La France vient d’être placée sous surveillance négative par l’agence de notation Moody’s. Comme devant le verre à moitié vide pour certains ou à moitié plein pour d’autres, François Baroin s’est empressé de dire que le fait de ne pas être dégradé était une confirmation de notre triple A. On ne peut indéfiniment se cacher derrière son petit doigt. Moody’s avait annoncé en décembre qu’il faisait d’abord une analyse des perspectives des différents pays, la fixation de la note viendrait ensuite. Elle n’a donc rien confirmé du tout.
Dans son communiqué, Moody's évoque les "incertitudes" pesant sur les réformes institutionnelles et le cadre budgétaire et économique de la zone euro. Mais l'agence souligne aussi "la détérioration continue de la dette publique française", qui la place en mauvaise posture par rapport aux autres pays AAA, aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni, dont la note est également assortie d'une perspective "négative". Elle doute des capacités de la France à se redresser vu les plans économiques proposés par les candidats à la présidentielle.
Pourquoi courrons-nous vers la faillite ?
Parce que nous nous dirigions vers elle déjà en 2007. François Fillon lui-même s’est exprimé sur ce point. Il n’a pas redressé les comptes mais a continué à les aggraver. En fait après 1973 aucun budget n’a été en équilibre, on note simplement que la tendance négative s’est accentuée dès l’apparition de l’euro (simple coïncidence ? Pas sûr). Il est probable que les pays dépensiers ont pensé que la solidarité européenne permettait de moins craindre l’avenir et donc de dépenser plus. En tous cas, gauche et droite sont coresponsables.
N’ayant pas les comptes définitifs de 2011, jetons un coup d’œil sur le budget 2011 que l’Etat nous dit avoir suivi au plus près. Regardons d’abord les dépenses.
Deux postes budgétaires retiennent l’attention, la charge de la dette qui représente 45,4Mds€ soit 13% du budget et la quote-part au budget européen soit 18,2Mds€ ou 5% du budget. La charge de la dette est équivalente aux budgets réunis de la Défense et de la Justice et est le troisième poste de dépense. Pour la quote-part au budget européen, il faut ajouter d’autres revenus issus d’une quote-part de la TVA qui n’apparaît pas dans ce budget puisque c’est une diminution de recettes. Certains évaluent le coût réel de notre participation à une somme près de cinq fois plus élevée ! Un épais silence est de mise sur cette question entre les pays de l’euro.
Un regard sur les recettes est aussi très révélateur de ce qui se discute en ce moment sur le budget 2012. On constate que les recettes proviennent essentiellement de l’imposition sur les citoyens et particulièrement de la TVA. 2% sur la TVA c’est 2,6Mds€ et cela permet de baisser de plus de 5% l’impôt sur les sociétés. La TVA représente près de 50% des recettes.
Il nous reste à rapprocher les recettes et les dépenses.
Le graphique ci-contre montre l’ampleur du déficit public. Il représente 13% du budget mais près de 34% de nos recettes fiscales. Quel ménage peut s’en sortir avec cet écart. D’ailleurs les banques ne prêtent plus au-delà de 33% d’endettement ! De plus, nous constatons que 87% de nos impôts sur le revenu sert à payer le remboursement des intérêts de la dette publique.
En résumé il nous faut trouver un tiers de recettes fiscales supplémentaires pour simplement arrêter l’hémorragie… Il restera le cumul de la dette qui va atteindre 1700 milliards !
Mais un autre sujet d’inquiétude réside dans la pression fiscale. Dans six pays de l’euro, plus de la moitié des revenus liés au travail sont prélevés au titre des impôts et taxes (Belgique, Hongrie, France, Autriche, Allemagne et Suède).
Il va pourtant falloir trouver de l’argent. Chez les riches disent certains. D’après TF1, selon le seuil qui définit les riches et pour une surtaxe sur les revenus de 3%, on a les recettes suivantes :
Revenus annuels en euros | Nombre de foyers touchés | Recette fiscale annuelle en M€ |
500.000 € | 30.000 | 200 |
150.000 € | 300.000 | 1.500 |
Un gain de 1,5 milliards au mieux ne peut suffire, il va donc falloir abaisser le seuil de la richesse car il faut trouver près de 1700Mds€. On va se diriger vers l’écrasement de la classe moyenne. Un pays sans classe moyenne est l’image d’un pays pauvre.
En effet la croissance n’est pas pour demain et il sera déjà bien que 2012 fasse 0,5% de croissance. Une si faible croissance ne peut qu’engendrer un très faible surplus de recettes fiscales. Inexorablement les impôts vont donc augmenter créant une baisse de la consommation donc une baisse de la croissance et l’on rentre dans le cycle infernal. Il est facile d’imaginer par le bon sens que l’augmentation annuelle de la dette publique ne peut être compensée que par une croissance à un taux légèrement supérieur… or on en sera loin pour 2012, 2013, 2014, années pendant lesquelles la dette s’aggravera ainsi que les remboursements des intérêts.
Car justement une autre épée de Damoclès est suspendue au-dessus de nos têtes, c’est les agences de notation dont la note conditionne le taux d’emprunt. Dégradée par S&P, sous surveillance négative de Moody’s, la France est menacée de voir sa notre dégradée dans les mois qui viennent. Il faut savoir que 1% d’intérêt supplémentaire représente 15 milliards soit le tiers de la recette de l’impôt sur le revenu ! En réalité la France ne maîtrise plus son destin qui va se jouer au FMI et à Bruxelles.
La Grèce est déjà morte, le Portugal va suivre…
Certains préparent déjà le rachat de notre souveraineté
D’autres le rachat de notre patrimoine
Merci l’euro !
Claude Trouvé