lundi 4 septembre 2017

Trois faux-nez de la politique française (4ème partie)



Dans l’article précédent la variation du PIB/habitant s’est avérée décroissante avec la baisse de l’impôt sur le bénéfice des entreprises, ce qui est totalement opposé au discours du Medef repris par le gouvernement. La Grèce s’est avérée un cas particulier qui fausse la vue générale sur ce point. Le graphique ci-joint reprend le graphique de l’article précédent en excluant la Grèce. Ceci rend la liaison suffisamment significative pour qu’elle ne soit pas due au hasard. On remarquera les belles performances de la Hongrie, de la République Tchèque et de l’Allemagne qui ont tiré parti d’une baisse de l’impôt sur les sociétés pour augmenter leur PIB/habitant. On note que seuls deux pays, la Slovaquie et l’Estonie ont réussi à augmenter le PIB/habitant tout en relevant l’impôt sur les sociétés. On note que la France, malgré une baisse de l’impôt sur les sociétés n’a fait que diminuer le PIB/habitant.
 
On peut examiner les impôts et taxes sur les productions et les importations pour voir si la tendance générale se confirme aussi sur ceux-ci. L’examen sur l’ensemble des pays de l’UE ne dégage aucune liaison significative. Mais si l’on se restreint à la zone euro le graphique ci-contre montre une forte tendance à la baisse du PIB/habitant avec l’augmentation des impôts sur les productions évaluées en ratio par rapport au PIB. L’impact est très fort puisque 1% sur ces impôts entraîne 10 points de plus sur le PIB/habitant. L’effet sur le PIB/habitant entre l’Irlande et la Grèce est spectaculaire. La France ne brille pas devant l’Allemagne, la Belgique, et les Pays-Bas. On constate que les baisses de la pression fiscale ont des effets plus ou moins forts sur le PIB/habitant suivant l’endroit où on les applique !



Il est intéressant de regarder comment réagissent les pays à fort PIB/habitant à savoir la Suisse, la Norvège, l’Islande, la Suède et le Danemark. La liaison est forte mais l’impact est moindre. Ceci montre que l’intérêt de la baisse de ces impôts ne disparait pas au fur et à mesure que le PIB/habitant croît.


Cette étude montre combien la politique imposée par l’UE à la France est suicidaire pour la très grande majorité des français. Elle est basée sur un postulat selon lequel la baisse des impôts sur les sociétés et le dumping social est le moteur d’une économie de croissance. Le CICE et les mesures envisagées sur le coût de travail, la baisse de l’impôt sur les sociétés, les aides diverses aux entreprises et la politique migratoire qui amène de la main-d’œuvre sont les grandes lignes de la politique économique que l’on impose à nos concitoyens. Pour faire accepter sans révolte les coupes sombres aux collectivités territoriales et l’élévation probable des taxes qui doivent permettre de financer le plan entreprises, on promet croissance et baisse du chômage. 

En fait la politique entreprise n’est pas tournée vers l’amélioration du pouvoir d’achat des consommateurs, mais vers la maximisation des profits des entreprises. Or on ne peut nier qu’un pays où le consommateur peut beaucoup dépenser va voir ses entreprises produire plus et payer plus d’impôts. C’est donc la politique d’amélioration du PIB/habitant, le meilleur indicateur de la croissance, qui est l’objectif et non pas la maximisation des profits des entrepreneurs. Ceci est fondamental à comprendre car cela pose d’emblée le problème des moyens pour parvenir à cette croissance. L’étude présentée ici montre que justement le meilleur moyen n’est pas l‘aide de l’État aux entreprises mais au contraire l’aide à consommer pour le citoyen. Ceci exclut la pression sur les salaires, et les baisses des impôts frappant les entreprises. L’argent de l’État est plus productif ailleurs. La baisse de l’impôt sur le revenu et la TVA sont donc les cibles privilégiées parce qu’ils ont un impact direct sur la consommation. Toute l’étude présentée ici aboutit à ce résultat grâce aux comparaisons avec les pays européens.

Or nous allons vers une autre politique, celle de l’élite mondiale, qui privilégie les très grandes entreprises dont les bénéfices ne cessent de croître au fur et à mesure qu’elles échappent à l’impôt. La santé de nos petites et moyennes entreprises passe par la baisse de la pression fiscale sur le consommateur. Diminuer les salaires diminue le PIB/habitant donc le pouvoir d’achat. Ce constat n’est pas un constat de gauche mais il est apolitique. La politique économique de Macron est une politique de l’élite mondiale. Prendre de l’argent aux retraités pour permettre l’allègement du coût du travail, c’est déshabiller Paul pour habiller Pierre. Cela retire du pouvoir d’achat à une catégorie de citoyens et diminue leur consommation. Cela va à contre-courant  et finit par agir négativement sur le PIB/habitant. Le chômage n’est qu’une résultante de la politique économique et est insensible au coût de la main-d’œuvre. Si le PIB/habitant croît c’est que le consommateur consomme. Tout ce qui l’empêche de consommer est destructeur de la croissance. C’est lui le moteur de l’économie et non les entreprises. 

Plus l’État exerce sa pression fiscale sur le consommateur, plus celui-ci restreint ses achats et moins les entreprises produisent. Offrir des produits à des consommateurs sans argent n’a jamais fait croître la demande. Le Medef n’a aucune envie de diminuer ses bénéfices pour le bien du consommateur ou le salarié. Il prône une politique qui n’est orientée que vers lui-même. La captation des deniers de l’État par les entreprises est autant de moins que celui-ci va devoir trouver dans les impôts et taxes sur les particuliers. Ceux-ci étant de moins en moins nombreux à payer l’impôt sur le revenu c’est la classe moyenne qui est la vache à lait de l’État.
 
La politique économique française et européenne de l’élite 

Est une arnaque sur le travail et le pouvoir d’achat

Au profit des plus nantis et des multinationales. 

C’est un pompage de bas en haut de l’argent

D’un peuple à qui l’on scie les moyens 

De se faire entendre en l’enfumant

Et en réduisant les libertés 

D’une démocratie

En péril !


Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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