Les
discussions sur l’appartenance de la France à la zone euro commencent à
recueillir de plus en plus d’écoute parmi nos concitoyens et de plus en plus d’économistes,
dont deux Prix Nobel, montrent qu’elle est loin d’être optimale et génère des
disparités économiques qui ne font que s’agrandir. De plus en plus de voix
compétentes se font entendre. L’ancien
gouverneur de la banque d’Angleterre, Lord Mervyn King, annonce publiquement
que « la zone euro est vouée à
l’échec et va aller de crise en crise jusqu’à sa destruction » dans
son livre : « La fin de l’alchimie ».
L’économiste britannique Lord Mervyn King, Chevalier grand-croix de l’Ordre de
l’Empire britannique, n’est pas un économiste comme les autres. Il a été le
gouverneur de la très puissante Banque d’Angleterre, l’une des principales
banques centrales de la planète, du 1er juillet 2003 au 1er juillet 2013, soit
pendant une décennie entière.
Selon lui, la plus
grande économie de l’Europe (l’Allemagne) fait face à un « terrible choix » :
doit-elle soutenir les partenaires les plus faibles de la zone euro au prix
d’un coût important et sans fin pour ses contribuables, ou doit-elle mettre un
terme au projet d’union monétaire dans l’ensemble de l’Europe ? Elle ne semble
nullement y être disposée car les économistes évaluent le coût à 8% de son PIB.
Pour le banquier central, le « seul moyen » dont disposent les pays
faisant face à l’abîme d’arrêter « l’austérité
écrasante et le chômage de masse perpétuel », avec « aucune fin en vue de la charge de la
dette » des pays débiteurs, est
qu’ils abandonnent l’euro. Pourtant la grande bénéficiaire de l’euro est l’Allemagne
comme le montre son commerce extérieur avec un excédent de 248 Mds€.
On voit que la France
n’arrive qu’au deuxième rang dans les exportations allemandes et au 3ème
rang pour les importations. Ceci se solde par un déficit de 36 Mds€ pour la France
sur 45,7Mds€ en 2015 soit plus de 78%. Dans nos échanges avec l’Allemagne les
exportations sont 36% inférieures aux importations. Notre compétitivité
vis-à-vis de l’Allemagne est un handicap primordial. C’est pour cela que nous
devrions dévaluer notre monnaie par rapport à l’euromark de 35% environ selon
certains experts pour retrouver une compétitivité. Si je prends le marché de l’automobile,
les marques allemandes deviendraient hors de prix, notre industrie automobile pourrait
se relocaliser et faire baisser le chômage.
Si l’on
regarde les exportations françaises, hors matériel militaire, on constate que
61% des exportations se font dans la
zone euro et les 2/3 des
importations selon l’INSEE en 2015. On constate que c’est le déficit du
commerce extérieur en zone euro qui plombe celui-ci, alors que globalement nous
sommes bénéficiaires en dehors de la zone euro. L’examen du solde par rapport
aux exportations met particulièrement en évidence que l’euro nous handicape
beaucoup plus en zone euro qu’ailleurs, ce qui laisse supposer que l’euro est
moins défavorable par rapport au dollar qui est la monnaie la plus utilisée
dans le monde.
Mais la question se
pose désormais de savoir s’il ne faut pas tout simplement quitter l’UE. Les
réactions des pays de l’UE face au flux migratoire, la désespérance des petits
agriculteurs et le déni de démocratie reposent crûment le problème. On peut
aussi le regarder sous un angle socio-économique et se comparer aux autres pays
européens. J’ai rassemblé des données de l’OCDE et d’Eurostat pour examiner ce
qui est le bonheur du citoyen, un bon niveau de vie et du travail. Le tableau
présenté donne le PIB/habitant et le taux d’emploi qui inclue le travail à
temps partiel. On peut supposer que le PIB est d’autant plus élevé que le
nombre d’heures travaillées est important. C’est donc le PIB/heures travaillées
qui sera utilisé. On ne dispose pour l’instant que des données 2012 en dollars.
Par contre le PIB/habitant est exprimé en euros, et en 2014 comme les taux d’emploi
et de croissance.
La
liaison entre les heures travaillées apparaît significativement sur le
graphique joint, mais deux pays se singularisent, l’Islande et la Suisse. On
peut supposer que la productivité joue un rôle. Une liaison se fait jour une
fois enlevée celle des heures travaillées. Ce traitement mathématique permet de
montrer que l’on peut expliquer une bonne partie des écarts avec un lien direct
avec les heures travaillées et le taux d’emploi. Plus le PIB/heures travaillées
et le taux d’emploi sont élevés, plus le PIB l’est. Tout n’est pas expliqué en
particulier pour l’Islande et l’Espagne. Cependant il apparaît que plus le
travail est réparti, plus la productivité augmente. Ceci ne va évidemment pas
dans le sens de l’augmentation des heures journalières proposée dans le projet
de loi Travail. Par contre on ne trouve aucun lien entre le taux de croissance
et le PIB/Heures travaillées. Il nous reste à tirer des conclusions sur la
comparaison entre pays européens de la zone euro, hors zone euro, et hors UE.
Les
pays choisis pour faire cette étude sont les principaux pays de l’Europe mais
une étude globale pourrait donner des résultats légèrement différents. En
particulier les pays de l’est qui sont de nouveaux
entrants de poids assez faibles et de niveau de vie assez bas, ont été exclus, hormis la Pologne. Les
trois pays hors UE choisis sont la Suisse, la Norvège et l’Islande, ont des
résultats bien meilleurs avec des PIB/habitant, des croissances et des taux d’emploi
nettement supérieurs respectivement de 57%, 30% et 23%. On peut au moins en
déduire que quitter l’UE n’entraîne pas plus d’inconvénients socio-économiques que
de quitter la zone euro bien au contraire. Plus les liens sont déliés avec les
contraintes de l’UE, plus les pays se portent bien.
Il n’y a qu’un catastrophisme dans la
sortie
Du carcan de l’euro et de l’UE
L’immobilisme et la peur !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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