Le président, après avoir enterré les réformes Sarkozy et réclamé de la croissance, fait un virage sur l’aile en reparlant d’austérité au grand dam des Ecologistes et du Front de gauche. L’augmentation de la TVA vilipendée revient sous forme adoucie en même temps que l’on préconise un crédit d’impôt pour les entreprises et que l’on incite les entreprises à investir par des facilités d’emprunt d’état réunies sous un même chapeau. Toutes ces manœuvres ne semblent pas avoir convaincu notre principal partenaire allemand qui s’inquiète de nos mesures pour 2013 et envisage de faire plancher un comité des Sages sur notre économie. Il est vrai que nous avons des leçons à prendre même si tout n’est pas parfait chez eux, mais quelle claque !
Il devient difficile de ne pas constater que nous sommes sur le déclin. Selon l’OCDE, en trente ans nous avons perdu 13% de pouvoir d’achat par rapport à la moyenne des 34 pays développés. A la quinzième place aujourd’hui, nous avons été doublés par la Finlande, l’Irlande, le Japon, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Au huitième rang en 1990 sur l’indice de développement humain calculé par l’ONU, prenant en compte la santé, l’éducation, la sécurité, l’inégalité des revenus, etc., nous sommes passés au treizième rang en 2010.
Notre économie souffre de la concurrence avec l’Allemagne qui engrange 150 milliards quand nous en perdons 75 dans notre commerce alors que 70% de nos échanges commerciaux se font à l’intérieur de l’Europe, en particulier avec la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, l’Espagne. Il est vital d’en appréhender les raisons alors que notre solde était positif en 1999 avec 36 milliards, soit le triple de celui de l’Allemagne, et encore équilibré en 2003. Il faut noter que de 1949 à 1989, nous avons dévalué notre monnaie de 30% par rapport au mark tous les dix ans ! Nous ne disposons plus de ce levier de commande, il faut donc se pencher sur les raisons intrinsèques de notre déficit de compétitivité.
Qu’est-ce qui nous différencie de nos voisins allemands ? Depuis l’introduction de l’euro, l’Allemagne a donné la priorité à la compétitivité de ses entreprises. Cotisations patronales, indemnisations du chômage, dépenses publiques, nombre de fonctionnaires sont passés sous la hache de la réduction pendant que l’augmentation des salaires était faible et les impôts réduits en particulier pour les entreprises. Le paysage est très contrasté avec la France qui a donné la priorité au social - 35 heures payées 39 (coût entre 12 et 22 milliards), nouvelles allocations sociales : RSA (7,5 milliards), PPE prime pour l’emploi (4 Mds€), CMU et AME (7 Mds€), PAJE, APA. A ces dernières il faut ajouter l’augmentation des retraites pour les carrières longues, pour les fonctionnaires (retraite complémentaire sur les primes), le droit à la formation, etc.
De plus nos collectivités locales se sont mises à embaucher massivement et à emprunter pour des investissements souvent de confort ou inutiles. La dégradation de nos finances publiques était programmée et nous accusons un surplus de dépenses de 150 milliards par rapport à l’Allemagne plus peuplée. Par ailleurs nous avons multiplié les prélèvements obligatoires. La Cour des comptes en a dénombré plusieurs centaines pour 55 en Allemagne, cela crée une véritable usine à gaz multipliant le nombre de fonctionnaires. Elle a également constaté que les charges sociales patronales sur les salaires sont le double des allemandes, que les impôts sur les entreprises sont deux fois plus élevés et les impôts sur le capital quatre fois plus. Ceci ne tient pas compte des augmentations nouvelles prévues pour 2013 alors que l’Allemagne réduit les impôts.
La Commission européenne estime à 10,5% du PIB la différence des dépenses publiques avec l’Allemagne soit 212 Mds€ ! Depuis 1980 la France a augmenté son nombre de fonctionnaires de 1,5 million, l’Allemagne est passée de 6,7 à 4,5 millions depuis 1990. D’après l’OCDE, le coût total des salaires des fonctionnaires était en 2010 de 259 milliards en France et de 182 milliards en Allemagne ! La rémunération des fonctionnaires inclut le coût des retraites beaucoup plus élevé qu’en Allemagne. Dans ce pays la retraite est à 65 ans comme dans le secteur privé et le montant des pensions n’est guère plus élevé dans le secteur public ! En France la retraite des fonctionnaires civils de l’Etat est à 58,7 ans et leur pension, à rémunération égale, 70% plus élevée que celle du privé.
La France souffre de dépenses publiques qui en font le pays le plus dépensier d’Europe avec 56% du PIB. Elle est incapable de les financer et la part du coût des fonctionnaires est prépondérante même s’il y a bien d’autres économies à faire. Avec une faible productivité des services publics, elle a donc recours à la pression fiscale et à l’emprunt. L’emprunt alourdit le remboursement des intérêts d’emprunt et la dette. La pression fiscale diminue les marges des entreprises, leurs investissements et, par contrecoup, leur compétitivité. C’est un social-démocrate allemand qui a dit :
Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain
Et les emplois d’après-demain !
Helmut Schmidt
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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