Demain une bonne
moitié de la France va se diriger vers les urnes. La majeure partie votera pour
un candidat ou un parti selon sa préférence, l’autre barrera rageusement le
candidat honni ou se défoulera par des graffitis de plus ou moins bon goût ou
bien encore laissera une enveloppe vide en se demandant si le préposé au « A
voté » ne va pas deviner qu’il a voté blanc. Ce dernier est soit motivé
par le « qu’en dira-t-on », qui a son importance dans les petites
communes soit considère que l’on doit toujours voter pour sauver la démocratie,
en particulier chez les femmes d’un certain âge qui repensent à leur mère qui a
pu voter contrairement à sa propre mère. Malheureusement ce vote est parfaitement
inutile dans la comptabilité actuelle qui ne prend pas ces votes blancs ou nuls
pour afficher les pourcentages de voix obtenus par les différents candidats. Ce
sont les chiffres qui resteront dans les médias, dans les mémoires et dans les
conséquences électorales et financières. Un autre chiffre est surveillé, c’est
le taux d’abstention, car lui diminue d’autant les pourcentages obtenus par les
différents candidats. En conséquence le vote blanc ou nul n’a aucune importance
réelle sur les résultats d’une consultation, et n’apporte rien au
fonctionnement de la démocratie. Il reste un exutoire, soutenu par les
politiques, parce qu’il n’a pas d’influence sur leur résultat, c’est pour cela
que son intégration aux abstentions est toujours repoussée.
Voter
utile, c’est donner le vrai visage d’une consultation du peuple, ce ne peut
être autre chose. Voter utile c’est voter pour ses convictions puisque l’on
vous donne l’occasion de les exprimer. L’abstention est un vote utile parce qu’il
est l’expression d’un ni-ni, l’affirmation que l’offre politique ne vous
convient pas. Par exemple si vous êtes partisans d’une Europe gaullienne, une
Europe des nations, et non à une Europe fédérale et qu’aucune proposition ne
vous offre ce choix, votre devoir est l’abstention et non de voter pour des
politiques qui par ailleurs vous semblent plus proches de vos autres idées. L’abstention
est une arme qui permet aux politiques, au pouvoir en particulier, de mesurer l’adhésion
réelle de la population. Emmanuel Macron n’a pas si brillamment que cela réussi
son arrivée au pouvoir. Moins d’un français sur trois l’a désigné si l’on tient
compte des abstentions et des non-inscrits. Pourtant il est très probable qu’il
disposera d’une majorité absolue.
Il
faut alors se pencher sur le vote utile de choix d’un candidat. Beaucoup pense
que voter utile c’est voter pour celui qui est le plus représentatif même s’il
correspond moins qu’un autre à ses propres convictions. C’est cela même qui
pourrit le fonctionnement de la démocratie. C’est le fonctionnement de la quatrième
république, celle des combines, arrangements entre les partis, et les fameux
désistements. Cette attitude est particulièrement grave dans le cas d’un parti considéré
au départ comme majoritaire pour les législatives. La mécanique du système
électoral est bâtie sur le principe du bonus donné au parti arrivé en tête au
second tour dans le but de donner une bonne assise au gouvernement. L’attitude
de l’électeur qui consiste à dire : « je ne suis pas vraiment d’accord
avec ce parti mais je veux assurer une bonne représentation en députés »
revient à faire une surenchère sur la surenchère. Où est alors le bon
fonctionnement de la démocratie ? Autant alors avoir une monarchie
parlementaire où le plein pouvoir est donné automatiquement en cas de victoire
quel que soit le taux de citoyens que cela représente.
Il n’y
a aucune raison démocratique valable de faire de la surenchère au carré. La
représentation parlementaire n’est plus l’image de la diversité d’opinions de
son peuple, elle en exclut toute sa richesse démocratique. Par le système
électoral, un parti majoritaire en voix le sera encore beaucoup plus en nombre
de députés. Vouloir donner une majorité absolue conduit à un déni de démocratie
et à un fonctionnement de type URSS où les petits partis, de plus sont
éliminés, et les autres laminés. C’est très grave pour la démocratie. La mainmise
sur la Présidence, l’Assemblée Nationale, et ensuite le Sénat et les régions,
donne un pouvoir qu’aucune autre démocratie occidentale ne donne. N’oublions
pas que le Président français détient déjà plus de pouvoir que celui des États-Unis.
C’est diriger la France vers une démocratie napoléonienne que le vote des
électeurs acquiesçant à l’idée de l’aide à la majorité absolue conduit la France.
Les conséquences ne se feront pas attendre. Le peuple n’étant plus correctement
représenté, il cherchera à s’exprimer dans la rue et d’autant plus violemment
qu’il saura que c’est désormais la seule voix pour se faire entendre.
Si l’on
regarde ce qui se passe chez nos amis britanniques, dont la presse se réjouit
de la défaite de Theresa May, on perçoit combien le débat français sur l’UE,
savamment occulté jusqu’ici, reste une menace pour les puissances financières
qui drivent l’UE et notre pays. La défaite relative de Theresa May, qui a tenu
aux accusations de réduction des effectifs de sécurité, est saluée parce qu’elle
affaiblit sa position de négociation du Brexit. On ne cesse de relever le
moindre indice négatif de la sortie du Brexit, parce qu’on a peur de la contagion
dans le continent européen. Le vrai débat pour notre pays était celui sur l’Union
européenne, l’euro et l’OTAN. Ces défenseurs ont été mis en sourdine, et la
sortie de l’euro brandie comme un épouvantail ne demandant même aucune
démonstration. Il était d’autant plus catastrophique par nature que les
sondages affirmaient que la majorité des français y étaient défavorables.
Comment pourrait-il y être favorable sans débat contradictoire après un
matraquage de ses bienfaits depuis 20 ans ?
Les
élections législatives enterrent un peu plus ce débat de fond et les électeurs
finissent par considérer que l’urgence est ailleurs, alors qu’il se pose de
plus en plus dans les pays de l’UE. Voter utile c’est se souvenir que la
division qui s’est créée pour la Présidentielle n’était plus gauche contre
droite mais européistes contre les partisans d’en faire un sujet majeur de
débat. Parmi ces derniers il apparaissait évidemment des rebelles préconisant
des politiques différentes mais tous présentaient une résistance à l’UE
actuelle. Il ne faut pas oublier que ces deux camps existent toujours et que
les évènements futurs dans l’UE rallumeront la mèche. Voter utile c’est aussi
donner le maximum de chances d’exister à ceux qui défendent des positions du
camp le plus faible, déjà divisé au départ par ses origines plus ou moins extrémistes.
Les notions de gauche et droite ont été foulées aux pieds. Le mouvement européiste
En Marche se veut ni de gauche ni de droite. Il serait bon qu’il en soit de
même dans l’autre camp et que la démocratie puisse jouer son véritable rôle en
permettant une information correcte des citoyens en favorisant ceux qui
défendent le rassemblement de ceux qui viennent de tous les horizons politiques
pour que le débat qui va inévitablement surgir reste d’actualité.
Voter utile c’est voter pour ses
convictions
Ce n’est pas donner au plus offrant
Une chance supplémentaire !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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