Alors
que la France se lance dans une abstention massive pour le premier tour des
législatives 2017, les britanniques viennent de renouveler leur Parlement après
un vote décidé par leur Premier Ministre Theresa May. Les médias nationaux et
régionaux n’ont pas ménagé leur peine pour stigmatiser celle-ci en parlant d’une
cruelle défaite pour avoir voulu conforter sa majorité et la perdre finalement.
La défaite est présentée sous l’aspect du rejet du Brexit puisque l’intention
de Theresa May était de se trouver en meilleure position de négociation avec l’UE
pour la sortie du Royaume-Uni. C’est une lecture des évènements qui est très
manipulatrice de la part des médias à la solde quasi-unanime du refus de sortie
de la France pour le plus grand bien des grandes puissances de l’argent. Au
passage d’ailleurs on voit que l’UE ne cache même plus sur sa soumission à
celles-ci puisque la Commission chargée de lutter contre la fraude va installer
ses pénates… au Luxembourg, petit pays réputé comme paradis fiscal et dont Jean-Claude
Juncker, Président de l’Eurogroupe, fut le Premier Ministre chassé pour… un
scandale financier concernant des centaines d'accords fiscaux très avantageux
conclus par des multinationales avec le fisc luxembourgeois afin d'échapper aux
impôts des autres pays européens, l’affaire Luxembourg Leaks.
La vision médiatique
française, conforme à celle du Président Macron, ne manque pas une occasion de
mettre en avant les difficultés réelles ou largement augmentées et partiales
que le Brexit est supposé créer au Royaume-Uni. Les conservateurs, le parti de
Theresa May, perd en effet 12 sièges et en garde 318, tandis que le parti
travailliste, celui de Jeremy Corbyn en gagne 31 pour atteindre 261 sièges. Les
petits partis sont laminés et le Royaume-Uni revient vers le bipartisme qui
permet un fonctionnement normal de la démocratie, et surtout sans majorité
absolue. Si les travaillistes gagnent 10 points dans les votes, les
conservateurs en gagnent ainsi 6 par rapport à 2015. Il n’y a donc pas un
véritable rejet de la politique de Theresa May.
N'oublions
pas que tout l’effort de celle-ci est dirigé vers l’ouverture des négociations
du Brexit. Or les travaillistes n’ont pas orienté leur campagne sur le Brexit
et ne l’ont pas désapprouvé. Ils ont surfé sur la diminution des effectifs de
sécurité en sautant sur l’occasion offerte par les attentats, et sur une
politique sociale rejetant l’austérité qu’avait programmée le gouvernement
conservateur. Theresa May trouvera facilement un complément à sa majorité avec
des petits partis en recul, donc assez malléables. Les électeurs conservateurs
et travaillistes représentent à eux deux plus de 80% des votes exprimés, c’est
donc un plébiscite pour le Brexit dont saura se servir le Premier Ministre
britannique dans une négociation que l’UE et la France se targuent de mener
très durement.
Cette
attitude est classique avant le début d’une négociation, mais en fait l’UE, et
en particulier l’Allemagne, n’ont pas intérêt à braquer le Royaume-Uni en
demandant des centaines de milliards alors que celui-ci est redevable de son
écot sur la durée qui la sépare encore de la sortie pendant les négociations,
et non comme le veut l’Europe de son engagement jusqu’en 2022 sur le plan d’action
européen. L’Allemagne est en effet suffisamment bénéficiaire économiquement par
sa participation à l’UE pour accepter de voir augmenter sa quote-part au budget
européen due au départ du Royaume-Uni, même si c’est le troisième contributeur
en nombre d’euros. En réalité l’Allemagne est largement exportatrice et bénéficiaire
dans ses relations commerciales avec le Royaume-Uni. On peut s’attendre à ce
que les discours sur la dureté de la négociation ne soient pas l’image réelle
de la tenue de celle-ci dans le secret des réunions sans témoins autres que les
participants.
N’en
déplaise aux tenants d’un européisme à tout crin, le Royaume-Uni va aborder
cette phase de négociation en cherchant surtout à se défaire déjà du plus grand
nombre de liens aux directives et aux normes de l’UE, tout en payant son écot.
C’est probablement sur ce point que l’UE a un moyen de pression pour négocier
le montant dû par le Royaume-Uni. En effet celui-ci a déjà commencé sa tournée
d’accord bilatéraux, principalement économiques, avec les pays du Commonwealth
et les grands pays comme la Chine et l’Inde. Elle s’ouvre de nouveau au monde
sans tutelle, sur les droits de douane en particulier. Le chômage est au plus
bas, la croissance de 2016 et les prévisions de 2017 et 2018 sont revues à la hausse.
Les capitaux et les investisseurs ne fuient pas le pays et la Livre a réajusté
la compétitivité britannique avec une dépréciation de 10%. N’oublions pas que l’euro
a fluctué entre 1,05 et 1,65 $, sans que cela ait créé de véritable catastrophe
dans le niveau de vie des français.
Au
passage on peut se demander alors pourquoi la sortie de l’euro pour la France serait
plus difficile que son entrée, et en quoi une dépréciation de 15% du nouveau
franc par rapport au dollar serait catastrophique ou même durement ressentie
sur notre niveau de vie. La France est l’un des pays offrant le maximum de
garantie aux prêteurs grâce à la hauteur de l’épargne privée, dont notre livret
d’épargne et nos assurances-vie. Ce n’est pas plus rassurant, et même moins en
restant dans l’euro, car les textes européens votés permettent de prélever une
dîme sur cette épargne en cas de faillite des banques privées après ponction des
actionnaires. Le seuil au-delà duquel on prélève l’épargne est fixé à 100.000
euros… pour l’instant. L’UE, où les sujets de discorde se multiplient, n’est
donc pas une sécurité pour notre niveau de vie. D’ailleurs la France s’en tire
moins bien que la moyenne des autres pour sa croissance. Si celle-ci est en
légère hausse, elle reste inférieure à la moyenne européenne. La comparaison
avec le Royaume-Uni ne va pas tourner à notre avantage dans les mois et années
qui viennent si nous restons dans cette fausse sécurité que représente encore l’UE,
l’euro et l’OTAN aux yeux de la plupart de nos concitoyens. Les britanniques ont
compris avant les autres et ce sont les derniers qui paieront les pots cassés.
Nous sommes repartis dans l’illusion d’un
renouveau
Qui n’est en fait qu’un changement des
hommes
Mais pas des grandes orientations
politiques.
Pour la troisième fois nous nous
attablons
Devant le même menu européen
Mais c’est la part des cuisiniers
Qui grossira à vue d’œil.
En prenant la nôtre !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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