On ne peut espérer soulever le voile
de notre avenir collectif sans se pencher sur la France par le haut et regarder
par le bas nos concitoyens d’aujourd’hui. La première question est celle à
laquelle les français n’ont pas pu répondre parce qu’elle ne leur a pas été
posée, ou tellement mise en sourdine qu’elle est restée inaudible, c’est celle
à laquelle avait répondu De Gaulle : « La France veut-elle rester la France ?». Cette non-réponse des français nous
entraîne dans une situation non assumée où notre Président nous bloque dans une
Union Européenne, dont il prétend changer le mode de fonctionnement pour
construire « une Europe qui protège ». Mais ce discours n’est qu’une
redite de ce qui nous a été vendu à la fin du siècle dernier, or s’il éprouve
le besoin de le redire c’est que le but n’a pas été atteint. Le peuple a
pourtant dit clairement qu’il ne voulait pas s’enchaîner à une UE qui sentait
le parfum d’un fédéralisme technocratique en votant contre la Constitution
Européenne. Macron ou son prédécesseur a-t-il lancé un référendum qui l’autorise,
au nom du peuple, à vouloir à nouveau essayer de réussir l’Europe qui protège ?
Évidemment non, le fait que 14% des électeurs inscrits
aient voté pour lui suffit à valider un tel choix, ce qui laisse à penser que
la majorité des français se désintéresse de ce choix ou ne l’approuve pas.
Comment le savoir si on ne leur pose pas la question ? Poser la question « Voulez-vous sortir de l’euro ? »,
ce qui est souvent sous-jacent dans cette approche, est réducteur et biaisé
après vingt ans de propagande basée sur le catastrophisme d’une sortie de l’euro.
C’est sonnant et trébuchant, et 99% des électeurs n’ont pas les arguments pour
s’y opposer tout simplement parce que ceux-ci sont couverts par le vacarme
médiatique des européistes. La vraie question, la question fondamentale qu’il
faut poser c’est : « Voulez-vous ou non que la France perde son indépendance
dans l’Union Européenne ? ». C’est à cette question de fond qu’on
répondu les français lors du référendum sur la Constitution européenne. Chacun
avait bien compris qu’une Constitution est une charpente institutionnelle mais
qui peut devenir un carcan si elle n’est pas ajustée à la volonté du peuple.
Depuis les référendums ont mauvaise
presse et sont carrément honnis par l’UE et sa technocratie qui détient un
pouvoir réel bien que non élue. Les récentes discussions sur l’Europe de la
Défense ont d’ailleurs abouti à adopter les propositions de la technocratie
bruxelloise largement influencée par les lobbies qui grenouillent autour et par
la grande finance. Macron entraîne donc les français dans une aventure, pilotée
par une élite du groupe Bilderberg, sans que ceux-ci aient exprimé leur volonté
et soient informés des conséquences de ce choix fait pour eux. Par exemple l’Europe
de la Défense vue par Sylvie Goulard, qui vient de quitter le Ministère des
Armées, c’est une armée intégrée où nos soldats et nos armements peuvent être
un patchwork européen où nous n’avons plus aucune indépendance de décision et
une incapacité à disposer d’armes sans faire appel aux industries des autres
pays. Sans une monnaie et une armée ayant l’indépendance de son commandement et
de ses armes, un pays n’existe plus en tant que tel. Il est une pièce d’un
puzzle dont il ne peut déterminer ce que l’ensemble des pièces va donner. Nos
citoyens en ont-ils vraiment conscience ? Sont-ils vraiment informés ?
Le veulent-ils vraiment ? Evidemment non.
François Mitterrand a inculqué dans
la tête des français que la France était devenue trop faible pour agir seule.
Il a pensé créer un couple franco-allemand où l’Allemagne serait jugulée par l’abandon
du mark en échange de sa réunification. Ce pari géopolitique s’est avéré
cruellement nocif à la France pour deux raisons. La première est que le mark,
devenu euromark par échange un pour un, était par nature adapté à l’économie
allemande. La parité qui a transformé le franc en euro s’est rapidement avérée
comme un boulet surévalué pour le commerce extérieur français. La politique d’austérité
salariale allemande, son utilisation de la main-d’œuvre bon marché des pays de
l’est voisins, le monopole des machines-outils, le choix d’un créneau automobile
porteur, etc. sont venues ajouter une aggravation dans le déficit commercial
français et une explosion positive pour notre voisine. La seconde c’est que
depuis, la nécessité de l’Europe s’est imposée comme la bouée de sauvetage dont
nous ne pouvions nous passer. Le peuple allemand a compris dans un premier
temps que l’Europe lui amenait un plus et a accepté une politique d’austérité
avec un chômage faible. L’Europe n’était pas pour lui une nécessité mais un
plus qu’il l’amène d’ailleurs à réfléchir sur l’utilité actuelle de l’euro
puisqu’elle en a tiré presque tout ce qu’elle pouvait en attendre. Les peuples
du sud, pompés par l’Allemagne, se retournent vers elle en demandant d’être
payés en retour.
