Le président Hollande a prévu un budget 2013 sur des bases volontairement trop optimistes afin d’éviter d’avoir à faire les coupes budgétaires nécessaires dans le budget des administrations publiques. La seule solution qui reste est l’augmentation des impôts qui génère des mouvements sociaux difficilement contrôlables. C’est donc le choix délibéré du Président de pratiquer une austérité à base principalement d’impôts mais à dose plus légère, grâce à une prévision de croissance inatteignable. Il a pu affirmer mordicus que le déficit de 3% du PIB serait tenu et Pierre Moscovici était chargé de le proclamer haut et fort pour encourager le contribuable à accepter la ponction de son porte-monnaie pour la bonne cause.
Pour tout observateur attentif, il était évident que la promesse de ce déficit, auquel la France s’est engagée, ne serait pas tenue et que le calcul du Président était qu’il ne serait pas le seul dans ce cas. En conséquence il serait toujours temps de renégocier l’objectif avec d’autres pays atteints du même mal. J’avais eu l’occasion de vous en faire part bien avant que l’OCDE le prédise aujourd’hui 27/11/12. Celui-ci prévoit pour nous une croissance de 0,2% en 2012 au lieu de 0,3% prévu. Le déficit de 4,5% du PIB devrait être atteint comme prévu, mais cela au prix d’une pression fiscale accrue par rapport à celle annoncée par le précédent gouvernement.
Pour 2013, c’est une croissance de 0,3% à prévoir au lieu des 0,8% du budget voté. Ce qui entraîne mathématiquement une impossibilité de réussir les 3% de déficit du PIB sur lesquels l’Etat s’est engagé. Nous sommes toujours dans une démarche électoraliste qui se refuse à engager vraiment des réformes structurelles et une véritable optimisation des dépenses publiques qui sont en pourcentage l’une des plus élevées d’Europe. Sa politique économique est basée essentiellement sur la pression fiscale et non sur la rigueur, la vraie, celle des dépenses publiques.
L’embellie est toujours repoussée pour plus tard. En 2014 tout ira mieux, même l’OCDE le prédit, il faut tellement tenir l’opinion de peur qu’elle ne se rende compte que l’Europe s’enfonce plus vite que les autres continents dans la crise. Peut-on raisonnablement espérer que la Chine tire tous ces pays qui s’enfoncent dans la dette et qui, les uns après les autres, impriment de la fausse monnaie et empruntent ? Peut-on vraiment croire que cette politique à courte vue de sauvetages successifs par la planche à billets ne soit autre chose qu’une façon de gagner du temps ?
La Grèce est sauvée, elle va toucher ses 43,7 milliards qui lui permettent de tenir jusqu’au printemps. Son budget serait presque équilibré… dans les prévisions budgétaires, mais sa dette de 190% du PIB doit être diminuée jusqu’à 124% en 2020. Tous les moyens sont bons pour cacher que c’est désormais le contribuable européen qui va devoir payer. Prolongation des durées de prêt, baisse des taux d’emprunt dans les prêts bilatéraux, et même rachat de sa dette à une valeur très éloignée de sa valeur d’émission en obligations souveraines par emprunt à un taux proche de zéro au FESF, sont parmi les outils « usine à gaz et proches de la cavalerie » pour cacher la vérité… la Grèce ne pourra jamais rembourser sa dette. Le contribuable européen devra payer d’une façon ou d’une autre et la France en sera pour payer 55 milliards in fine. Les fond propres du FESF doivent déjà être portés à 10 milliards.
A qui le tour maintenant Chypre ? Malte ? Irlande ? Portugal ? Espagne ? L’ambition d’une Europe sociale, économiquement forte et heureuse, sombre dans le chômage, la perte de compétitivité et la diminution de ses exportations. La mondialisation fait de moins en moins bon ménage avec une activité économique basée de plus en plus sur la consommation intérieure. La France va voir son chômage augmenter en octobre pour le dix-huitième mois consécutif et rien, à part les promesses des gouvernants toujours très optimistes, ne permet de prédire honnêtement une embellie.
L’action principale des gouvernants est de maintenir l’espérance de jours meilleurs en affirmant tout le temps, c’est pour demain. A chaque nouvelle élection les dirigeants ont payé leurs mensonges depuis le début de la crise mais ils espèrent toujours que cette fois c’est la bonne et embouchent les trompettes du réveil des espérances dans un champ de ruines de l’économie.
Les banques sont en triste état et ont déclenché la crise des subprime. Désormais ce sont les Etats qui sont endettés jusqu’au cou. Qui va payer ? Réponse : le contribuable et la planche à billets jusqu’à la catastrophe finale où l’argent ne vaut plus rien et on en revient au troc pour survivre. La zone euro est le cœur et le moteur central de l’Europe. Elle s’est tiré une balle dans le pied avec la monnaie unique sur des pays socialement, économiquement et même parfois culturellement très différents. Ce choix trop lourd et paralysant entraîne tout le navire Europe vers le fond de l’abîme.
Gavée par la politique des petits cadeaux humanistes
La troupe des moutons ne voit plus le bord du précipice.
L’entrepreneur, le fonctionnaire, le salarié, le retraité, s’y retrouveront,
Seules leurs élites, qui les y ont conduits, s’auront y survivre.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon