Le soleil brille en ce dimanche sur ce coin, encore authentique de côte bretonne. On y respire ce parfum d’autrefois et en fermant les yeux, les poumons pleins d’air marin, on soupire d’aise en pensant « Douce France ». Alors que le bruit des canons tonne, qu’une nouvelle guerre menace, que la violence s’accroît, que le chômage rode, que les mosquées dressent leurs casques pointus, que les églises se vendent, on croit vivre dans un monde irréel, comme un saut dans le temps, un parfum du passé. Et pourtant, une vision prémonitoire saisit le poète :
C’est aujourd’hui dimanche
Allah vers toi se penche
Il faut que toi le mécréant
Tu fasses le ramadan
Car en deux-mille quarante
Ta minorité perdante
Ne pratique plus sa foi,
Fait de la charia ta loi.
Si pour toi elle est trop rude
Il te met en dhimmitude
Tu dois lui verser l’impôt
Ou disparaître bientôt.
Ta femme est toute voilée,
La cochonnaille envolée
Tu ne consommes plus d’alcool
Et d’hallal c’est ras-le-bol.
Le muezzin de la mosquée
De la cloche masquée
En a recouvert le son
Pour te mettre au diapason.
Tu es soumis sans guerre
Pour n’avoir rien fait... naguère.
Jacques Ouvert
Le passé n’est pas si lointain. Nous étions encore de l’autre côté de la méditerranée il y a près d’un demi-siècle. Dans ces temps de repentance, premier pas vers la servitude, il est bon de relire ce qui se disait alors dans l’humour des chansonniers. C'était au temps où il y avait des chansonniers ! Pierre Jean Vaillard était un habitué des tournées en Algérie Française où il était très apprécié. Il venait avec l'équipe des "Trois Baudets". Voila ce qu'il pensait de la culpabilité coloniale de la France, déjà avant 1962 Pierre-Jean Vaillard : (Sète, 12 mars 1918 - 17 février 1988)
"Fellagha"
Quand ma pensée s'en va vers l'Afrique du Nord
Je me sens, tout d'un coup, bourrelé de remords
Que l'Algérie soit une province française,
C'est évident, bien sûr, bien qu'à tous ça ne plaise
Que des hommes aient fait d'un bled qui n'était rien,
Ce beau pays algérien
Nul ne peut dire le contraire…
Seulement, ces temps-ci, il faut compter, là bas,
Avec un mécontent, un certain fellagha.
Et, petit fellagha, c'est à toi que je pense
En voyant ta rancune à l'égard de la France.
J'ai beaucoup réfléchi et ma méditation
Me décide à venir te demander pardon.
Oui, pardon, Fellagha, pardon pour mon grand-père
Qui vint tracer des routes et labourer la terre.
Il est tombé chez toi, il a tout chamboulé.
Où poussaient des cailloux, il a foutu du blé
Et, mettant après cela le comble de l'ignoble,
Où poussaient des cailloux il a fait un vignoble
Pardon, cher petit Fellagha,
Oh, pardon de tous ces dégâts.
Et mon affreux grand-père (il faut qu'on le confesse)
N'était pas seul de son espèce.
Ces autres scélérats ont bâti des cités Ils ont installé l'eau et l'électricité.
Et tu n'en voulais pas, c'est la claire évidence Puisque avant qu'arrive la France
Tu n'avais, en dehors de la Casbah d'Alger,
Que la tente ou bien le gourbi pour te loger.
Et tu t'éclairais à l'huile
Nos maisons, bien sûr, c'était la tuile.
De l'électricité, là encore soyons francs,
Tu ne demandais pas qu'on te mette au courant
Tu t'es habitué à ces choses infâmes
Mais à regret et la mort dans l'âme
Stoïquement, d'ailleurs, supportant ces malheurs,
Avec courage et bonne humeur.
Mais tu engraissais, mais de mauvaise graisse
Car tu prenais le car, (une invention traîtresse)
Ce même car que, pris d'un délire divin,
Tu devais, un beau jour, pousser dans le ravin.
Je comprends ta rancœur, je comprends ta colère,
Tu n'es pas au niveau des Arabes du Caire
Tu gâches et tu vis mieux qu'un fellagha égyptien.
A quoi Nasser ... Nasser a rien
Nous avons massacré les lions, les panthères,
Nous avons asséché les marais millénaires.
Les moustiques sont morts… les poux, De Profundis.
Nous avons tout tué, jusqu'à la Syphilis.
Ah! Pardon, Fellagha, pour tous ces carnages.
Nous avons fait tout cela, c'est bougrement dommage.
Car si d'autres idiots l'avaient fait, inspirés
C'est nous qui maintenant, viendrions vous libérer,
Et bouffer les marrons cuits pour ces imbéciles.
C'aurait été moins long et beaucoup plus facile.
Bien pardon, Fellagha, de t'avoir mieux nourri,
Et d'avoir à tes pieds nus, mis (oh maladresse),
Des souliers... Dont tu voudrais nous botter les fesses.
Bon dimanche à tous
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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