Il est bien temps de louer le « made in France » après avoir vanté l’euro qui vacille désormais, après avoir floué les français qui ont voté NON à la Constitution Européenne, après avoir laissé siffler la Marseillaise, après avoir poussé les français à se reconnaître avant tout européen, après avoir souhaité une Europe fédérale ou une gouvernance européenne. Depuis plus de dix ans on éduque les français à l’idée européenne sans y parvenir d’ailleurs. Mais le résultat est une perte de notre identité.
Notre drapeau flotte rarement aux fenêtres car la peur est née de voir ce geste être mal interprété. Les petits pays du nord n’ont pas cette fausse pudeur, ils ont gardé la fierté de leur drapeau et de leur identité, ils l’affichent. On a stigmatisé et ringardisé l’attitude franchouillarde, le béret et la baguette de pain. On a supprimé le service militaire qui permettait aux jeunes de comprendre qu’une nation ne survit que si elle croit en elle et prépare la guerre en temps de paix, paix qui n’est jamais acquise qu’à ce prix. On inculque le droit d’ingérence dans les autres pays pour des motifs qui n’ont plus rien à voir avec la défense du territoire. On juxtapose des immigrés qui ne se reconnaissent plus dans notre pays mais dans leur culture d’origine. On délivre ainsi une image brouillée.
Le « made in France » n’a de sens que si le sentiment national est fort et pousse l’acheteur à chercher ce label, à éventuellement consentir un effort supplémentaire de son porte-monnaie. Cet acte est d’autant plus facile que les revenus de l’acheteur sont élevés, mais la période d’austérité, dans laquelle nous rentrons, forcera nombre de consommateurs à serrer les dépenses. Seuls les produits de luxe seront moins touchés.
Enfin c’est une vieille recette, qui n’a de véritable valeur que lorsque nous sommes en mesure de produire des produits à des prix concurrentiels ou introuvables ailleurs. Les supermarchés regorgent de produits venus de pays étrangers, moins chers et parfois meilleurs, proposés même hors saison. Par ailleurs le « made in France » ne peut échapper à des mesures de protectionnisme, puisqu’il est lui-même une mesure protectionniste. Le protectionnisme revient ainsi à demi-mot après avoir été vilipendé par tous ceux qui prônent en chœur le « made in France ».
On peut donc s’étonner du retour de cette vielle recette qui ne peut aboutir, tant elle est reliée au sentiment de nation que l’on s’est acharné à détruire, et remet en cause cette Europe à relent fédéral vers laquelle les partis majoritaires nous entraînent malgré nous. Ce n’est au mieux qu’un long chemin de reconstruction de notre tissu industriel, de nos PMI, PME, artisans, paysans et pêcheurs ainsi que surtout de réappropriation de notre identité. Il suppose déjà que le vieux rêve de l’Europe fédérale soit remis aux calendes grecques, car la Grèce justement a ses jours comptés dans l’euro.
Dans la bouche de nos candidats ce n’est pour l’instant qu’un miroir aux alouettes pour un futur paradisiaque alors qu’aucune des conditions de réussite n’est proposée par ailleurs. Le travailleur français ne manque pas d’intelligence, il a prouvé qu’il savait bien travailler mais une chose lui manque désormais, c’est le cœur au travail sans lequel la mollesse des délices de Capoue devient le refuge du désenchantement. Le « Made in France » restera seulement un gadget électoral si un grand élan, général et prioritaire, n'est pas donné sur les sentiers abrupts de la reconquête de l’identité nationale. Des idées neuves, des hommes ou femmes neufs, made in France, visionnaires, courageux et intègres ne peuvent se trouver parmi ceux qui nous conduisent à la faillite depuis trente ans.
Même ferré de neuf,
Le meilleur cheval ne peut gagner sa course
Que s’il a confiance en son jockey !
(Citation de mon grand-père)
Claude Trouvé