La zone euro se meurt, la France entre en récession, son
chômage atteint 10% et nous assistons à un deuxième tour des législatives où
les jeux politiques des alliances et des sauvetages font la une des journaux avec un opium du
peuple, en l’occurrence la coupe d’Europe de football. Les réunions à venir au
G20 et en Europe vont être de la plus grande importance mais rien ne filtre, de
la part du gouvernement d’abord ni des grands partis sur les positions
politiques que la France entend prendre. Angela Merkel a adressé un plan à la France
qui ne suscite aucun commentaire de la part de celle-ci !
Le peuple est tenu à l’écart de plus en plus mais des
décisions au coup par coup vont changer totalement la géopolitique de l’Europe.
D’ailleurs les français ignorent que les gouvernants au sein du Conseil de l’Europe,
réunis quatre fois par an, prennent d’infinies précautions pour ne pas se
trouver dans l’obligation dans appeler à leur Parlement ou au référendum. Rien
ne filtre ou presque de ces discussions souvent houleuses dont chaque
gouvernant affirme à la presse qu’un grand pas a été effectué et que son point
de vue a été largement pris en compte.
Pourtant la survie de la zone euro est l’objet de toutes
leurs préoccupations pendant qu’en sous-main l’Allemagne, qui a fait ses
comptes, se prépare à l’éventualité du retour au mark ou à une Europe fédérale
à sa main. Personne ne croit raisonnablement à cette deuxième option mais les
banquiers pourraient accepter une union bancaire sous la houlette de la Banque
Centrale Européenne. Les banques grecques, espagnoles et italiennes sont dans
le rouge et tout est interconnecté. On peut pressentir qu’il va falloir remettre
de l’argent dans le circuit, d’où l’intérêt de la BCE qui détient la planche à
billet qu’en principe les traités lui interdisent d’utiliser… mais les
principes dans l’urgence ont déjà été largement bafoués.
Il n’empêche que la grande finance mondiale va peser de tout
son poids pour délester les pays européens de ce qui constitue l’essentiel du
pouvoir, la gestion de l’argent de l’Etat. L’Europe fédérale reste le passage
obligé vers la gouvernance mondiale dont certains, comme Jacques Attali, nous
vante les mérites. On en a eu le premier avertissement dans les propos de
Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du FMI.
« La solution la
plus ambitieuse, largement discutée dans la littérature académique, serait de
créer une autorité budgétaire, aussi indépendante politiquement que la Banque
centrale européenne ». Il poursuit : « L’autorité fixerait les
orientations budgétaires de chaque pays membre et allouerait les ressources
provenant du budget central pour mieux atteindre le double objectif de
stabilité et de croissance ».
En dehors du fait que la Commission européenne deviendrait le
bras armé de l’Europe, on voit mal ce qui resterait comme pouvoir réel aux
nations et comme possibilité de s’exprimer sur leurs choix aux peuples qui la
composent. Il n’existerait donc plus de choix démocratique en matière de
politique publique et nous glisserions vers un « despotisme éclairé ».
On se dirigerait vers ce que pensait James Madison, quatrième président des
Etats-Unis, à savoir que la démocratie et l’économie de marché n’allaient pas
de pair.
On observe de plus en plus un déficit démocratique et une
distance de plus en plus grande entre le citoyen d’un pays et les instances
européennes. On se garde bien de l’informer et les médias sont très peu
preneurs d’informations sur le fonctionnement européen. Qui sait ce que fait
Van Rompuy et qui il est ? C’est pourtant lui qui dresse l’ordre du jour
des réunions du Conseil Européen, qui dirige les débats et en tire les
conclusions. C’est là que de plus en plus se décide la politique des nations européennes.
Une Europe solide et
viable
Ne peut se pérenniser
qu’avec l’assentiment des peuples
A moins qu’un despotisme
éclairé
Ne leur donne le rang d’esclaves.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon