La sortie de l’euro, horreur que quelques incompétents osent évoquer, est balayée d’un revers de main par les candidats du système. Il est d’ailleurs assez drôle d’entendre les trois candidats de celui-ci s’accuser mutuellement d’en faire partie. Le ridicule ne tue pas ces chantres de l’Europe sociale et heureuse, de la mondialisation, grand signe de modernité et d’ouverture. Les pays de l’Europe du Sud s’étouffent et la France ne peut juste que se vanter de s’en tirer, pour l’instant, un peu mieux qu’eux.
Il est évident que nous mourrons à petit feu depuis l’arrivée de l’euro, d’ailleurs l’augmentation annuelle de la dette s’est faite plus rapide. La plupart de nos partis politiques veulent nous faire croire que demain sera meilleur, avec eux bien sûr, mais avec les mêmes recettes. Le conditionnement médiatique au risque, que représenterait une dévaluation, complété par la honte que représenterait une sortie de l’euro, a rempli d’effroi la plus grande partie des citoyens.
Alors tout argument en faveur d’une dévaluation étant suspect, idiot ou irresponsable, regardons les pays autour de nous.
La Russie tout d’abord, grand pays de 143 millions d’habitants, grande comme 31 fois la France est née de l’éclatement de l’URSS en 1991. Pont entre l’Europe et l’Asie, elle est actuellement la dixième économie mondiale et la sixième en termes de parité de pouvoir d’achat. Son taux de croissance est actuellement de 6%. Elle fait partie des pays émergents, les BRICS. Dès 1990 le pays s’est tourné graduellement vers une économie de marché. Ce virage a désorganisé l’économie de ce pays et une chute catastrophique du niveau de vie des russes en 1998 avec un PIB divisé par deux.
Le 17 août 1998 le rouble est dévalué de 37%. Grâce à cette dévaluation, à une meilleure exploitation des richesses minières, et à l’augmentation du prix du pétrole, Poutine fait repartir l’économie russe dès 2000. En 2008, pendant la crise économique, la Russie procède à trois dévaluations successives pour ajuster le rouble par rapport au panier euro-dollar qui lui sert de référence. En 2012 la Russie affiche une dette par habitant vingt-huit fois inférieure à la nôtre et une dette par apport au PIB dix fois inférieure à la nôtre. La manipulation monétaire l’a sortie de la catastrophe !
Changeons de dimension et regardons l’Islande. C’est un petit pays de 320.000 habitants, cinq fois plus petit que la France. Avant la crise économique de 2008, l'Islande était au premier rang des pays les plus développés au monde selon l'indice de développement humain (IDH) de 2007 et 2008. Elle a déposé sa candidature à l’entrée dans l’UE en Juillet 2009. Le pays participe déjà activement à la vie économique, politique et culturelle de l'Europe.
En 2008 l’Islande est frappée par une terrible crise financière qui affecte son système économique et bancaire. En 2009 l’endettement du pays est très élevé et le remboursement de la dette demande une perfusion du FMI qui apparaît insuffisante pour sortir de la crise. Ses dettes envers la Grande-Bretagne sont échelonnées et elle procède en janvier 2011 à une dévaluation de la couronne islandais de 45% par rapport au dollar.
L’islande a terminé l’année 2011 avec une croissance de 2,1% et annonce une croissance trois fois supérieure en 2012. L’agence Moody’s vient de remonter sa note qui la fait rentrer dans les pays pouvant emprunter auprès de banques. Le prix Nobel d'économie Paul Krugman, avance que c'est grâce au contrôle de sa monnaie — qui aurait été impossible avec l'euro — que l'Islande a pu rapidement sortir de la crise. L’île est devenue celle du plein-emploi et de la richesse. La Grèce ne devrait-elle pas suivre cet exemple ?
Terminons avec un pays de l’UE, hors euro, la Suède dont j’ai déjà parlé dans une chronique précédente. Le Royaume de Suède est un territoire de superficie équivalente à la France et peuplée de 9.300.000 habitants. Selon l’indice mondial de démocratie, la Suède est considérée comme le pays le plus démocratique du monde. En 2011 elle affiche une croissance de 4,6% et une dette, par rapport au PIB, 2,3 fois inférieure à la nôtre.
En 2003 le taux de croissance s’élevait à 3,5 %, confirmant une santé économique remarquable par rapport à la moyenne des pays de l’Union européenne. Néanmoins celle-ci fait pression sur elle pour qu’elle adopte l’euro. Un référendum est organisé mais les suédois, ayant peur de lâcher la proie pour l’ombre, refusent l’euro et gardent la couronne suédoise, le SEK. Jusqu’en août 2008 le SEK évoluait dans une fourchette de 8,9 à 9,6 SEK pour un euro. A l’automne 2008, pour faire face à la crise la Suède dévalue sa monnaie de 24% et continue avec 10% supplémentaires jusqu’à fin 2009. Les usines ne délocalisent pas. Aujourd’hui la couronne suédoise est à peu près à sa valeur d’avant la dévaluation et la Suède affichait le plus faible déficit budgétaire de l’UE en 2010.
Cherchez l’erreur. Continuerons-nous à nous faire peur avec l’augmentation du prix de notre téléviseur, de nos vacances à l’étranger et d’une petite hausse du prix de l’essence et à nous laisser endormir dans une potion mortifère ? N’est-ce pas, la dévaluation, la vraie promotion du « made in France » ?
Notre pays, monté sur un âne,
S’est donné l’objectif de rattraper le pur-sang allemand.
Il va crever d’apoplexie !
Claude Trouvé