Les États-Unis sont loin d’être tirés d’affaire malgré l’entente intervenue dans la nuit du Jour de l’An pour éviter de buter sur le « mur de la dette », affirme le célèbre économiste Nouriel Roubini. De toute évidence rien n’est réglé de l’autre côté de l’Atlantique. Certes les marchés se réjouissent mais c’est seulement parce que la réduction des dépenses publiques est repoussée de deux mois. Ils espèrent de plus que le plafond du mur de la dette sera augmenté substantiellement.
En effet le mur de la dette est atteint et il va falloir en augmenter le plafond sous peine de voir se mettre en place des mesures drastiques d’austérité qui peuvent plomber aussitôt la croissance. «Si aucune action n’est prise d’ici le 1er mars, 110 milliards de réductions de dépenses entreront en vigueur», écrit le Financial Times. Les recettes supplémentaires grâce à l’imposition des plus riches ne suffira pas… comme en France. Comme chez nous le problème posé est celui du choix entre laisser courir la dette et maintenir une croissance stabilisatrice du chômage ou retrouver l’équilibre budgétaire au risque de voir l’économie américaine s’effondrer et le dollar avec.
Nos deux pays sont devant la même alternative. La dette américaine est de 16.443 Mds$ soit 106% du PIB environ, le déficit budgétaire 2012 de 8,5% du PIB et le taux de chômage inférieur à 10%. En France si la dette n’a pas encore franchi la barre des 90% du PIB elle y court malgré un déficit budgétaire que l’on espère toujours à 4,5% du PIB en 2012. Par contre le chômage a lui allègrement passé la barre des 10% est quasiment à son plus haut historique depuis 1997.
La tendance d’Obama et de Hollande est la même, laisser filer la dette. Malgré les affirmations répétées de Moscovici, c’est ce qui va se passer en 2013. C’est la solution de facilité pour inverser la courbe du chômage. Elle peut être bonne si les dépenses publiques sont sévèrement réduites sans que ces réductions soient un frein à l’activité économique. C’est un grand chantier de lutte pour l’efficacité de l’administration publique et une chasse au gaspillage dans les dépenses de l’Etat et des collectivités territoriales.
Le rendez-vous pour Obama est le 1er mars où les républicains voudront prendre leur revanche après avoir cédé le 1er janvier pour ne pas être rendus responsables du couperet automatique sur les dépenses. Mais avec la perspective de devoir accepter que la Fed lance 85 Mds$ par mois dans l’économie pour survivre et qu’un plan actuel augmente les dépenses de 4.000Mds$ sur 10 ans, la bataille est loin d’être gagnée pour le Président.
En France le rendez-vous est repoussé pour la révision budgétaire en juin. La prévision très optimiste de 0,8% de croissance sera confrontée à la réalité et vraisemblablement revue fortement à la baisse. Le déficit budgétaire à 3% du PIB passera aux oubliettes à moins que d’ici là, la réforme du système fiscal ait généré de nouvelles recettes ou que l’Etat ait fait une économie d’une dizaine de milliards supplémentaires sur les dépenses publiques. La pression fiscale aggravée ne va pas nourrir la croissance et la grande discussion entre les syndicats ouvriers et patronaux ne va guère vers un consensus à l’allemande sur la « flexécurité » qui veut ménager la chèvre et le chou. Au pire l’Etat devra trancher.
Les mesures sur l’emploi comme les contrats d’avenir sont des pansements qui ne créent pas de véritable emploi dans le privé. Le contrat de génération, déjà essayé sans résultat tangible selon Martine Aubry, ne semble pas une mesure très incitative au moment où les patrons dégraissent leurs effectifs. Face au ralentissement de l’économie, ils utiliseront principalement les retraites anticipées avec indemnisation plutôt que le tutorat. Quand à la banque d’investissement, elle existait déjà et les entreprises ne sont poussées à investir que si la conjoncture est favorable. Ce n’est pas le cas et nous avons principalement un problème de compétitivité et de pénétration des marchés mondiaux.
La pression fiscale, comme la dernière écotaxe en France, est l’instrument privilégié des deux côtés de l’Atlantique et l’année 2013 devra être révélatrice de son bien-fondé. Pendant ce temps Angela Merkel renforce les mesures d’austérité dans une Allemagne où le chômage, plus bas que le nôtre, remonte légèrement, où la croissance baisse mais où le bénéfice sur le commerce extérieur ne cesse d’augmenter. Elle tient à réaliser un quasi équilibre budgétaire en 2013 et se parer d’une remontée des taux d’emprunt, remontée probable en 2013.
Etats cigales d’un côté et Etat fourmi de l’autre,
Nous ne chanterons peut-être pas tous cet été.
Restera la sébile de la solidarité européenne pour l’hiver !
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon
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