dimanche 24 septembre 2017

France molle et Europe malade de son avancée fédéraliste (4ème partie)



Dans les trois articles précédents l’inefficacité de l’augmentation des exportations et de la plus grande ouverture des entreprises au marché mondial par des aides de l’État a été le cœur du sujet. Si le but visé est l’enrichissement des entreprises exportatrices, cette orientation leur est favorable, mais les retombées sont faibles sur le PIB/habitant et le taux d’emploi. Beaucoup d’argent se disperse ailleurs que dans les caisses de l’État et n’augmente pas le PIB/habitant. L’augmentation, souvent corrélative, des importations et les délocalisations vient détruire une grande partie des gains sur le PIB/habitant et le taux d’emploi obtenu grâce aux exportations. En gros la politique mondialiste de maximisation des échanges commerciaux profite essentiellement aux grands lobbies et est la tarte à la crème que l’on sert au peuple avec l’espoir d’une baisse du chômage. Force est de constater que celui-ci n’a pas vu grand-chose du million d’emploi en plus promis par le Medef mais que les milliards accordés se sont retrouvés dans les taxes et les impôts ou l’austérité budgétaire.

La pression continuelle du Medef pour faire baisser les impôts sur les sociétés ne trouve d’ailleurs pas la preuve de son efficacité en regardant ce qui se passe dans les différents pays de l’UE. Les deux graphiques ci-contre donnant l’impact de la variation de la pression fiscale sur le PIB/habitant donnent une vision différente de celle du Medef. Le graphique du haut montre les variations du PIB/habitant et de l’impôt sur les sociétés avec les données disponibles à Eurostat sur une période commençant en 2007. Si l’on exclut les pays de l’Est (Hongrie, Slovaquie, Tchéquie), un lien fort se fait jour entre ces deux indicateurs. Mais, à contrario des souhaits du Medef, le PIB/habitant est corrélé positivement avec l’impôt sur les bénéfices des sociétés. Si cet impôt grève les bénéfices des sociétés, il est favorable au PIB/habitant, indicateur important pour l’ensemble de la population ! 

Le graphique du bas s’intéresse à la pression fiscale globale, particuliers et sociétés. Il montre un lien fort existant entre le PIB/habitant et les recettes fiscales. Mais cette fois, plus la pression fiscale est forte, plus le PIB/habitant décroît. Ceci rejoint cette phrase bien connue de certains économistes : « Trop d’impôt tue l’impôt ». Si sur le premier graphique, la France occupait une position moyenne, elle se distingue par une pression fiscale forte sur le graphique du bas. Autrement dit, la France n’a aucune raison de baisser les impôts sur les bénéfices des sociétés, mais une bonne raison de baisser la pression fiscale sur les particuliers ! Voilà un constat qui démontre que la voie suivie actuelle va à contre-sens du bien du peuple et accompagne l’enrichissement des sociétés dont essentiellement des plus grandes et des sociétés exportatrices.

Mais il y a plus clair encore sur l’impasse où la politique française actuelle ne cherche qu’à exploiter le peuple pour les puissances de l’argent. On ne cesse de nous convaincre que le coût de la main-d’œuvre est la clé de la compétitivité française. Mais la compétitivité n’a de sens que dans le commerce extérieur dont nous avons vu qu’il profite essentiellement aux sociétés qui s’y adonnent, donc surtout les plus grandes. Donc baisser le coût de la main-d’œuvre par celui des charges sociales donnera le même résultat que sur le premier graphique, donc une baisse du PIB/habitant au profit des sociétés exportatrices. Mais de plus on constate sur le graphique ci-contre qu’il y a un lien très fort entre la variation du PIB/habitant et celle du coût de la main-d’œuvre sur la période récente du précédent quinquennat de Hollande. Contrairement à tout ce qu’on nous raconte, la hausse du coût de la main-d’œuvre est liée à l’augmentation du PIB/habitant ! Ceci se voit comme le nez au milieu de la figure, cela en surprendra beaucoup mais les chiffres des statistiques Eurostat ne peuvent pas mentir. 

