La succession des évènements politiques et surtout économiques incite à déplorer d’une part une dégradation rapide de la situation de la France et d’autre part l’impéritie des hommes politiques qui nous ont gouvernés depuis trente ans. Le manque de vision à long terme de ces derniers, leur mollesse pour prendre des décisions contraignantes, leur habitude de masquer la vérité sur l’état de la France, leur propension à penser d’abord à leur carrière avant le bien public, les magouilles fréquentes et leur appétit de l’argent, ont conduit la France à un état où celle-ci va aborder des années de sacrifice sans les gouvernants capables de les affronter.
La crise mondiale sert de paravent à toute critique pour les uns ou d’angle d’attaque pour les autres alors que depuis 1974 la France n’a pas réussi à avoir un budget en équilibre et que sa descente s’est amorcée dans les années 80. On est atterré quand on lit que notre ministre des finances clame dans les médias que le Royaume-Uni est dans une situation inquiétante que les agences de notation devraient sanctionner ! C’est une attitude irresponsable et enfantine comme le gamin s’adressant à la maîtresse « C’est pas juste madame, vous m’avez mis une mauvaise note et, lui, il a pas fait mieux et il a une moins mauvaise note ! ». Nous sombrons dans le ridicule et nous ne pouvons que faire pâle figure devant deux petits pays comme l’Autriche et les Pays-Bas mieux considérés que nous.
Que dire des propos du gouvernement, qui après avoir catastrophé tout le monde sur la perte du triple A, chante maintenant que ce n’est pas si grave ? Que dire d’un François Hollande, qui promettait monts et merveilles pour l’enseignement et les jeunes, alors qu’il aurait dû parler du comment traverser les années difficiles qui arrivaient ? Ne le savait-il pas ? N’osait-il en parler ? Ces attitudes de manipulation de l’opinion publique au gré de leurs ambitions donnent peu d’espoir de voir surgir une équipe d’hommes ayant la compétence, l’énergie, le courage et la vision nécessaire.
Les hommes politiques se chamaillent, se détruisent et ils voudraient que les citoyens croient en eux. Les affaires, les procès, les querelles se succèdent. Le pays sombre dans une ambiance de quatrième république, cette période où les combines politiciennes se nouaient aussi vite qu’elles se dénouaient. C’est pourtant dans ces périodes sombres de notre histoire que le rassemblement est nécessaire car notre bateau va à la dérive sous la ligne de flottaison d’une Europe vieillissante, molle et désenchantée.
Il est temps que nos politiques fassent preuve de responsabilité et d’humilité. Les fanfaronnades ne sont plus de mise. Les recettes sont éculées et il faut enfin admettre qu’une autre voie est nécessaire. L’Europe se détricote lentement mais sûrement. L’Allemagne se recentre sur elle-même, le Royaume-Uni se prépare à prendre la mer.
Le seul dogme pour en sortir, serait la croissance. Mais quelle croissance ? Si c’est celle de l’Allemagne qui s’est faite en grande partie sur ses voisins européens, si c’est celle des Etats-Unis qui font marcher la planche à billets, cela ne peut ni se faire sans appauvrir les autres ni sans, tout simplement, augmenter notre dette. C’est insoutenable pour la France à long terme.
La vraie croissance, qui se crée par la recherche, l’innovation, la productivité, les investissements judicieux, n’est pas possible par génération spontanée et demande beaucoup de travail, d’intelligence et de temps. Il nous faut donc passer le cap difficile du serrage de ceinture mais aussi sortir de la monnaie unique qui ne permet aucune liberté d’action dans le marché mondial. Tout candidat à la présidence, toute équipe de salut public qui continuera sur l’idée d’une Europe fédérale, solidaire au sens de la prise en compte des dettes des autres, verrouillée sur une monnaie unique, sourde aux peuples qui la représente, n’a aucune chance de sortir le pays de l’impasse dans laquelle il est tombé. Les peuples sont désormais conscients que ce rêve européen s’éloigne pour très longtemps.
L’heure est à la remise en cause des recettes qui ont failli. C’est autour d’idées neuves, au sens où elles n’ont jamais été essayées, que le rassemblement des élites peut vraiment nous conduire vers le salut public. Lorsque les sables sont mouvants, on ne construit pas un immeuble sur les mêmes fondations que sur un sol en granit. L’Europe s’est ouverte à la mondialisation sans que les peuples aient les moyens de l’affronter et a imposé une monnaie unique empêchant ceux-ci de s’adapter en fonction de leurs contraintes et atouts respectifs. Il faut tout rebâtir sur une Europe des peuples, enrichie par les multiple-facettes des pays qui la compose mais libre de choisir les contraintes de solidarité et les orientations communes, et, pour le reste, libre d'exercer ses pouvoirs régaliens !
Oui à un gouvernement de salut public !
Mais si c’est pour appliquer la même politique européenne
Salut !
Claude Trouvé