La politique énergétique de la France s’est invitée dans les débats pour l’élection présidentielle. La catastrophe de Fukushima est encore très présente dans les esprits et a donné pour les écologistes une bonne raison de se faire entendre. Cet effet est en train de s’estomper devant les propositions de substitution de ce parti. On se trouve néanmoins devant trois propositions.
- Une politique énergétique, issue des accords de Grenelle, qui vise une part de production d’énergie nucléaire limitée à 70%, soutenue par la majorité actuelle.
- Une politique énergétique limitant la production électrique par énergie nucléaire limitée à 50%, politique soutenue par le candidat du PS, avec la fermeture rapide de la centrale de Fessenheim jugée dangereuse et âgée.
- Une politique énergétique, limitant la production électrique par énergie nucléaire limitée à 20% avec arrêt de toutes les centrales à leur 40èmeanniversaire, soutenue par la candidate écologique.
Que peut-on attendre d’une bonne politique énergétique dans le domaine de la production d’électricité ?
Pour le consommateur c’est d’une part le prix à payer et d’autre part un sentiment de sécurité pour lui-même, pour l’environnement et d’approvisionnement. Pour l’Etat, à ces trois objectifs il faut ajouter une assurance d’indépendance la plus grande possible par rapport aux fournisseurs étrangers.
En fait deux politiques s’opposent sur la part des énergies fossiles et des énergies renouvelables sur les perspectives à 15 ou 20 ans. Elles se sont cristallisées dans les orientations différentes de la France et de l’Allemagne mais le débat est mondial. Après Fukushima l’Allemagne, la Suisse ont arrêté le nucléaire, tous les autres pays dans le monde le poursuivent dont le Japon ! En Europe la Grande-Bretagne, la République Tchèque et la Bulgarie continuent.
Comment se répartit en France la production actuelle d’électricité ? Elle est ventilée entre le nucléaire pour 75%, l’hydroélectricité pour 12%, le charbon pour 11% et les éoliennes pour 1,5 à 2%. La production par énergie solaire est marginale. C’est la grande différence avec l’Allemagne où l’essentiel de la production est faite à partir de lignite et de gaz. Le nucléaire peut être facilement arrêté moyennant éventuellement la mise en œuvre de nouvelles centrales thermiques au détriment de l’abaissement de la production de gaz carbonique.
Quelle est la force de la politique française actuelle ? C’est d’abord le faible coût de la production nucléaire par rapport à ses énergies concurrentes mais c’est surtout une grande indépendance de l’approvisionnement en uranium. Ce minerai est très bien réparti sur le globe terrestre et dans des pays sûrs comme l’Australie et le Canada. Nos sources d’approvisionnement sont très diversifiées, Niger, Namibie, Kazakhstan, mais surtout Canada, Australie, pays dans lesquels nous détenons des participations dans les mines. Contrairement aux messages des opposants, les tonnages disponibles permettent d’en disposer pour plus d’un demi-siècle et les prospections sont très peu développées vu le faible coût du minerai.
Par ailleurs nous disposons d’une des plus grandes usines du monde, Eurodif, pour la production d’uranium enrichi, indispensable pour nos réacteurs, et d’une usine de retraitement de la Hague qui permet de minimiser le stockage des déchets et le recyclage de l’uranium appauvri et du plutonium dans le circuit de la production. Par ailleurs elles exportent toutes deux une grande partie de leur production. Eurodif va être complétée par une usine Georges Besse II à faible consommation qui va libérer les quatre réacteurs de la centrale électrique du Tricastin dans quelques années.
Non seulement les énergies renouvelables sont essentiellement représentées par l’hydroélectricité mais le coût de l’éolien est deux fois plus élevé et le solaire encore plus. Le coût des 58 réacteurs est estimé à 228Mds€ pour une production de 11.000milliards de kwh soit 0,04€/kwh. Il faut investir 45Mds€ supplémentaires pour en augmenter la sécurité soit 0,004€/kwh. La ferme solaire du Languedoc est prévue pour un investissement de 1Mds€ pour une production de 4 millions de Kwh soit 0,25€/Kwh hors frais d’exploitation, d’entretien et de démantèlement.
La France, deuxième producteur d’électricité nucléaire après les Etats-Unis, se singularise de la production mondiale basée pour plus de 60% sur les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) mais elle n’a aucun de ceux-ci. De plus la part du combustible dans le prix de revient du Kwh n’est que de l’ordre de 25 à 30% ce qui atténue l’impact des fluctuations sur l’approvisionnement ce qui n’est pas le cas du pétrole et du gaz dans les centrales thermiques.
La fermeture de centrales nucléaires ne peut conduire qu’à un surcoût du prix du Kwh et la fermeture de Fessenheim a surtout une raison politique qui devrait au moins attendre la remise à disposition du réseau de la centrale du Tricastin.
Les trois quarts des pays continuent sur l’énergie nucléaire.
Le Japon veut faire vivre ses centrales sur 60 ans.
Il est vrai que ce sont des kamikazes !
Claude Trouvé