La FED était attendue par les marchés en quête de signes
positifs. On attendait d’elle qu’elle remette des liquidités dans l’économie américaine,
laquelle joue positivement sur la croissance mondiale et surtout sur l’euphorie
des marchés. Las, la déception s’est faite jour sur les marchés ce soir car l’opération
ne se solde que par moins d’une centaine de milliards de liquidités
supplémentaires. Il ne s’agissait pas d’une opération « Quantitative
Easing n°3 » dont le montant a été bien supérieur dans les deux premières.
L’opération TWIST consiste à vendre des obligations à court
terme pour racheter des obligations à long terme. C’est en somme repousser le problème
devant soi mais dégager ainsi des liquidités sans avoir vraiment l’air de faire
marcher la planche à billets. En dehors du fait que cette opération ne peut se
renouveler indéfiniment puisque les obligations à court terme détenues sont en
nombre limité, les liquidités injectées ne sont pas au niveau attendu et leur
impact ne sera pas longtemps perceptible.
Le QE3 va être repoussé à plus tard, sans doute la fin de l’année.
Cette opération permet aussi de faire baisser les rendements des obligations à long
terme si bien que l'Etat américain peut continuer à se financer à bon compte.
Autrement dit rien ne change dans le creusement de la dette américaine avec un
encouragement aux crédits aux particuliers et aux entreprises, entraînant la
consommation et les investissements… selon Keynes.
Tout ceci est encore de l’illusion puisque la dette se creuse
de plus en plus vite et que les prévisions de croissance par la Fed ont été
revues à la baisse de 1,9% et 2,4% cette année, plutôt que de 2,4% à 2,9%. C’est
tout au plus un moment de répit. L'économie américaine ne redécollera pas grâce
à ce coup de pouce supplémentaire pour attendre les élections américaines.
Tout ceci ne serait qu’une mauvaise passe des Etats-Unis, si
l es dettes souveraines mondiales n’étaient pas aussi élevées avec une
dette globale de l’Europe supérieure à celle des Etats-Unis. A l’intérieur de l’Europe,
certains pays sont en mesure de payer les intérêts d’emprunt et de réduire leur
déficit budgétaire. Certains ne le peuvent déjà plus comme la Grèce et l’Espagne.
Les pays de l’Europe du sud pressent l’Allemagne d’ouvrir le robinet des
liquidités et de donner les moyens au MES (Mécanisme Européen de Solidarité) de
pouvoir aider les pays en difficulté. François Hollande y ajoute la demande de
liquidités supplémentaires pour nourrir la croissance.
Nous retombons dans le domaine de l’illusion avec l’exemple
américain sous nos yeux mais les dogmes sont tenaces et les politiques s’y
accrochent car l’austérité ne se fait pas en un jour ni même une année. C’est
une véritable culture des dirigeants qu’ils doivent inculquer à leurs citoyens.
Sur ce point nous avons depuis longtemps un Etat cigale même si les français
sont eux fourmis avec une des plus grosses épargnes européennes. Ceci montre le
degré de confiance de ces derniers dans la capacité de nos gouvernants à gérer
le pays.