Les
chiffres du chômage de février sont mauvais avec 3.591.000 demandeurs d’emploi
en catégorie A (celle du plein emploi) soit 1,1% supplémentaires en février et
2,5% en un an, avec 6.159.000 toutes catégories confondues soit 4.5% depuis un
an. Il se trouve encore des commentateurs économiques, payés pour nous dorer la
pilule, qui arrivent à tordre le raisonnement pour nous prouver le contraire.
Ils s’appuient sur le fait que les catégories B et C sont respectivement en
diminution de 0,4% et 2,7%. Ces catégories représentent les salariés
travaillant à temps partiel respectivement moins et plus de 78 heures. Si l’on
regarde les chiffres de plus près, on voit que les catégories B et C ont perdu
32.600 demandeurs pendant que la catégorie A en gagnait 38.400. Autrement dit
nous avons moins de salariés en travail partiel et plus de salariés sans
emploi. Il s’agit donc d’un glissement des salariés en travail partiel vers
plus de travail du tout, avec en prime 5.800 demandeurs sans emploi en plus
(38.400-32.600). Il y a vraiment de quoi se réjouir !
La désinformation est
toujours dans nos médias car en plus c’est 314.200 demandeurs radiés des listes
ce mois, calculés en moyenne mensuelle sur un trimestre, en regard de 100.200 reprises
d’emploi. Les radiés ne comprennent pas les stages et les arrêts pour maladie,
maternité, retraite, décès, etc. Enfin les demandeurs à Pôle emploi depuis plus
de 3 ans ont augmenté de 14,1% en un an, et les plus de 50 ans de 8,4%, ce qui
est un très mauvais signe indiquant que le travail se répartit sur une tranche
d’âge de plus en plus étroite. Les demandeurs de moins de 25 ans qui ont baissé
de 4,5% en un an ont de plus repris leur progression en février avec +0,5%.
Tous ces chiffres sont publiés par DARES.
Pourquoi
le chômage ne diminue-t-il pas alors que l’on ne cesse de nous parler de
reprise économique en cours ? La raison est sans doute dans la rentabilité
du capital investi par les entrepreneurs en France, la marge brute, dont le
pourcentage par rapport au PIB ne cesse de diminuer passant de 30% en 1968 à
21% en 2015. En effet pendant ce temps le chômage est passé de 2% à 10%. Pas d’investissements,
pas de travail, nous rappelle Charles Gave. Cet indicateur de marge brute ne
concerne pas que les entreprises du CAC40 qui font leur business à l’international,
mais tout l’entreprenariat français. La France n’est plus attractive et n’est
plus assez compétitive. Alors on peut essayer de l’expliquer en évoquant les
charges des entreprises qui sont parmi les plus élevées d’Europe, les
contraintes administratives et environnementales, le fameux Code du Travail,
bibendum en perpétuel gonflage, les salaires plus élevés qu’ailleurs avec
pourtant une bonne productivité, etc.
Pourtant
si cela peut nous redonner un peu de compétitivité à l’intérieur de la zone
euro, ces explications sont bien insuffisantes dès que l’on commerce hors de
celle-ci. C’est pourtant bien à l’extérieur de cette zone que nous devons
progresser, car avec un chômage pour le moins endémique à plus de 10%, il ne
faut pas s’attendre à une véritable hausse de la consommation. Le 1,1% étalé
jusqu’en 2017 aux fonctionnaires ne sera qu’une goutte d’eau, son but n’étant
pas de relever leurs salaires mais d’empêcher la grogne et de regagner leurs
voix. Non, toutes les raisons évoquées peuvent être prises en compte pour aller
dans le bon sens, mais elles sont surtout exploitées pour avantager les
entrepreneurs, les gros particulièrement, au détriment des salariés dans un
système d’austérité à base de dévaluation interne.
La solution
vient des contraintes extérieures à la France et parmi celles-ci, la
principale, l’euro. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’excédent du
commerce extérieur de l’Allemagne par rapport à la France mais aussi l’Italie et
même l’Espagne. C’est +300Mds€ pour l’Allemagne et -50Mds€ pour la France. L’euro
est un euromark qui est parfaitement adapté à l’économie allemande qui s’appuie
aussi sur les pays germaniques limitrophes à plus bas salaire et, c’est vrai,
une industrie de haut de gamme moins concurrencée. Mais nous avons un déficit
de compétitivité de 30%, ce qui veut dire que l’euro franc est au moins 20%
trop élevé pour notre économie, même si nous agissons sur tous les boulons intérieurs
que nous sommes censés maîtriser.
La pensée
unique qui mène la France depuis 1974 sur le chemin de la régression, et qui a
institué la monnaie unique comme un dogme, est enfermée dans un problème sans voir
une solution autre que l’austérité à appliquer de préférence sur le monde du
travail. Cette dévaluation interne ne mène qu’à l’échec. Toute atteinte au
pouvoir d’achat que ce soit par la hausse des taxes et impôts, ou par la baisse
du salaire horaire global, détruit la consommation des ménages sans donner un
coup de pouce suffisant à la compétitivité pour sortir de l’ornière. La France est
embourbée et ses conducteurs continuent à appuyer sur le champignon des
subventions aux entreprises avec le frein bloqué sur les salaires. La pression
médiatique exercée sur le peuple à base de catastrophisme garanti en cas de
sortie de l’euro, n’est assorti d’aucune explication plausible. Celles de la
dette augmentée et du prix de l’essence ont fait long feu. Par contre les
exemples de pays qui marchent bien avec une monnaie nationale sont là pour nous
montrer que l’on vit très bien sans l’euro, en Suisse, en Islande, en Norvège,
en Suède, au Danemark, etc. Mais cela on n’en parle pas ou l’on avance que la France
ne rentre pas dans la comparaison vu son importance… argument d’enfumage qui
nous mène au précipice.
La France est embourbée et son peuple
est enfumé et spolié
La jeunesse commence à comprendre le
piège
Et c’est toujours par elle que la France
A une chance de réorienter
Son avenir sinon…
Elle sombrera !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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