Le prochain sommet de
l’UE sera, comme d’habitude, celui de la « dernière chance ». Il est
vrai qu’à chaque réunion nous nous en rapprochons. Ce ne sera pourtant pas
encore pour cette fois, l’Allemagne est encore décidée à faire quelques
concessions mineures pour imposer sa rigueur à l’allemande, rigueur qu’elle
veut imposer aux pays et en particulier aux plus grands d’entre eux Espagne, Italie
et France.
Mario Monti, qui passe pour un technocrate économiste avisé,
va brandir la menace de l’Italie sans gouvernement et cela va suffire sans
doute à permettre à la chancelière de céder un peu sur les mécanismes de relance
de la croissance. Cela sera néanmoins assorti d’un « ni revenez plus ! ».
Cette fois la chancelière ne peut plus aller plus loin et le cas de la Grèce en
est la démonstration. L’Allemagne ne veut plus aider encore la Grèce au-delà de
reports sur le plan d’austérité grec, reports qui devraient néanmoins alourdir
la note de 20 milliards.
La chancelière sait que cela ne suffira pas et est prête à
faire sortir la Grèce de l’euro. Elle est excédée par le leitmotiv keynésien de
la France sur la croissance obtenue par des fonds mis à disposition par l’UE
pour des investissements stratégiques et structurels. Les 120 milliards qui
sont en cours de discussion ne représentent d’ailleurs pas de l’argent
supplémentaire en totalité mais aussi la somme d’engagements antérieurs. Elle
sait que ces sommes risquent fort d’être détournées par les États qui ne voient
l’austérité que dans les hausses d’impôts.
Elle se méfie de la banque européenne d’investissement qui n’est
pas sous le contrôle de la BCE ou de l’Allemagne. Ce pourrait être une bonne
solution, car il s’agit d’un organisme financièrement plus puissant que toutes
les banques centrales du monde et dont la rigueur de gestion est exemplaire.
Malheureusement le climat de confiance entre la France et l’Allemagne s’est
fortement détérioré depuis l’arrivée de François Hollande.
La chancelière a été heurtée par la préférence donnée à une
rencontre avec le SPD, parti d’opposition, avant celui entre chefs des deux
états les plus puissants de l’UE. La retraite à 60 ans partiellement accordée
et l’augmentation du SMIC même faible l’a convaincue que la France n’était pas
prête à faire les efforts nécessaires sur les dépenses.
Le gouvernement français vient d’annoncer un gel des dépenses
pour 2012 et 2013. Il n’est déjà pas sûr que cela puisse être tenu mais il faut
trouver des recettes supplémentaires sur l’hypothèse de 0,5% de croissance. Elles
sont chiffrées à 7 milliards pour l’instant. En gros, dans cette hypothèse de
croissance, l’objectif de 4,5% de déficit par rapport au PIB signifie 91
milliards à ajouter à la dette publique.
Si cette croissance est nulle, ce qui est une hypothèse très
probable, vu la croissance dans l’UE à mi-année, non seulement les recettes
fiscales seront impactées mais le ratio déficit/PIB sera doublement affecté car
le dénominateur sera plus faible. Nous ne tiendrons pas l’objectif fixé sans
recettes supplémentaires ou diminutions des dépenses.
Malheureusement aucune des dispositions prises ou envisagées
par le gouvernement ne sont en adéquation avec l’affirmation de retour de la croissance.
Que ce soit du côté dépenses ou du côté recettes on ne voit rien qui puisse
relancer la croissance et diminuer les dépenses publiques qui ne seront d’ailleurs
que gelées. La croissance vertueuse demande de :
-
privilégier les bonnes dépenses
publiques – à savoir celles qui sont rentables et favorisent la
croissance ;
- favoriser
les bons impôts (d'un
point de vue macroéconomique s'entend) – à savoir ceux qui favorisent
l'investissement en capital-risque et ceux qui n'alourdissent pas le coût du
travail en détaxant par exemple les facteurs de production susceptibles d'être
délocalisés.
La politique
qui privilégie la hausse des impôts et taxes, la réduction des niches fiscales
sans discernement, la taxation des riches au-delà de ce qui est pratiqué dans
les autres pays européens, le frein à l’actionnariat, à l’investissement à
risque ne peuvent mener notre pays que vers l’Italie, puis l’Espagne, puis vers
la Grèce.
Pour accompagner la
délocalisation de nos usines
Ne devrions-nous pas délocaliser
le gouvernement ?
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon