vendredi 9 décembre 2011

Union Européenne ou Désunion Européenne ?

La clôture du sommet de l’UE en ce 9 décembre est en effet un moment historique dans son histoire mais pas celui que l’on nous serine dans les discours de victoire du gouvernement. Un grand pays s’isole de l’UE, le Royaume Uni, et défend sa souveraineté avec courage face à une coalition de 26 pays. Il ne s’agit pas de dire si ce pays a raison ou non, mais il défend son peuple en refusant de voir s’écorner les 50Mds de livres que lui rapportent les transactions financières de la City.


Parmi les trois grands pays de l’Europe, le Royaume Uni a claqué la porte, l’Allemagne a fait adopter la quasi-totalité de ses desiderata et la France a abandonné un grand pan de sa souveraineté dans un grand soupir de soulagement ! Voilà ce qui ressort de cette sombre journée, une France du cocorico déplumé.


Par ailleurs une fois de plus la démocratie est bafouée. Le Président de la République engage la France dans une modification de la Constitution sur le sujet de la règle d’or, disposition refusée par l’ensemble des deux chambres et qui n’a aucune chance de voir cette disposition acceptée vu la nouvelle majorité du Sénat. Cette disposition engage un processus de rigueur dont on voit que c’est le peuple qui va devoir l’assumer sans avoir été consulté. C’est un nouveau coup de canif dans la démocratie qui devient une nouvelle façon de gouverner bien loin de la racine grecque du mot.


C’est donc une Europe à une vitesse de plus tant les pays se partagent différemment l’adhésion à Schengen, l’adhésion à l’Euro et maintenant l’un d’entre eux refuse d’appliquer une modification des traités. Par ailleurs les accords, sans modification des traités, n’ont que la valeur que les Etats voudront bien leur donner au cours du temps. Cette précipitation à court-circuiter les peuples et même le Parlement Européen sur des dispositions de principe n’est pas de nature à sauver l’UE. Le consensus va vite être ébranlé et les marchés ne seront pas rassurés par des Etats où les élus et les peuples grognent.


Le « détricotage » de l’UE est en marche et la rigueur à l’allemande ne conviendra qu’à un nombre restreint de pays, les pays du triple A sans la France. L’Allemagne va refaçonner l’UE à sa convenance, serrer les liens sur la rigueur jusqu’à ce que ne reste que ceux qui lui ressemblent et éjecter ceux qui sont déjà en perdition. Aucune mesure concrète n’a été évoquée pour relancer la croissance. La planche à billets de la BCE, les eurobunds et le futur MES (Mécanisme Européen de Stabilité) à capacité de financement illimité ont reçu le « Nein » allemand.


De plus c’est toujours le modèle keynésien qui est suivi comme la panacée. Booster la consommation en injectant de la monnaie dans le circuit, ce qu’ont fait les États-Unis, n’a visiblement pas réussi après les deux plans de relance QE1 et QE2, la croissance, le chômage sont atones et la dette croît aussi vite que l’argent injecté. En matière de croissance on ne peut aller plus vite que la musique. La véritable croissance provient du travail, de la recherche, de l’innovation et de la baisse des coûts de production. La croissance que l’on veut chercher par les planches à billets ne se traduit finalement que par une augmentation de la dette sans réduire le chômage.


La bête Euro ne va pas mourir sans d’ultimes soubresauts mais sa mort est programmée. Plusieurs pays impriment déjà de la monnaie et les grandes industries travaillent sur ce scénario. La date de sa mort n’est pas écrite mais elle a peu de chances de dépasser février 2012. La férule allemande et les agences de notation vont crever l’abcès que le gouvernement français n’a pas le courage de percer tant il ne voit que l’élection présidentielle et son propre avenir.


Sarkozy a déclaré l’Europe difficilement gouvernable à 27, elle n’a aucune chance de l’être à 26 + 1, puis à 27 + 1 avec la Croatie. Les injonctions budgétaires, sans uniformité fiscale et sociale, ne feront que mettre en valeur les vices de construction de l’Europe où tout le monde ne peut structurellement marcher du même pas. Vu la position allemande, seule la sortie de la zone euro, avec retour aux prêts de la Banque de France et avec ou sans une monnaie commune et non unique, peut permettre à notre pays de retrouver la voie du progrès social et économique. La réussite ne peut se faire qu’à marches forcées, selon Sarkozy, mais elle ne peut réussir que si le peuple le soutient… il risque fort de marcher tout seul.


Les marches forcées ont permis à Napoléon de traverser les Alpes,


Ses soldats croyaient en lui.
 

Elles se sont transformées en Bérézina


Car ses soldats épuisés n’y croyaient plus.


Claude Trouvé