vendredi 2 décembre 2011

Un coup de pub avant le coup de barre !


1er décembre 2011. Ma première réaction après le discours du président est de déplorer que celui-ci ait choisi Toulon, pour un « bis » de son discours du 25 septembre 2008  dans un meeting à grands frais, soigneusement filtré et rempli. Pour ne nous donner qu’un flou de grandes lignes, sans que nous sachions ce sur quoi tout cela va déboucher, la télévision aurait suffi. Il y avait visiblement l'envie du candidat de faire croire à un consensus du peuple, qui n'a d'ailleurs pas pu s'exprimer. Affronter Angela Merkel demande un petit remontant (les talonnettes ne suffisent pas) quand on n’est pas au mieux dans les sondages !

Pour l’entame du discours le maniement de la peur est la vieille recette, utilisée par lui et les Verts, qui nous a été resservie. Souvenez-vous : « Si j’ai voulu m’adresser ce soir aux Français, c’est parce que la situation de notre pays l’exige. Je mesure la responsabilité qui est la mienne dans les circonstances exceptionnelles où nous nous trouvons. […] Comme partout dans le monde, les Français ont peur pour leurs économies, pour leur emploi, pour leur pouvoir d’achat. […] La peur est la principale menace qui pèse aujourd’hui sur l’économie. Il faut vaincre cette peur. C’est la tâche la plus urgente. On ne la vaincra pas, on ne rétablira pas la confiance en mentant mais en disant la vérité. »

La première partie du discours, aux accents gaulliens et qui sentait le Henri Guaino, était une belle envolée mais aussi un constat d'échec de sa politique. En effet, dans la crise que nous traversons et malgré ses dires, nous n'avons pas, sur l'endettement et le chômage, fait mieux que la moyenne des autres pays, et moins bien que l'Allemagne. Pour le reste nous sommes dans le flou d'un président qui sent que les traités sur l'Europe sont mauvais et l’Europe mal construite. Mais qui s’est piégé par ses cris de victoire poussés après la signature du traité de Lisbonne dont il revendiquait la paternité ?

L'avenir d'un duo franco-allemand est basé sur des divergences économiques et budgétaires de fond. L'Europe, réduite à une dichotomie des pays entre les bons et les mauvais, est une Europe détricotée. Si nous intégrons le groupe des meilleurs pays, nous risquons d'être le maillon faible et considérés rapidement comme un boulet par les allemands. La modification des traités, appelée de ses vœux, demande le vote des parlements pour le moins. Nous aurons alors le temps de voir mourir l'euro avant que les 27 pays soient d'accord. Réduire l'accord à 17, voire moins c'est la mort de l'UE et de l'euro. Les accords bilatéraux sont aussi un déni de l'Europe. Ça sent déjà le moisi !

Le « travailler plus pour gagner plus » est devenu « travailler plus pour éviter de gagner moins ». Encore faut-il qu'il y ait du travail alors que le chômage grandit, que la population s'accroit plus vite qu'ailleurs, grâce à l'immigration et surtout à la fécondité des nouveaux arrivants. En conclusion, la deuxième partie du discours est vide d'actions concrètes et d'objectifs clairs. Alors le but ne peut être qu'électoraliste ou pire un remontant pour looser, sinon il aurait pu attendre le 9 décembre pour que soient au moins finalisées les propositions à faire à l'Europe. Il était toujours temps d'y préparer les français. Le sauveur de l'Europe ne pouvait attendre ?

Quand au discours alambiqué sur la perte de contrôle, budgétaire et même fiscal sans perte de souveraineté, sur des actions fédéralistes dans le respect des souverainetés, il relève d'un exercice de haute voltige. Cela me rappelle l'abandon du protectorat du Maroc avec cette belle phrase lors du passage de témoin :"Le Maroc va désormais vivre son indépendance dans l'interdépendance". On sait comment tout cela s’est terminé.

Une chose est sûre, si nous n'avons pas eu un brillant économiste à la tête de l'Etat, nous savons que nous avons un visionnaire qui voit l'avenir à travers un obscur prisme allemand... en toute indépendance. « Je redis donc, à quel point il me paraît nécessaire que les chefs d’Etat et de gouvernement des principaux pays concernés se réunissent avant la fin de l’année pour tirer les leçons de la crise financière et coordonner leurs efforts pour rétablir la confiance. J’ai fait cette proposition en plein accord avec la chancelière allemande, Madame Merkel, avec qui je m’en suis entretenu et qui partage les mêmes préoccupations à propos de la crise financière et sur les leçons qu’il va falloir en tirer. » Discours du 02/11/12 ? Non du 25/09/08 !

Quand tu ne vois pas clair,

Allume ta lanterne, pas celle des autres,

Ils ne sont obligés ni de te précéder ni de te suivre !

Claude Trouvé