro-carburants pourrait entrainer une augmentation d’environ 6% du nombre de morts par an, ainsi qu’un coût pour la société évalué à 5,4 milliards d’euros. Face à cela, le Journal de l’Environnement recommande à l’Union de privilégier la production de ces agro-carburants dans des zones peu peuplées et d’investir dans des programmes de recherche visant à réduire le rejet d’isoprène des arbres, par des modifications génétiques. Il faut rappeler que l’Union s’est engagée à ce que 20% de la consommation totale d’énergie soit issue des énergies renouvelables d’ici 2020.
En matière d’écologie, la science doit être écoutée.
Le principe de précaution s’applique d’abord…
Aux politiques !
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF Languedoc-Roussillon