La sortie de la Grèce de la zone euro n'est plus un tabou depuis plusieurs
mois. Le pays jouera, aujourd’hui dimanche 17 juin, son maintien ou son
éviction de l'union monétaire lors des élections législatives. Pour limiter les
répercussions de cette décision au sein de l'Union européenne, des responsables
financiers européens discuteraient depuis six semaines, pendant des
téléconférences, des plans d'urgence à mettre en place.
Des
responsables de l'Union européenne ont indiqué hier à Reuters que plusieurs
hypothèses étaient sur la table. Parmi elles, la solution extrême qui consisterait
à imposer à la Grèce des contrôles aux frontières. Les discussions ont porté
sur la possibilité de suspendre les accords de Schengen, qui organisent la
libre circulation et les contrôles aux frontières dans la majorité des 27 pays
de l'UE. La sortie de l’euro est donc bien envisagée sous tous ses aspects.
La Grèce peut-elle s’en sortir sans annulation totale de sa dette et aide
pendant plus d’une dizaine d’années ? La réponse est non, le pays est exsangue.
L’un des meilleurs indicateurs de la santé économique d’un pays est son taux de
chômage. Le graphique ci-joint montre que non seulement celui-ci est l’un des
plus élevés d’Europe mais qu’il est dans une progression constante et forte.
Les recettes publiques ont reculé de 3,67% sur les cinq derniers mois et
viennent donc atténuer l’effet des mesures d’austérité qui elles-mêmes jouent
sur la croissance déjà négative à -3% en 2011. Les grecs retirent de l’argent à
un rythme de 700 à 800 millions par jour. La panique s’empare non seulement des
citoyens grecs mais de toute l’Europe en particulier sur les banques très
sujettes à la faillite grecque.
La Grèce se vend au plus offrant. Un contrat de 3,4 milliards d'euros a été passé l’an
dernier avec le chinois Cosco pour exploiter deux quais du port du Pirée. Mais
les pays du Golfe, les russes, les anglais, les français sont en train de
dépouiller plus ou moins ce pays. Tout cela passe par un grand programme de
privatisation qui devrait dégager
1 milliard d'euros d'ici à 2013, mais dont l'ampleur sera déterminée au
coup par coup. «Dans certains secteurs,
comme les casinos, l'État cédera toutes ses parts comme dans d'autres, surtout
dans ceux qui sont liés aux ressources naturelles. »(AFP)
Le résultat
des élections grecques risque de ne pas changer grand-chose dans le sort
réservé à la Grèce. C’est en fait à l’Allemagne, premier pourvoyeur des aides
aux pays en difficulté, de décider. Le FMI a clairement annoncé que les
conditions de prêt à la Grèce n’étaient plus négociables. C’est donc l’Allemagne
qui va se trouver devant un choix difficile avec la pression d’une France qui
voudrait bien se servir de sa caution pour ouvrir la planche à billets sans
risque.
Néanmoins
le temps presse, la Grèce sera à cours d’argent fin juillet et si rien n’est
fait du côté de l’Europe, on n’empêchera pas la banque grecque de faire marcher
la planche à billets puisqu’elle en a les moyens techniques. L’Europe ne peut
qu’annuler la dette, relâcher un peu sur les mesures d’austérité et étaler la
dette à venir sur un plus grand nombre d’années. 70% des grecs souhaitent,
selon les sondages, rester dans l’euro, c’est humain de vouloir rester dans une
zone euro qui les aident et de ne pas accepter une austérité qui les appauvrit
chaque jour. Mais leur avenir ne leur appartient plus s’ils gardent l’euro.
La Grèce ne
fera pas faillite c’est l’Eurozone qui est menacée. "Les architectes de la zone euro ont ignoré l'hétérogénéité de
l'Europe afin d'imposer une fausse homogénéité [...]. Pendant un certain temps,
cette similitude fictionnelle a fonctionné... ou a semblé fonctionner. Mais en
vérité, cela n'a jamais vraiment marché, comme le prouve très clairement
l'expansion de la crise. Même si la structure de l'Eurozone a permis aux Grecs
d'emprunter de l'argent comme s'ils étaient des Allemands, cela ne les a pas
empêchés de rembourser leurs dettes comme des Grecs". (Dan Denning)
Les vraies
questions, ignorées dans nos présidentielles,
Vont être
posées aujourd’hui par les électeurs grecs
Avant que
les dettes espagnoles et italiennes nous obligent à choisir
« To be in or not to be in »
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon