Il peut paraître surprenant de lier ces deux aspects de l’économie. Pourtant tous deux ont un lien avec la compétitivité des entreprises qui sont plus ou moins consommatrices d’électricité. La France garde un avantage sur l’Allemagne en ayant un coût de l’électricité plus faible, avantage dû au coût inférieur de l’énergie hydraulique et de l’énergie nucléaire. Les énergies renouvelables ont un coût entre deux fois et dix fois plus élevé sans compter les subventions qui leur sont accordées. Chacun sait que subvention veut dire paiement par le consommateur, ce qui est d’ailleurs explicite sur sa facture EDF avec une contribution spécifique.
Le basculement, vers les énergies renouvelables et thermiques, indispensable pour compenser l’arrêt des réacteurs nucléaires coûte très cher au consommateur allemand qui a vu doubler sa facture d’électricité. La même politique appliquée en France donnerait exactement le même résultat. Le choix des énergies renouvelables n’a aucun fondement économique ni sur le coût électrique ni sur l’émergence d’une industrie nouvelle mettant la France dans une position exportatrice face à la concurrence de la Chine entre autres.
Ce choix est purement politique et destiné à satisfaire les Verts comme le fut l’arrêt de Superphénix qui plaçait la France en avance de quelques décennies sur la technologie prévue pour la quatrième génération de réacteurs nucléaires. L’argument de la sécurité suffit à effrayer une partie de la population à partir du moment où l’on concède que le risque zéro n’existe pas. Tout argumentaire pour défendre la cause de cette industrie devient inaudible alors que nul ne remet en cause l’industrie chimique qui a causé de très grandes catastrophes dans le monde, la plus proche de nous étant AZF à Toulouse.
Augmenter la sécurité, c’est-à-dire la sûreté des réacteurs, est une évidence que les autorités de Sûreté sont chargées de promouvoir, imposer et vérifier. La France dispose d’une Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) indépendante des exploitants et du pouvoir politique. Elle exige, d’EDF en l’occurrence, que les travaux jugés indispensables soient effectués et ne donne l’autorisation d’exploiter que lorsque ces travaux sont vérifiés comme réalisés. Dans le cas où l’exploitant ne les a pas faits dans les délais impartis, l’ASN se doit d’exiger l’arrêt du réacteur.
Le Président Hollande s’est engagé à fermer Fessenheim, sous le prétexte de son vieillissement et à la demande express des Verts brandissant l’argument d’une implantation sur une faille sismique. Or ce réacteur vient de subir avec succès son contrôle décennal par l’ASN, après avoir effectué des travaux préconisés à la suite des enseignements de Fukushima. Il a donc une autorisation de fonctionnement jusqu’en 2022. Fermer Fessenheim c’est considérer que les avis de l’ASN sont soumis au pouvoir politique, ce qui n’en fait plus une autorité indépendante. EDF sera donc en droit de demander des compensations pour la perte d’exploitation engendrée par cette décision.
Le rapport du député Hervé Mariton qui vient d’être remis au gouvernement met le doigt sur une autre conséquence. Si l’argument du vieillissement est retenu pour arrêter Fessenheim c’est de nombreuses centrales, dont l’âge est proche, qui devront aussi être mises à l’arrêt. L’arrêt d’une centrale est évalué entre 400 millions et plus de 2 milliards. Mais en dehors du coût à répercuter sur le KWh, la consommation électrique française ne pourra pas être assumée par des énergies renouvelables de remplacement sans avoir recours à l’énergie thermique polluante qu’il sera difficile de mettre en œuvre à temps.
Le rapport Gallois n’aboutit qu’à la prise de demi-mesures dont l’efficacité reste à démonter puisqu’elles se traduisent par une augmentation des impôts sans que l’on mette en œuvre à la place une réduction structurelle des dépenses publiques de fonctionnement. De même l’arrêt de Fessenheim ne fera que compliquer la tâche d’EDF et augmenter le coût de l’électricité sans qu’une politique énergétique cohérente soit mise en place sinon une demi-mesure plus politique qu’économique.
Incohérence, navigation à vue, électoralisme,
Inexistence d’une politique ambitieuse, claire et déterminée,
Sont les stigmates d’une France qui concède plus à l’idéologie qu’au pragmatisme.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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