Pendant que les médias nous promènent entre veaux, vaches, cochons, couvées au gré des visites des candidats, un silence assourdissant a entouré la réunion des banquiers et des ministres des finances du G20 le 26 février à Mexico. Il est vrai que la distance a dû enlever de nombreux décibels à cet évènement à moins que cela soit son résultat. Pourtant les européens étaient venus défendre leur fameux MES (Mécanisme Européen de Stabilité) qui, grâce à la garantie des États et la mise de 80 milliards de fonds propres, créait, par effet de levier, un pare-feu de 500 milliards pour sauver les pays en difficulté. L’Europe devait montrer sa solidité aux yeux du monde !
Hélas le mécanisme n’a pas convaincu les grands pays du G20 et l’Europe doit revoir sa copie. Il faut que le pare-feu soit au moins de 1.000 milliards pour être crédible. Les chefs d’Etats européens, qui se réunissent en fin de semaine, doivent élaborer une nouvelle copie. La fusion du FESF et de MES est déjà évoquée, ce qui porterait à 750 milliards les prêts disponibles mais le MES devait se substituer au FESF(Fonds Européen de Stabilité Financière) en juillet, c’est donc un engagement financier supplémentaire pour les États. Or, l’Allemagne a plus à perdre à accepter cette logique que de voir la zone euro éclater, ce qui lui coûterait 2% de sa croissance. Selon les économistes allemands le financement du MES, permettant une disponibilité de 1.000 milliards, coûterait 3 à 3,5% de baisse du PIB.
Cette affaire fait grand bruit en Allemagne alors que l’étouffoir a été mis sur cet échec en France. Au-delà de la position officielle d’Angela Merkel, la sortie de la Grèce fait partie des scénarios pour lesquels des ministres allemands, intérieur et finances, s’expriment. La Grèce, et non le peuple grec, continue à tirer le maximum possible de l’Europe. L'effacement de 130 milliards de dettes et de 107 à trouver chez les investisseurs privés est considéré comme un acquis. Il devient en effet de plus en plus évident que l’Allemagne est arrivée au bout de sa volonté de sauvetage et la baisse des rentrées fiscales grecques du début d’année ainsi que la baisse du PIB laissent augurer d’une nouvelle aide à prévoir.
Mais une autre nouvelle aurait dû faire la une des médias, ce sont les propos cinglants de Mario Draghi, le patron de la BCE qui annonce la fin du modèle social européen. Dans le même temps, après avoir fait un premier chèque de 500 milliards aux banques pour alimenter l’économie, il se prépare à leur avancer un nouveau chèque de la même somme demain 29 février. L’Europe rentre dans la stratégie américaine du QE (Quantitative Easing) qui consiste à inonder le marché de liquidités pour soutenir la croissance, scénario qui a produit finalement la crise de 2008. Par contre, selon la volonté allemande, la crédibilité des pays est liée à un plan d’austérité drastique dont la tendance est de plomber la croissance !
Pour Mario Draghi, ancien banquier de Goldman Sachs et nouvelle statue du Commandeur de la monnaie en Europe, sauver l’euro aura un prix élevé. Selon lui, il n’y a « pas d’échappatoire » possible à la mise en œuvre de politiques d’austérité très dures dans tous les pays surendettés et cela implique de renoncer à un modèle social fondé sur la sécurité de l’emploi et une redistribution sociale généreuse.
« Le modèle social européen est mort » ! Ce modèle sur lequel l’Europe a basé sa prospérité depuis la seconde guerre mondiale a disparu (« has gone »), estime Mario Draghi qui rappelle, aux journalistes du Wall Street Journal, la formule de l’économiste allemand Rudi Dornbusch : « Les Européens sont si riches qu’ils peuvent se permettre de payer les gens pour ne pas travailler. »
On ne peut être ni plus provocateur, ni plus clair ! Les arguments mis en avant par Mario Draghi sont sans appel : tout recul sur les ambitions des programmes de désendettement publics provoquera une immédiate réaction des marchés qui pousseront les taux d’intérêt payés par les États à la hausse, rendant encore plus difficile, sinon impossible, le rétablissement des finances publiques. Son choix est de sacrifier les peuples pour sauver les banques.
On ne peut être ni plus provocateur, ni plus clair ! Les arguments mis en avant par Mario Draghi sont sans appel : tout recul sur les ambitions des programmes de désendettement publics provoquera une immédiate réaction des marchés qui pousseront les taux d’intérêt payés par les États à la hausse, rendant encore plus difficile, sinon impossible, le rétablissement des finances publiques. Son choix est de sacrifier les peuples pour sauver les banques.
Impôts, taxes, réformes structurelles, démantèlement du modèle social seront le lot de la « France Forte » de Sarkozy aussi bien que du « Redressement National » de Hollande ! C’est le choix qu’a fait Mario Monti en Italie et qui lui a permis en cent jours de sortir l’Italie des taux d’intérêt suicidaires… tant que le peuple italien supportera. En France c’est à celui qui cachera le mieux ce qui attend les français après l’élection présidentielle. La principale injustice ne sera pas entre les revenus des riches et des pauvres mais entre l’appauvrissement général du peuple et la santé des banquiers et des multinationales.
L’UMPS vient d’être couvert de honte pour avoir vendu aux français l’Europe sociale et l’Europe qui protège. Ils se rejetteront la faute et diront encore que c’est la faute des banquiers qui n’ont fait que profiter des traités qu’ils ont eux-mêmes signé. La désinformation leur profite encore mais la démocratie ne pourra pas continuer à être ainsi bafouée par un référendum sur la Constitution Européenne dont le verdict a été détourné par le traité de Lisbonne. Le peuple français acceptera-t-il longtemps que le slogan « il faut encore plus d’Europe » se traduise par « il faut encore plus d’austérité »… pour soutenir la mondialisation.
L’Europe va survivre sur le sang des peuples
jusqu’à épuisement…
A moins que le peuple tue ses exécuteurs avant !
Claude Trouvé