D’un côté les marchés se détendent, les banques ont réalimenté l’économie pour éviter la récession immédiate, l’Europe offre un meilleur visage. C’est la face visible, celle qui redonne de l’espérance… sauf aux grecs ! Les pays du sud menacés ont vu leur taux d’emprunt baisser significativement comme l’Italie, l’Espagne et même la France.
La face cachée c’est que les banques ne se font plus confiance entre elles et préfèrent déposer leur cash au chaud dans les comptes de la BCE. Les banques ont déposé 474Mds€ en janvier 2012 soit environ 3.000 fois plus qu’avant la crise des subprime. Ce qui est révélateur du climat de risque qui règne dans le milieu bancaire. La face cachée c’est surtout le refinancement à trois ans des banques auprès de la BCE pour un montant de 589Mds€ en décembre. Cette somme colossale a permis d’éviter l’assèchement du crédit, l’effet « credit crunch ». Elle explique le répit constaté.
Mais la machine monétaire s’essouffle de nouveau et la BCE envisagerait de recommencer l’opération fin février mais cette fois à hauteur de 1.000Mds€ ! La planche à billets, via les banques qui prennent au passage, marchent si fort que l’opération « QE2 » de la Fed de relance de l’économie américaine fait figure de « mesurette ». Malheureusement on ne pourra pas réaliser cette opération tous les trois mois sans déclencher l’inflation. L’Allemagne a insisté sur la mission de la BCE portant la lutte contre l’inflation dans ses statuts. Elle n’a fermé les yeux que le temps de sauver ses propres banques mais s’opposera finalement au renouvellement de telles opérations.
Le problème grec n’est évidemment pas réglé. On peut même penser qu’on appuie volontairement sur la tête des grecs pour la faire sortir de l’euro et l’obliger à céder sa souveraineté au Commissaire Budgétaire de la zone euro. Car l’Allemagne a elle-aussi sa dame de fer et ne cèdera rien qui mette en cause l’embellie économique de son pays. C’est elle qui impose les règles du jeu et les autres pays plient. Malheureusement pour les grecs, si l’on veut sortir de l’euro, il faut le faire avant d’être obligé de subir les exigences budgétaires de Bruxelles. Les militaires appellent cela « capituler en rase campagne ». Il ne vous reste qu’à subir sans broncher, il aurait fallu négocier quand on avait encore quelques forces de résistance.
Mais la face cachée s’est aussi le Portugal qui devient la cible suivante et ses taux d’emprunt à 10 ans sont au-delà des 17%, autrement dit les emprunts lui sont interdits. Malgré deux plans d’austérité la récession ne fait qu’augmenter et son ratio dette/PIB passe de 83% en 2010 à 118% en 2011. Le Portugal se trouve dans la situation où se trouvait la Grèce 2008 mais l’aggravation des écarts entre pays du sud et du nord s’accélère.
Ceci met en lumière le fait que, lorsque l’austérité est plaquée sur un pays en déficit, dû en partie à un commerce extérieur déficitaire, celle-ci ne fait qu’aggraver la situation. Nos deux principaux candidats devraient bien y réfléchir avant de nous proposer des politiques qui nous conduisent vers la voie sans issue de la Grèce et du Portugal, c’est-à-dire la voie de la décadence.
Je dis « décadence », car quand on commence à vendre son patrimoine, comme ses bijoux de famille, quand on ne peut plus assumer ses dettes qu’en ponctionnant le pouvoir d’achat des citoyens et le droit à la santé, le pays n’est pas seulement en « récession » mais bien en « décadence » ! On peut ajouter que décadence va de pair avec dépendance !
C’est ainsi que souvent certains faits cachés sont révélateurs plus que de grands discours sur la réalité de notre pays. La France a promis 100Md€ à la Tunisie, enfin au gouvernement musulman tunisien. Comme nous n’avons plus un sou (puisque Angela Merkel fait surveiller notre déficit budgétaire !), le Qatar va payer pour nous… Ou bien c’est de la « cavalerie », je paye avec l’argent des autres ou bien c’est de la dépendance.
Dépendance et décadence
Sont comme deux fers de lance
D’une fin qui s’avance !
Claude Trouvé