Les marchés, eux, croient dans un règlement de la dette grecque. Des ronds de cuir dans leur fauteuil doré sont sans aucune commisération pour un peuple qui souffre. Des politiques l’étranglent chaque jour un peu plus pour le garder en leur sein. Ils parient sur la désespérance de ce peuple au profit du sauvetage de l’Etat et de ses banques. Il y a quelque chose de profondément inhumain dans cette tragédie grecque. La Grèce rejoue la malédiction du théâtre antique de Sophocle. Œdipe roi va se crever les yeux en s’apercevant qu’il a été manipulé. Le peuple grec, dont les comptes ont aussi été manipulés par les banquiers pour les faire entrer dans la zone euro, va sombrer dans la souffrance et dans une vague de suicides. Oui des grecs se suicident dans des crises de désespoir !
Quel responsable politique se pose la question de sa responsabilité dans ce désastre ? C’est pourtant eux qui ont accepté la Grèce sans véritable contrôle des conditions d’admission. C’est pourtant eux qui transforment la solidarité européenne en solidarité conditionnelle ! Les suicides ce sont des morts, comme en Syrie, comme en Libye ! Qu’a-t-on fait de Kadhafi pour son soi-disant génocide ? Des hommes en cravate et complet veston portant Rollex, des femmes en robe de grands couturiers décident de la punition d’un peuple au point d’en faire des désespérés prêts à mourir après leur avoir promis un avenir radieux et une solidarité à toute épreuve !
Ces hommes et ces femmes ne risquent rien mais se permettent en plus de gloser sur l’incapacité des grecs à se gérer. Mais lequel d’entre eux se pose la question de savoir si le sort de la Grèce n’est pas plus mauvais qu’avant de l’accepter au sein de la zone euro, donc de sa part de responsabilité. Avec la drachme le tourisme était florissant et le pays ne reflétait pas la misère. Avec l’arrivée de l’euro, toute l’Europe prend ses vacances en Turquie, les grecs se suicident… quel gâchis et quelle honte pour l’Europe !
La semaine va de nouveau être une semaine décisive et voilà ce que nous disent les marchés :
La semaine va démarrer sur les chapeaux de roue avec la réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles qui doit décider du déblocage du plan d'aide à Athènes de quelque 130 milliards d'euros. Cette aide qui doit être versée en échange d'un plan drastique d'économies va permettre à la Grèce de faire face à son échéance de 14,5 milliards d'euros mi-mars. Sans ce plan, la Grèce sera incapable d'honorer cette échéance et se retrouvera, de facto, en cessation de paiement. D'où l'importance de cette réunion pour le secteur financier mondial.
"On attend certes une solution sur la Grèce mais également et surtout un discours plus constructif de l'ensemble des pays de la zone euro sur la manière de régler les problèmes de l'Europe et sur leur capacité à harmoniser leurs politiques", a souligné Nicolas Just, un des responsables de la gestion actions chez Natixis AM.
"Un accord a minima consistant à permettre à la Grèce de payer seulement son échéance de mars enverra un signal clairement négatif aux marchés et après une réaction positive de soulagement, on retombera sur les mêmes problèmes 15 jours plus tard", a-t-il ajouté. Dépêche AFP
Trois voies sont possibles. La troïka peut décider d’effacer la dette grecque pour lui permettre d’emprunter sur le marché financier au taux des meilleurs pays européens. Elle peut aussi décider de lui donner des prêts au compte goutte sans ajustement supplémentaire de son plan d’austérité. Elle peut enfin étrangler de plus en plus la Grèce jusqu’à son échéance de Mars.
Dans les deux premiers cas, c’est ce que l’on appelle « Reculer pour mieux sauter ». Dans le dernier cas c’est la sortie de la zone euro quasiment imposée et souhaitée par un nombre de plus en plus grand de pays de l’UE et des milieux financiers et industriels allemands, voire du peuple allemand.
Mais il est des dogmes que l’on ne viole pas et les deux premières solutions ont toujours la préférence. Il importe peu que l’on prolonge l’agonie du peuple grec sous contrôle par la troïka, non du nombre de suicides, de magasins et d’usines que l’on ferme… mais du respect du plan d’austérité ! Si cette potion ne guérit pas le malade on l’abandonne, exsangue sur le bord du chemin, nu, malade et désespéré.
Français, vous qui allez voter,
Jetez l’opprobre sur vos politiques !
Sur tous ceux qui depuis trente ans
Ont créé une Europe de l’impossible espérance
Et cautionnent une sorte de génocide !
Claude Trouvé