Après
le tour de chauffe du 7 mars, les européens viennent de formuler laborieusement
le 18 mars un consensus sur une proposition de règlement de l’invasion migratoire
venant de Turquie. L’accord de façade n’échappera pas au chantage de la Turquie
et la durée des négociations entre pays européens a montré des divergences
fondamentales en particulier sur les 6 milliards à verser à la Turquie, les
visas turcs, et le redémarrage des pourparlers d’entrée dans l’UE. Ce pays a
participé à l’aspiration des réfugiés de Syrie de façon à diminuer les
capacités de résistance de Bachar El-Assad en aidant Daech dans son combat par
l’achat du pétrole, par l’accueil de bases de repli et la fourniture d’équipements.
Erdogan n’a fait aucun effort pour demander de l’aide jusqu’à maintenant. Il a
laissé les migrés, partir aux mains des passeurs dans un trafic lucratif
inavoué, et le nombre de réfugiés
croître jusqu’au moment où il a poussé des masses d’entre eux vers la Grèce
sans ignorer que cela serait insupportable pour nombre de pays européens. Il a
même sciemment préparé une bombe à retardement.
Angela
Merkel est tombée dans le panneau ou les deux étaient de connivence avec les États-Unis qui n’ont fait aucune pression sur la Turquie, alliée de l’OTAN. Le
tandem français a suivi la machine allemande et nous nous retrouvons dans une
situation qui va faire éclater l’UE sans résoudre le problème puisqu’on va
récupérer autant de migrants que nous en perdrons. De plus ceux-ci pourront
immédiatement se déplacer dans l’espace Schengen sauf dans les pays qui
laisseront leurs frontières fermées. Les 6 milliards sont un marché de dupes
que l’Allemagne accepte pour des raisons politiques s’étant trop avancée dans
ce domaine pour ne pas montrer qu’elle peut arrêter le robinet. Un accord
turco-européen serait une "bonne
opportunité de mettre fin au trafic d'êtres humains", a insisté la
chancelière allemande Angela Merkel.
Mais le robinet c’est la Turquie qui le
tient. Pour éviter de marginaliser une fois de plus la France, Angela s’est
abstenue de participer à la rencontre entre le président du Conseil européen
Donald Tusk et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu prévue à 08H30 (07H30
GMT) à Bruxelles. Elle s‘est tenue en présence du président de la Commission
européenne Jean-Claude Juncker et du Premier ministre néerlandais Mark Rutte,
dont le pays assure la présidence tournante de l'UE. Le texte final met surtout
l’accent sur les lignes rouges inacceptables par les pays défendant leur
souveraineté en la matière. Aux 845.000 migrants, entrés en Grèce en provenance
de la Turquie en 2015, viennent déjà s’ajouter 143.000 autres depuis le début
de l’année. Le texte de l’UE qui voudrait limiter à 72.000 l’accueil des
migrants « légaux » envoyés par Erdogan, soit n’est pas à la hauteur
du problème, soit ne tiendra pas longtemps sous la pression turque.
Pendant
ce temps, comme il l’avait promis en septembre dernier, Poutine commence à
retirer ses troupes en mars après une victoire incontestable, et, comme
annoncé, il laisse Bachar El-Assad continuer la reconquête de son pays. A l’exception
d’un Sukhoï-24, la Russie n’a pas subi de perte matérielle. Il devenait inutile
d’exposer plus longtemps ses soldats. L’occupation de la base de Tartous et la
nouvelle base aérienne de Hmeimim,
aussi sans doute de quelques forces spéciales, suffisent à persuader la Turquie
que Poutine ne la laissera pas agir en territoire syrien contre Bachar et sont
un message aux occidentaux sur la détermination russe d’amener des négociations
de paix et sa volonté de rejeter la condition préalable du départ de celui-ci.
Il n’est pas exclu que l’aviation russe aide la Syrie à reprendre Palmyre,
puisque Daech est toujours reconnu comme l’ennemi… enfin comme !
La
Russie sort incontestablement renforcée de cette lamentable affaire
irako-syrienne qui a tué plus de 250.000 personnes, mis des millions de
réfugiés sur les routes de l’émigration et détruit la plupart des
infrastructures et forces vives de ce pays. Le « boucher » Bachar n’est
plus celui qui a massacré 250.000 personnes et utilisé les gaz, il est devenu
le dirigeant incontournable et Hollande peut manger son chapeau. Les Etats-Unis
ont fini par comprendre que le double ou triple jeu n’aboutirait pas à la
mainmise sur la Syrie et tournent leur action de nouveau aux frontières de la
Russie, en Ukraine et dans les ex-républiques soviétiques pour ce qui concerne
cette partie du monde. Mais la nouvelle grande affaire est le Maghreb de la
Libye au Maroc où la théorie du chaos est déjà en train d’œuvrer. C’est un
nouveau foyer de guerre mondiale, dont nous reparlerons car la Russie ne
laissera pas faire, échaudée qu’elle est de n’avoir pu arrêter la première
opération libyenne.
Mais
Poutine a donné à l’Europe un magnifique cadeau, c’est la possibilité de retour
au pays pour une très grande partie des syriens émigrés. 500 villages et villes
ont été libérés des islamistes ainsi que d’importantes zones
stratégiques. Des retours de réfugiés dans leurs foyers vont pouvoir
être envisagés pour cet été. Déjà de nombreux réfugiés, en particulier en
Grèce regrettent d’être partis. Ce n’est pas avec Erdogan qu’il faut négocier
mais avec Bachar El-Assad. Celui-ci ne peut que voir d’un bon œil le retour au
pays des forces vives tant la tâche de reconstruction va être immense. Il
serait temps que François Hollande tende la main à la Syrie, façon de se
racheter de son agressivité et de son appel au meurtre. Elle a tout à y gagner
dans la collaboration avec ses services de renseignement pour lutter contre le
terrorisme et permettre à nos entreprises de participer au redémarrage de ce
pays. Ce serait plus intelligent que de participer à la mascarade avec la
Turquie qui n’intéresse au premier chef que la Grèce et l’Allemagne alors que
celle-ci porte de lourdes responsabilités.
Obnubilée par sa servilité aux USA et à
l’Allemagne
La France va encore passer à côté d’une
occasion
De penser pour elle et non pour des
puissances
Dont les intérêts ne sont pas les
nôtres.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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