2011 va s’afficher avec une pierre noire dans la vie de la zone euro et même de l’UE. La mise en retrait de la Grande-Bretagne avec le soutien de la majorité du peuple anglais a été le dernier signe du malaise qui s’installe. Les pays forts de la zone montrent de plus en plus leurs réticences à engager des fonds de solidarité sous quelque forme que ce soit. L’objectif des 200Mds€ à mettre « au pot », n’a pas été atteint et on compte que la solidarité mondiale va jouer. Cela commence à faire très « miserabilis » !
Par ailleurs il est impossible pour un pays comme la Grèce de remonter la pente et même d’équilibrer son budget dans les conditions actuelles de son organisation du prélèvement des impôts mais aussi de relance de la croissance. L’euro plombe tout espoir de faire marcher un tourisme concurrencé par tous les pays méditerranéen hors euro, la Turquie en particulier. Les pays faibles sont condamnés à s’appauvrir au profit des pays forts et les disparités ont une tendance structurelle à augmenter. La réduction des écarts entre ces deux blocs forts et faibles, en gros nord et sud, ne tient qu’au renflouement des pays forts. Cette situation ne peut perdurer d’autant plus qu’elle s’aggrave !
La France se situe dans un équilibre précaire en tant que pays faible parmi les forts du nord et fort parmi les faibles du sud. Elle s’accroche désespérément aux basques de l’Allemagne dans l’illusion qu’elle pourra relancer son industrie au niveau de celle de son voisin. Même si tel était le cas, cela demandera des années et la situation se sera aggravée entre temps. Nous continuerons à creuser la dette, car nous ne tiendrons pas plus demain nos engagements que nous les tenons aujourd’hui. Nous décrochons toujours par rapport à l’Allemagne et les investisseurs nous le font comprendre.
La sortie de l’euro est programmée par de nombreuses grandes entreprises mais ce qui reste une inconnue c’est quand ? Qui ? Et comment ? Le manque de volonté politique des deux principaux partis français laisse peu de chances à une sortie volontaire de ce pays, seul ou en entraînant d’autres. Par ailleurs une sortie à 17 atteindra difficilement un consensus général. Ce serait sans aucun doute la meilleure solution. Elle pourrait se programmer un week-end lors de la fermeture des banques, chacun reprenant sa monnaie.
Il est à craindre que, dans une situation où le bateau prend du gîte, l’équipage ne mise sur une évacuation des eaux, les obligations pourries, pour rééquilibrer le navire et persiste jusqu’à ce qu’il coule. C’est ce qui se produit actuellement, on écope, on écope et on recharge le ballast du côté opposé au gîte… mais le navire gîte de plus en plus. On peut donc craindre que la sortie de l’euro soit désordonnée et cette situation amènera non seulement des déséquilibres économiques, qui mettront très longtemps à s’atténuer, mais en plus des désordres sociaux difficilement contrôlables.
La partition de l’Union européenne en plusieurs zones où notre pays s’accrocherait à l’euromark serait encore plus catastrophique que la situation actuelle. Notre écart par rapport à l’Allemagne continuerait à grandir et nous serions encore moins compétitifs par rapport aux autres pays européens hors euro.
Il est de plus en plus urgent de sortir de l’euro et de le faire dans les meilleures conditions et en concertation si possible mais plus la France attend plus la sortie sera douloureuse et la décision difficile à prendre. La gangrène est dans le pied de notre jambe et plus nous attendons plus il faudra la couper haut ! Il faut craindre que les présidentielles paralysent les décisions des plus convaincus et des plus hardis malgré la cohorte d’économistes et de banquiers qui grossit chaque jour pour recommander cette sortie.
Un homme bancal sur un bateau ivre
Ne peut que périr dans une mer démontée.
Claude Trouvé