Il y a dans l’UE une
montée d’adrénaline et un besoin pressant d’affirmer son indépendance. On
pourrait prendre cela pour une crise d’adolescence retardée puisque cela fait
plus de vingt ans qu’on nous fait croire au mythe européen. Mais il s’agit
plutôt de la fuite des promeneurs imprudents sur les grèves du Mont
Saint-Michel devant la marée montante qui peut les engloutir. Cette montée du
« nationalisme », terme employé à dessein pour faire sentir sa
proximité avec le fascisme plutôt que souverainisme ou indépendantisme, n’est
que le sentiment d’échec du mirage européen. Il n’y a toujours pas de peuple
européen mais une juxtaposition de pays adoubée la plupart du temps par les
représentants du peuple sous pression des chefs d’Etat sans véritable approbation
populaire. Il en est de même de l’extension de l’UE des six à 28 et bientôt 30
et plus.
La
prise en main quotidienne de l’UE par une technocratie déconnectée des réalités
territoriales et le sentiment que l’objectif final de l’UE est un fédéralisme
destructeur des nations à la mode américaine ont finalement convaincu une
partie de plus en plus grande des peuples, même dans les Etats qui sont entrés
non pas pour trouver une bouée de secours mais selon un idéal de paix et de
prospérité. Il faut cependant noter que la crise d’indépendance est surtout
virulente dans les pays qui ont su bénéficier de l’aide financière de l’UE pour
redynamiser leur économie, comme la Hongrie, la Serbie, l’Autriche, et la
Pologne. Pour ces pays il est temps de montrer que désormais ils n’ont plus un
besoin vital d’aide même s’ils ne jetteront pas la proie pour l’ombre. Pour eux
ils entendent faire front et faire valoir leur droit de vote sans peur d’être
tancés financièrement car l’UE est devenue un colosse aux pieds d’argile.
Pour la Pologne et
les pays baltes, l’important est l’appartenance à l’OTAN et ils vont privilégier
ce partenariat avec les Etats-Unis. Ce constat nous amène à considérer l’attitude
que ces pays peuvent avoir devant la menace américaine des droits de douane sur
l’acier et l’aluminium. Elle sera différente de celle de la France qui veut une
réponse globale de l’UE. Les intérêts ne sont pas les mêmes. Si les Etats-Unis
nous ont imposé l’ennemi russe, les français ne ressentent pas cette menace
dans leurs gênes comme les pays frontaliers ou presque de la Russie. Même l’Allemagne
sera tentée de négocier un accord bilatéral car ses liens commerciaux avec les
Etats-Unis sont très importants. Si l’aspect migratoire mobilise actuellement
les discussions entre dirigeants de l’UE, elle cache des divergences plus
profondes sur l’économie. N’oublions pas que l’Europe se voulait au départ créée
pour une meilleure croissance économique et une paix assurée par l’OTAN selon
le vœux des pères fondateurs sous influence américaine.
La politique
d’austérité uniforme sur l’ensemble de l’UE a mis en lumière les différences
fondamentales, historiques, sociales et économiques imposant un chemin plus ou
moins ardu pour chaque pays. Si le critère des 3% de déficit est presque
atteint par tous, le poids de la dette est encore loin d’être atteint par l’ensemble.
Le chemin est d’autant plus discriminatoire que l’UE ouvre ses portes à la libre
circulation des personnes et des biens à l’intérieur de l’UE, mais sur le monde
entier pour les capitaux. Donc les pays faibles sont la proie des investisseurs
du monde entier car leur force de résistance est insuffisante pour éviter un
dépouillement à vil prix. La France n’y échappe pas d’ailleurs sur son
patrimoine et, sous prétexte de créations d’emplois, les autorités nationales
et territoriales se montrent très complaisantes sur l’acquisition de ses forces
vives économiques et stratégiques comme pour Alstom, le TGV et feu les
Chantiers de l’Atlantique. Mais la France ne souffre pas encore comme l’Italie et
c’est ce pays fondateur qui vient de porter la première estocade sur le monstre
UE.