Cette seconde raison est la plus
nocive car elle conduit à une démobilisation du peuple. Le paysan ne pense plus
pouvoir s’en tirer sans les subventions de la PAC européenne, le citoyen
redoute la fin de l’euro, se réfugie dans l’OTAN, sous contrôle américain, dont
les bases vont bientôt s’installer de nouveau en France et qui envoie nos
soldats en opérations extérieures de plus en plus nombreuses. On va lui faire
adopter une Europe intégrée de la défense, un carcan dont il ne pourra plus
sortir et qui ne pourra exister qu’en soutien docile de l’OTAN. Qui peut
imaginer que cette Europe de la Défense puisse se définir une politique qui ne
soit pas approuvée par les Etats-Unis alors que ceux-ci ne cessent d’implanter
leurs bases, leurs armes conventionnelles et nucléaires dans les pays européens ?
La France ne croit plus en son destin propre, or un pays qui ne croit plus en
son destin est la proie des autres pays et surtout de ceux qui y croient le
plus et qui sont les plus forts. On en arrive à lui faire accepter en même
temps « l’européisme de Macron » pour le bonheur futur et une politique de
plus en plus austère après 17 ans de promesses que l’UE est notre chance.
Il y a évidemment les prémices d’une
prise de conscience de l’arnaque de l’UE qui se préoccupe beaucoup plus de la
richesse du 0,1% des plus riches que du bonheur des autres. La France ne doit qu’aux
taux d’intérêts proches de zéro de ne pas sombrer plus rapidement, en sacrifiant
ainsi son épargne. On commence à lorgner sur les assurances-vie au niveau du
FMI, les grecs s’enfoncent de plus en plus et l’Europe qui protège leur appuie
de plus en plus sur la tête. Tsipras trompe son peuple sans vergogne et est
maintenu au pouvoir par la troïka pour faire passer l’austérité dévastatrice du
pays qui vend son patrimoine à tour de bras. Les prêts ne lui sont plus
accordés en euros mais en dollars, ce qui fait qu’il lui devient quasiment
impossible de quitter l’euro, sa dette ne serait plus convertie en drachmes avec
un drachme pour un euro mais resterait en dollars à payer en drachme dévalué de
50%. Endettée à 180% de son PIB, un doublement des nouvelles dettes en cas de
sortie, l’a contraint à tout accepter jusqu’à la mise sous tutelle totale du
pays livré aux prédateurs qui se paieront sur la bête.
Nos concitoyens ne perçoivent pas
réellement cette détresse grecque et on entend encore des propos du style « Oui
mais les grecs l’ont bien voulu, chez eux c’est le bordel et ils sont fainéants ».
D’une part ces propos sont injustes, et d’autre part nous n’en tirons aucune
conclusion pour nous-même. D’abord la Grèce était effectivement dans une
situation économique difficile mais nous avons fermé les yeux sur leurs comptes
truqués par Goldman Sachs pour rentrer dans l’euro. S’ils ont profité de l’aide
européenne au début, celle-ci s’est avérée rapidement trop faible par la
dégradation du pays due en grande partie au fait que la manne européenne les a
détournés des réformes structurelles mais surtout au handicap de l’euro pour
leur économie. Car il faut savoir que les grecs sont parmi les pays européens
qui travaillent le plus. On ne peut pas accuser les portugais de ne pas être
travailleurs et pourtant le niveau de vie y est très bas dans une Europe qui
protège.
Nos concitoyens ne voient pas que
nous allons lentement mais sûrement vers un scénario à la grecque ou à la
portugaise parce que la vitesse de descente est peu perceptible encore mais
nous descendons par rapport à la moyenne européenne. En septembre le réveil se
produira avec les retraites rognées de la CSG, les salaires vraisemblablement
en retard par rapport à l’inflation et les heures supplémentaires payées au
tarif normal. Nous percevrons que le coup d’Etat Macron est un nouveau coup de
canif dans une démocratie qui se meurt dans un système électoral désadapté et
dévoyé par les primaires, ainsi que la volonté de ne plus consulter le peuple
par référendum.
Alors la France peut-elle exister ?
Le globalisme est-il incontournable et voué à la faire disparaître ? On en
parlera dans le prochain article.
« En ces temps d’imposture
universelle,
dire la vérité est un acte
révolutionnaire. » [George Orwell.]
Sans croyance en son destin il n’y a que soumission
Et la raison du plus fort est toujours la meilleure.
L’indépendance de la France a été gagnée
Au prix du sang de tous nos ancêtres,
Son histoire ne peut s’arrêter là !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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