Lorsque l’on évoque la sortie de l’euro, l’argument-massue, développé par les agitateurs du spectre du catastrophisme, est l’augmentation brutale et insoutenable de la dette. Il faut dire de suite que la sortie de l’euro doit s’accompagner de l’abandon de la règle des traités imposant aux états d’emprunter auprès des banques privées et non auprès d’une banque centrale.
Cette condition étant remplie et la sortie de l’euro étant possible avant la fin 2011, qu’en est-il de l’argument dissuasif de l’augmentation de la dette pour la France ?
La dette finale devrait s’élever à 1782Mds€ en 2011. La dette se répartit en 65% environ envers des pays étrangers et le reste à partir d’emprunts français soit 1158Mds€ à l’étranger et 624Mds€ en France. Si l’on crée un nouveau franc dévalué de 17% par rapport à l’euro, il se trouverait à un niveau de 1,15$ au lieu d’un euro à 1,34$ actuellement par rapport au dollar. On aurait 1F = 1,15$, comme lors de la création de l'Euro, et 1Euro = 1,17F.
En conséquence, la dette étant réévaluée en francs, sa part à l’étranger passerait à 1355MdsF et celle en France se convertirait en 624MdsF. La dette totale 2011 s’élèverait donc à 1979MdsF, en augmentation de 197MdsF. Ceci est imparable, mais sachant que pour l’instant nous ne remboursons pas la dette, ce qui nous importe au premier chef, c’est les intérêts annuels que nous devons verser en 2012.
En 2012 il est prévu à ce jour un déficit du budget de 80,3Mds€ que l’on estimera donc converti en 80,3MdsF, l’essentiel des ressources et dépenses étant faites sur le territoire français et couvertes par un emprunt à la Banque de France. A cela vient s’ajouter les amortissements de la dette cumulée en 2011. La part des dettes en France s’élève donc à 624 + 80 = 724,3MdsF. Cet emprunt, étant alors financé auprès de la Banque de France, nous prendrons une hypothèse de 0,5% de la Banque de France pour les prêts à l’Etat soit de l’ordre de ce qui est pratiqué par la BCE et la Fed. Cela entraînerait un intérêt annuel supplémentaire de l’ordre de 3,6MdsF.
Dans la mesure où la dette cumulée de 2011, concernant les prêts de l’étranger, ne serait pas rachetée, il faut continuer à en payer les amortissements. Ceux-ci ne peuvent être affectés par notre sortie de l’Euro puisque les taux ont été fixés antérieurement. En gros ils représentent la part du remboursement d’amortissements de 2011, annoncés à 95,4milliards d'euros, au prorata de leur valeur soit 95,4 * 1355/1782,1 = 87,2Mds d'euros soit 102,0MdsF. La dette s’élèverait donc finalement à 1979 + 83,6(déficit) + 102,0(amortissements dette) = 2164,6MdsF soit 1850,1 milliards d'euros. Les intérêts annuels représenteraient un montant égal à : 3,6 (intérêt déficit 2012) + 87,2 (intérêts dette) = 90,8Mds€ soit 106,2MdsF.
Si nous ne sortons pas de l’Euro et en supposant que notre note AAA soit maintenue, ce qui n’a rien de probable, le déficit budgétaire est de 80,3Mds€ qu’il faut emprunter. Un calcul simple, que je ne développerais pas ici, montre, qu’au prorata des sommes empruntées comme fait ci-dessus, l’intérêt annuel serait de 105,3Mds€, soit 9,9Mds€ de plus qu’en 2011. La dette serait alors de 1782,1 + 80,3 + 105,3 = 1967,8Mds€.
Les résultats de cette approche peuvent se résumer dans le tableau ci-dessous :
Rubriques | Sortie de l’Euro + BDF | Maintien zone euro | Ecart en sortie de l’Euro |
Intérêts 2012 en Mds€ (MdsF) | 90,8 (106,2) | 105,3 | -14,5 |
Dette fin 2012 en Mds€ (MdsF) | 1850,1 (2146,5) | 1967,8 | -117,7 |
Cette étude est une approche qui suppose que le déficit du budget n’est pas affecté d’une façon très importante par les ressources et charges du commerce extérieur c’est-à-dire que le surcoût de nos importations est compensé par une augmentation des exportations au niveau des rentrées fiscales. Le renchérissement des produits qui ne sont pas de première nécessité devraient en limiter la consommation donc l’importation. On peut raisonnablement penser que nos industries seraient fortement dopées. Nombre d’industriels redeviennent compétitifs dans les pays occidentaux et en meilleure position en Chine.
Le but était ici de faire taire cette appréhension du renchérissement immédiat de la dette, réflexe normal à première vue, mais qui s’avère complètement faux si l’on y regarde de plus près. La sortie de l’Euro est une décision politique et non économique.
La sortie de l’Euro redonne au contraire une chance à la France.
Encore faut-il avouer que l’on s’est trompé
Et affronter les grandes puissances financières.
Aucun des deux principaux candidats n’y est prêt.
Le MPF oui !
Claude Trouvé