Si
cette montée croissante d’indépendantisme trouve ses racines dans le
fédéralisme technocratique, l’immigration et la nécessité de résistance nationale
contre les prédateurs quels qu’ils soient, résistance rendue difficile par la
libre circulation des capitaux, elle voit s’y adjoindre une autre évolution du
paysage économique. Le schéma prévisionnel du monde de demain était le Nouvel
Ordre Mondial, dont Jacques Attali se faisait le porte-parole et était le précepteur
du futur président Macron. C’est un monde de puissances financières et
économiques qui a dessiné un avenir de gouvernement mondial où ils espèrent
bien tenir les rênes, monde dont le mot d’ordre est la mondialisation, antichambre
de la globalisation. Sous couvert de libéralisme, c’est tout bonnement un
capitalisme mondial où l’humain n’a de place qu’en tant que producteur ou
consommateur. Hollande et Sarkozy ont même affirmé que nous n’échapperions pas
à ce NOM. Ceci veut dire que même la population mondiale rentre dans une régulation
nécessaire, voire drastique. Bill Gates veut réduire la couche de gaz
carbonique dans l’atmosphère. Pour cela, il pense qu’il faut réduire la
population humaine. Certains experts estiment que l’optimum serait une
population réduite à 600 millions d’hommes et de femmes, soit des 9/10. La
globalisation s’occupe de tout pour le bien des peuples dont l’avis alors
importe peu. L’arrivée des robots va d’ailleurs poser le problème humanitaire avec
plus d’acuité.
Mais
trois grand dirigeants mondiaux viennent de renverser la table du NOM d’obédience
judéo-américaine qui défend en réalité son hégémonie. Ces trois hommes se
nomment Vladimir Poutine, Xi Jinping et Donald Trump. C’est un tout autre
schéma qu’ils mettent en œuvre. C’est le retour du contrôle des échanges de
personnes, de biens et de capitaux pour Trump dans un monde d’ajustement
économique par des accords bilatéraux. Le couple Chine-Russie bâtit un monde de
coopération économique d’abord, mais pouvant s’étendre à des accords militaires,
stratégiques, monétaires et bancaires dans un respect des souverainetés, comme
le définit l’OCS, l’Organisation de Coopération de Shangaï. Ces trois puissants
dirigeants dressent deux visions du monde très différentes du NOM et de l’UE.
Ces deux visions se préparent à une guerre économique avec d’un côté la
première puissance économique, seule face au monde avec son dollar et sa
puissance militaire, et de l’autre une masse humaine représentant le quart de l’humanité,
des ressources naturelles considérables, des projets eurasiatiques ambitieux,
et une puissance militaire défensive équivalente.
Ces visions désarçonnent
l’UE qui apparaît comme un montage dépassé, entravé et incapable de peser sur
la marche du monde. Trump ridiculise sa position de libre-échange, et son
incapacité à proposer des solutions communes, hors de celles qui ne sont que
des faux-fuyants ou des compromis sans efficacité réelle. L’UE ne peut envisager
de grands projets comme l’OCS, les BRICS et le duo Chine-Russie, elle ne peut pas
résister à la puissance économique des Etats-Unis qui va faire éclater son
credo du libre-échange. Les routes de la soie se feront sans elle et elle devra
accepter le gaz russe, et ce d’autant plus qu’elle prône les énergies
renouvelables intermittentes et leur indispensable pilotage par les centrales à
gaz. L’Allemagne attend ce gaz pour devenir la tour de distribution européenne,
la France le lui paiera. La solidarité européenne vole en éclats et la seule
issue est une union de type OCS, celle prônée par Poutine et XI dans laquelle
aucun organisme tutélaire ne vient freiner la dynamique et imposer sa loi sur
tous. Macron n’est pas le représentant de la modernité mais d’un passé révolu.
Pire il sait que par référendum les français ne le suivraient pas. Alors les
élections européennes, ça sert à quoi ? Sortons de l’UE et dirigeons
Macron vers la sortie.
Pour toutes ces raisons l’UE est en
soins palliatifs
Le monde qui l’entoure va la forcer à mourir.
Le temps des chimères va s’achever.
Prions pour que tous ses peuples
Lui fassent une mort douce !
Claude Trouvé
04/07/18
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