En gros, dans le coût de la main-d’œuvre, il y a les charges sociales et les salaires. On nous dit que les salaires doivent être maintenus au plus bas. D’ailleurs la politique qui consiste à introduire de plus en plus de monde par la politique migratoire est une façon de contrôler le coût salarial par la simple loi de l’offre et de la demande. Le graphique ci-contre montre les variations des salaires et du PIB/habitant. Le lien entre les deux est très fort. Mais contrairement à la pensée unique, l’augmentation des salaires profite strictement au PIB/habitant ! L’enfumage des esprits de nos concitoyens leur inculque la notion exactement inverse ! On remarque que la France se retrouve au niveau de la Croatie et dans la zone des faibles variations du PIB/habitant et des bas salaires. Le Royaume-Uni tire visiblement une partie de l’augmentation de son PIB/habitant d’une autre source que les salaires qui sont légèrement plus bas que ceux de la France. On a vu dans le précédent article que cela ne provient pas non plus de la hausse de ses exportations. Par contre ses importations ont significativement baissé, ce qui montre une réindustrialisation du pays. Retenons qu’une hausse des salaires de 10% peut augmenter de 6,7% le PIB/habitant soit 150 milliards sur le PIB ou 0,2% sur le fameux 3% du déficit/PIB !

Il faut terminer cette étude des indicateurs par l’impact des salaires sur le taux d’emploi qui est un indicateur plus précis que le taux de chômage, car il touche l’ensemble des salariés au travail à plein temps ou non. Le graphique ci-contre montre le lien très fort entre le taux d’emploi et les salaires. Contrairement à tout ce qui est inculqué dans l’esprit des français, la hausse des salaires fait progresser le PIB/habitant ! Voilà que le deuxième indicateur nous indique la politique de baisse du coût de main-d’œuvre, obtenu par la baisse des salaires, des charges ou des impôts des sociétés, va à l’encontre de la hausse du taux d’emploi et du chômage, ainsi que du PIB/habitant. Retenons que 10% d’augmentation des salaires peut faire gagner par rapport à l’année précédente 6,7% sur le PIB/habitant, en gros plus de 6% sur le PIB, et 3% sur le taux d’emploi. 

Ceci reste une potentialité qui nous est offerte mais d’autres indicateurs influent sur certains pays et viennent augmenter ou diminuer l’impact sur le PIB/habitant et le taux d’emploi. On voit ainsi que la France n’obtient pas le résultat potentiel attendu alors que l’Espagne le dépasse. Ceci nécessite une analyse multifactorielle plus complexe. Mais ceci définit néanmoins les axes prioritaires d’une politique économico-sociale qui va vers l’amélioration du pouvoir d’achat et de l’accès au travail tout en restant attractive pour les sociétés. Alors quels sont ces principes de base d’une politique atteignant ce double objectif ? Le retour vers le peuple s’obtient par la hausse progressive des salaires au-dessus de l’inflation et la baisse des taxes et des impôts sur les particuliers. L’attractivité pour les entrepreneurs et les investisseurs s’obtient par l’aide à la baisse des coûts de production, dont la réduction des contraintes administratives et techniques (normes européennes inutiles dans le marché national par exemple), les prêts d’Etat pour l’investissement au taux de la BCE et non des banques, etc. A ce propos la surcharge de travail des entreprises par l’impôt envisagé à la source et le compte pénibilité sont par exemple des boulets qui finissent par diminuer la compétitivité. Par contre les subventions et les baisses d’impôts et de charges des entreprises sont contre-productives et vont à l’encontre du simple principe de l’économie libérale.

Mais la construction d’une politique socio-économique selon ses principes ne peut être envisagée dans le cadre de l’UE qui défend une politique totalement différente. Le simple rejet de certaines normes européennes très contraignantes sur le marché intérieur n’est pas envisageable. De même éviter, par une baisse de la parité euro/dollar pour compenser,+ sur le marché extérieur, la perte de compétitivité due à la hausse des salaires ne nous est pas permise. Ceci est d’autant plus impossible que le peuple est drogué au catastrophisme de la sortie de l’euro et de l’UE. Nous parlerons donc de la politique socio-économique face à l’antagonisme des slogans et de la réalité dans un prochain article.

La trajectoire actuelle de la politique économico-sociale 

Est cadrée sur l’enrichissement des plus riches

Et sur le maintien en servilité contrôlée 

D’un peuple désinformé et enfumé !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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