Dans le précédent article il a été évoqué la dépendance croissante des Etats-Nations aux pouvoirs des multinationales et de la Haute Finance. L’Etat Français, dont les pouvoirs sont de plus en plus réduits, subit cette influence de la part de l’Europe, elle-même aux mains des mêmes pouvoirs, et directement sur elle-même. Certains signes ne trompent pas.
La première visite à l’étranger de François Hollande fut pour la City à Londres. L’exercice de communication du 27 décembre à Rungis a été savamment programmé pour montrer que le Président était à l’écoute des Français dès les lueurs de l’aube. Il laisse de plus en plus de français indifférents aux paroles et demandeurs d’actes. L’important rendez-vous de décembre n’était pas cette matinée à Bercy, simple vitrine médiatique, mais le dîner du 18 avec les grands patrons de l’Afep, association qui réunit la plus grande partie des grandes entreprises françaises. De ce dîner aucune image n’a été évidemment diffusée.
Nous assistons à l’engluage des Etats, des collectivités locales et des régions, dans une toile de réseaux où se meuvent des pouvoirs géopolitiques, les diasporas marchandes, les organisations internationales, le crime organisé, les bulles financières, Internet, etc. Ceux-ci soumettent les chancelleries et les Etats à leurs options internationales. La mondialisation, c’est la dynamique d’épanchement du superpuissant à laquelle se raccrochent les autres, de manière compétitive, ou au contraire en la subissant. Voici ce qu’en dit le géopoliticien Aymeric Chaumerade : « Les pouvoirs économiques et financiers transnationaux profitent des mouvements de décloisonnement pour se substituer aux prérogatives des Etats et développer leurs logiques de concurrence internationale ».
L’Europe est un échafaudage pensé de longue date par la superpuissance que sont les Etats-Unis. Il se construit depuis le plan Marshall, qui a mis la condition de la création d’une zone de libre-échange atlantique, jusqu’à la construction de l’Europe actuelle dont l’ouverture économique passe par un arrimage aux Etats-Unis. Cet arrimage vient d’être complété par l’entrée officielle de la France dans l’OTAN. Ils ont poussé à l’ouverture économique mondiale par le GATT, le FMI, la Banque mondiale. La superpuissance règne sur toutes ces organisations comme sur l’Organisation Mondiale du Commerce.
Le piège de la mondialisation est qu’elle s’extériorise par rapport aux Etats et leur réserve un rôle accessoire abolissant toute idée de souveraineté. Les Etats s’effondrent alors aussi de l’intérieur sous les pressions séparatistes, ethniques, religieuses et socioculturelles. On le perçoit près de nous en Espagne, en Belgique, au Royaume-Uni. On redécoupe le monde en grandes régions, UE, Alena, Asean, dans lesquelles l’intégration est à des niveaux très différents. Ce découpage en un monde multi-centre ne peut que faire disparaître Etats et frontières et évoluer vers un nombre décroissant de centres où une gouvernance mondiale sera l’issue finale. Toute résistance pourrait engendrer un conflit mondial. Ce monde serait celui d’un monde sans contrôle aux mains d’une superpuissance économique, financière… et militaire.
Il importe donc de promouvoir l’idée que l’Etat est l’unité fondamentale des Relations Internationales. Les Etats s’agrègent et se désagrègent tout au cours de l’histoire mais tout revient sur la naissance d’un Etat sur des critères identitaires. La notion de territoire y est fondamentalement liée. Il n’est que de voir les tensions actuelles entre le Japon, la Russie et la Chine. Régionaliser le monde c’est créer les conditions de conflits entre des ensembles plus puissants engendrant potentiellement des guerres plus dévastatrices. L’élargissement du contrôle des territoires est le motif historique de tous les conflits même s’il se sert de prétextes ou d’occasions, la religion, la famine, la démocratie, etc.
Il faut défendre l’Etat qui seul peut assurer la stabilité d’un territoire. Quand l’Etat ne maîtrise plus la sécurité, il s’effrite sous les conflits internes. Notre histoire s’est construite ainsi et la France, République Une et Indivisible, est un Etat dans les frontières ont peu bougé depuis des siècles. C’est ce qui en fait sa force. Effacer ses frontières c’est la livrer au dépeçage et à l’esclavage sous le joug d’une gouvernance mondiale mue par la puissance et l’argent. La mondialisation des échanges ne peut se concevoir qu’à travers les Etats qui en gardent le contrôle. La démocratie doit toujours laisser le peuple souverain et l’allié de la mondialisation hors des Etats, c’est justement l’effacement de la démocratie en France.
Mettre un peuple en esclavage
C’est le priver de démocratie.
On peut alors sucer son sang et son argent
Au profit des puissants.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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