La crise est enfin arrivée au "cœur inflammable de la zone euro", écrit ce matin le
Financial Times. L'Espagne, quatrième
économie européenne, a annoncé hier ne plus être en mesure de renflouer ses
banques sans l'aide de Bruxelles. Le Premier ministre du pays, Mariano Rajoy,
pourrait maintenant demander officiellement un plan d'aide européen. Mais la
taille économique de l'Espagne pourrait rendre cette opération très difficile:
Madrid représente 12 % du PIB européen, contre seulement 6% pour l’Irlande, le
Portugal et la Grèce réunis [Libération]
L'Espagne est donc "au
bord du plan de sauvetage" [Le Figaro]. Mariano Rajoy était "réticent
à accepter un sauvetage européen qu'il juge humiliant" et qui l'obligerait
à accepter les mesures d'austérité définies à Bruxelles. Il a pourtant appelé
hier l'Europe, lors d'un discours au parlement de Madrid, à "soutenir les
pays en difficulté", dont l’Espagne fait désormais partie. D'abord parce
que son système bancaire, "plombé par des actifs immobiliers douteux"
[Libération], a besoin d'une recapitalisation. Deuxièmement, parce que le
surcoût à payer pour emprunter sur les marchés financiers, est très, trop,
élevé. "L'Espagne n'a pas accès aux marchés", a déclaré hier le
ministre espagnol du Budget Cristobal Montoro.
Le pays attend donc un "coup
de pouce de l'Europe" [Les Echos]. Mais le MES, qui entrera en vigueur
le 1er juillet 2012, ne peut prêter qu'aux Etats, et non directement aux banques.
Il faudrait donc modifier son statut. Ce soir on se dirigerait vers une « union
bancaire » qui serait une solidarité entre les banques et un tri pour
sélectionner les banques en mesure de se redresser et laisser les autres
disparaître. Les clients de ces derniers seraient remboursés mais pas les
actionnaires.
Selon la presse italienne Mario Draghi préparerait une grande
réforme de la BCE. De toute évidence, d’une façon ou d’une autre, on s’apprête
à faire marcher la planche à billets. L’Espagne est trop grosse pour faire
faillite sans créer un éclatement de la zone euro. L’Allemagne et la France s’opposent
sur les moyens de la financer mais le problème de la survie de l’euro est posé.
"L'Espagne est
l'illustration magistrale de notre crise : des Etats insolvables sauvent
des banques insolvables, qui, à leur tour tentent de sauver des Etats
insolvables. En 2008, la bulle immobilière espagnole est gonflée à haute
pression. Pour ne pas laisser sombrer ses banques, l'Etat s'endette afin de les
renflouer.
Début 2012, les banques
espagnoles – toujours mal en point – souscrivent aux émissions de l'Espagne
dont les taux montent sur les marchés. Si les taux montent, cela signifie que
le prix des obligations baisse. Ce sont donc des pertes supplémentaires pour
ces banques. Mi-2012, les banques espagnoles ont besoin d'être
recapitalisées : leurs pertes dépassent leurs fonds propres. Comme vous le
voyez, les évènements s'accélèrent. » [Simone Wapler]
Les feux des projecteurs ne font plus quitter l’Espagne et la
Grèce va se trouver affaiblie pour négocier le maintien dans l’euro et un plan
d’austérité… moins austère. En effet l’urgence
et l’importance écnomique de l’Espagne deviennent l’objet de toutes les attentions.
La zone euro va jeter
ses derniers feux.
Les clauses des traités
vont voler en éclats.
L’Allemagne va se poser
la question de l’intérêt de l’euro.
Claude Trouvé