On ne peut qu’être admiratif de notre bon La Fontaine qui a su dans ses fables dépeindre les défauts de la société humaine. Après « les deux chèvres », on peut penser à « l’huître et les deux plaideurs ». Un jour deux Pèlerins sur le sable rencontrent une Huître que le flot y venait d’apporter. Ils l’avalent des yeux, du doigt ils se la montrent ; à l’égard de la dent il fallut contester. L’huître, objet d’une convoitise acharnée, c’est évidemment la présidence de l’UMP où les deux protagonistes voient, peut-être à tort d’ailleurs, l’antichambre de l’élection présidentielle.
Voilà deux plaideurs, à qui les circonstances offrent une présidence à prendre après la défaite et le retrait de leur mentor, dans lesquels on reconnait facilement François Copé et Jean-François Fillon. Et que dire d’Alain Jupé dans le rôle de Georges Dandin, le rôle lui va si bien dans celui du juge né malin, rusé, madré mais « droit dans ses bottes ». Le revoilà, maigre et sec et portant beau mais les traits et la taille un peu épaissis au vin de Bordeaux. Une occasion se présente le remettant dans la lumière et le place dans la position du vieux sage, du gourou après tant d’avanies.
Il n’y a pas résisté mais a prévu courageusement sa porte de sortie. C’est ainsi qu’il ne s’est pas présenté aux législatives pour mieux préserver ses chances aux municipales sentant un vent mauvais. Par sa médiation, il revient dans la course des candidats aux présidentielles de 2017 avec une stature d’homme de consensus. La partie était perdue d’avance, peu importe. Il a joué un acte.
Les sympathisants UMP et même la France peuvent désormais se poser la question de savoir vers lequel des deux plaideurs son cœur balance ou sa moindre aversion. En effet les deux ont 2017 en ligne de mire. Il y a deux façons de voir, celle de la préférence humaine basée sur notre empathie et celle plus raisonnée du meilleur battant politique pour qui seule la victoire compte.
C’est deux ambitions et deux tempéraments qui s’affrontent. On voit d’un côté un boxeur qui avance, reçoit des coups pour mieux pouvoir en donner, prêt à toutes les esquives, à toutes les manœuvres et qui évite les yeux de l’arbitre pour placer un coup bas. On voit de l’autre un homme, qui a été le Sancho Pansa de Sarkozy, dont ce dernier dit qu’il n’a existé que dans son ombre. Cet homme d’Etat abandonne l’éventualité de sa présidence et est donc plutôt dans le recul et dans l’attitude de mauvais perdant.
Personne ne pourra connaître la vérité sur ce vote mais il s’agit de savoir quel homme est le plus capable de mener le combat dans un parti qui a rassemblé deux anciens partis. C’est l’histoire de l’UMP qui resurgit. En effet le parti s’est finalement plus ou moins divisé sur la pensée unique qui est européenne et favorable au multiculturalisme. Le gaullisme ne s’est plus retrouvé dans l’abandon progressif de la souveraineté du pays par l’entrée dans l’OTAN, le non respect du vote des français sur la Constitution européenne, la main tendue au multiculturalisme à préférence musulmane, etc.
Avec l’arrivée sur la scène politique de l’UDI, on voit mal quelle place pourrait avoir la partie de l’UMP, qui est européenne, socio-libérale et multiculturelle, dans un nouveau parti de scission. De l’autre côté le courant gaulliste et nationaliste, sensible aux dangers de l’immigration de peuplement d’une autre culture et d’un culte envahissant reprend espoir de se faire entendre avec l’appui des évènements récents. Le véritable clivage n’a pas clairement transpiré, chacun des deux candidats ayant pris plus ou moins dans ces deux courants. C’est donc plus vers une désagrégation de l’UMP que l’on risque d’assister plutôt qu’à une claire scission.
Deux courants de pensée s’expriment néanmoins de plus en plus fortement à droite et vont pousser à une clarification dans les partis droitiers. Le courant de pensée souverainiste sort vainqueur de cet épisode comme son contraire européen à volonté humaniste. Ce vote est donc à droite un grand moment de la vie politique française où la pensée unique est la grande perdante et voit pointer un débat sur le fond que la France ne peut éviter et qui a été occulté lors de la dernière présidentielle.
C’est du chaos qu’est né l’univers,
Du chaos peut naître un monde politique nouveau,
Si tel est le cas il faut se réjouir de celui-ci.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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