Plus les évènements se précipitent plus les dirigeants du
monde perdent le sens des réalités et nous basculons chaque jour un peu plus dans
l’absurde.
Titre de Direct Matin :
La croissance fait consensus [au G20]. Conclusion de l'article : "Quant aux
mesures susceptibles de relancer la croissance, elles ne semblent pas devoir
être explicitées." C’est la nouvelle
expression journalistique, on ne se met plus d’accord comme autrefois, « on
fait consensus ». On aurait pu croire, que lorsque l’on n’est pas d’accord,
« on fait la gueule ». Non pas du tout on « fait débat ».
Comment ne pas être d’accord sur plus de croissance
quand on sait que le déficit est mesuré en pourcentage du PIB pour juger de son
ampleur et donner des règles contraignantes aux Etats. Si l’on augmente la
croissance, donc le PIB, de 4%, on peut se permettre d’augmenter le déficit
jusqu’à 2% tout en affichant une baisse de 2% sur l’indicateur déficit/PIB. C’est
la manière rêvée de dépenser plus tout en réduisant ce foutu indicateur sur
lequel nous nous sommes engagés à 3% pour 2013. C’est un calcul du niveau du
cours moyen ou même élémentaire… docteur Watson !
La France pousse de toute la force de ses petits
bras et fait front au visage austère de l’Allemagne qui bêtement ne s’intéresse
qu’au numérateur, nommé déficit, du pourcentage déficit/PIB. Tous les autres
veulent aussi de la croissance. Les Etats-Unis, la Chine, le Brésil, la Russie
se repaissent du grand marché que représente l’Europe pour écouler leurs produits.
La seule petite difficulté c’est que la croissance, dont on a besoin
tout-de-suite, demande d’injecter de l’argent frais. On a beau faire, beau dire
et refaire les comptes, il n’y a que des dettes. Le monde a une dette qui croit
chaque jour et atteint les 40.000 milliards de dollars dont 9.000 pour les
Etats-Unis.
Alors chacun y va de sa méthode, les QE, TWIST,
LTRO, FESF, MES fleurissent, tous maniés par les mains expertes de la FED ou de
la BCE. Le seul but est de remettre de l’argent dans le circuit d’une part pour
boucher des « trous bancaires et souverains » ou pour créer de la
croissance. C’est, dans ce dernier cas, ce que l’on appelle la croissance
artificielle et, dans le premier cas, le « tonneau des Danaïdes ». La
FED parle de « relancer la croissance américaine » pour rassurer les
marchés. Ceux-ci attendent un nouveau QE3 succédant aux 3.000 milliards des
deux précédents dont l’effet sur la croissance est jugé insuffisant.
C’est tout-de-même trois mille milliards envolés,
disparus… et une croissance toujours aussi molle. Mais en Europe la France, l’Italie,
l’Espagne, le Portugal, la Grèce, Chypre ont un déficit qui évolue plus vite
que la croissance et sont ou vont entrer en récession. Alors comme les malades
dont les poumons ne répondent plus, ils demandent de l’oxygène, c’est-à-dire un
air « surdopé ».
La Grèce est dans cet état et devra rester sous tente à oxygène une
dizaine d’années. Le Portugal, l’Irlande, l’Espagne y ont fait et vont encore y
faire des séjours de plus en plus rapprochés. L’Italie s’y prépare et l’agence
de notation américaine Egan-Jones dégrade
la note souveraine de la France.
« Plus petite que ses
consœurs Standard & Poor's, Moody's et Fitch, elle a estimée que la
France ne peut plus figurer dans les pays
notés "A" (catégorie la meilleure pour un
investissement), c’est pourquoi elle a estimé que la France sera désormais un placement de qualité moyenne
et la qualifie de "BBB+" et qui assorti sa note d’une perspective
négative. Une décision selon elle de vouloir anticiper la fin de
l’indulgence des marchés financiers vis-à-vis de la France. C’est donc une dégradation
de deux crans avec une perspective négative à la clé ! » (Ensemble
pour la France)
Pendant ce temps l’Europe du Sud évoque la croissance comme
le peuple du Sahel évoque la pluie et racle le fond des tiroirs-caisses. Le ministre
chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a ainsi admis mercredi
que le gouvernement était en quête de 10 milliards d'euros pour boucler le
budget 2012, et a détaillé une série de "mesures d'urgence" portant
sur la fiscalité. Car comme chacun le sait il est beaucoup plus facile de
faire ainsi rentrer l’argent plutôt que de réduire les dépenses… c’est ce que l’on
appelle l’austérité à la Française.
Posons donc en principe
qu’aucun Etat ne remboursera sa dette,
Ajoutons-y une union
budgétaire et bancaire qui nivelle leurs différences,
Dépensons alors d’une
façon « croissante » dans la solidarité et l’impunité
La dette souveraine n’existera
plus dans le club des sans-soucis
Et nous non plus !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon