Le ministre de l'Intérieur allemand Hans-Peter Friedrich lors d'une conférence de presse à Berlin le 18 novembre 2011 a plaidé pour une sortie de la Grèce hors de la zone euro.
Il affirme que les chances de son économie de redevenir compétitive seraient ainsi plus grandes. "Je ne parle pas d'exclure la Grèce" de la zone euro, a assuré Hans-Peter Friedrich dans l'hebdomadaire Der Spiegel, "mais de parvenir à créer des incitations pour un retrait qui ne puissent pas être déclinées".
"En dehors de l'Union économique monétaire, les chances de la Grèce de se régénérer et de devenir compétitive sont assurément plus grandes que si elle reste dans la zone euro", a poursuivi le ministre de l'Intérieur, membre de l'Union chrétienne-sociale (CSU), l'aile bavaroise du parti de la chancelière Angela Merkel.
On ne saurait être plus clair. Angela Merkel défend officiellement la volonté de maintenir la Grèce dans la zone euro mais elle ne cesse de durcir les réformes budgétaires que celle-ci doit mettre en place. Elle doit en effet obtenir un large « oui » des députés pour financer le plan d’aide à la Grèce. Durcir sans cesse les conditions d’aide, donc de maintien, revient à pousser la Grèce hors de la zone euro. Vendredi, la Grèce a lancé la plus vaste restructuration de dette de l'histoire, qui doit effacer 107 milliards d'euros qu'avait empruntés Athènes, repousser la date de remboursement et réduire le taux d'intérêt sur 99 autres milliards dus au secteur privé.
On a mis des mois pour en arriver là et les résultats économiques de la Grèce en Janvier laissent à penser que la situation est loin d’être réglée. Entre le durcissement des conditions imposées et l’intervention d’un ministre important du gouvernement allemand, ne participant pas directement aux discussions, il est évident que la sortie effective de la Grèce se prépare. Il va s’agir d’effectuer celle-ci dans les meilleures conditions et, plus on attend, plus elles se dégraderont.
C’est l’effet contagion qui est le plus redouté car le Portugal se dirige tout droit vers un défaut de paiement. Dès que le cas de la Grèce sera résolu d’une façon ou d’une autre, et le mois d’Avril devrait être décisif, les marchés financiers vont reporter leur spéculation sur le Portugal. Or la note à payer est beaucoup plus élevée.
Mais l’Europe elle-même est en difficulté, elle est au cœur des discussions des grands argentiers du G20 réunis ce samedi 25 février à Mexico. Les ministres des finances et les banquiers centraux vont faire le point sur une situation économique toujours très marquée par les tensions sur les marchés de la dette publique en zone euro. Les Européens vont tenter de faire accréditer l’idée que le « pare-feu » mis en place va sauver la Grèce et les pays en difficulté.
Toutefois de vives critiques se font jour sur le fait que les réformes demandées à ce pays sont inadéquates et que son retour dans la croissance est improbable. L’Espagne et l’Italie, qui ont engagé un solide plan de rigueur, sont alors citées en exemple mais elles seront toutes deux en récession en 2012. Le G20 doit publier une déclaration finale dimanche à 16H30 (22H30 GMT).
Une Europe dans laquelle la zone euro est en difficulté et inquiète surtout l’ensemble de ses fournisseurs. Elle est l’image même de la difficulté de survie d’une zone hétéroclite à 17 où les mieux placés creusent l’écart avec les plus faibles. La sortie probable de la Grèce hors de la zone euro, que l’Allemagne souhaite sans vouloir être la première à l’officialiser, montre que l’euro, parure pour les uns, est un licou étrangleur pour les autres. Quand les uns s’enrichissent, les autres s’appauvrissent. La meute des loups, hors de l’UE, ne lui laissera que ce qu’il faut de chair pour continuer à s’en nourrir.
L’Europe est vitale à la bonne santé des économies du monde. Les pays émergents l’ont mise sous surveillance. On ne peut dépecer un continent qui n’a plus que la peau sur les os. On se penche donc sur lui et l’on peut entendre ceci, parodiant Perrault :
« Émergents que vous avez de beaux yeux !
C’est pour mieux te convoiter, mon enfant !
Émergents que vous avez de belles dents !
C’est pour mieux te manger mon enfant ! »
Claude Trouvé