lundi 16 juillet 2018

Énergies vertes : Prix du kWh et pollution en hausse


Depuis 2011 le prix de l’électricité augmente plus vite que l’inflation. Ces prix sont réglementés et ne correspondent pas aux demandes des producteurs d’où des évolutions contenues comme en 2011 et 2016-2017, tarifs imposés par l’Etat après consultation des propositions de la Commission de Régulation de l’Energie, la CRE. L’Etat participe ainsi aux difficultés financières d’EDF qui réclame des prix plus élevés pour faire face aux coûts de production. Pourtant la consommation d’électricité ne varie pas sensiblement, les économies d’énergies compensent les évolutions économiques et la croissance de la démographie. Depuis 2007 la France mène une politique d’implantation des énergies éolienne et solaire , les EnRia.

Ces énergies sont intermittentes et aléatoires. Pour réussir l’adaptation permanente entre production et  consommation, ces énergies demandent l’utilisation conjointe d’énergies pilotables dans lesquelles on trouve l’énergie thermique (charbon, fioul, gaz), l’énergie hydraulique bon marché mais pas toujours disponible, et l’énergie nucléaire surtout adaptée aux évolutions saisonnières sans perte sensible d’efficacité énergétique et accélération du vieillissement. Depuis 2016 la maintenance décennale des réacteurs nucléaires, auquel s’ajoute les enseignements de l’accident de Fukushima, ont déclenché une opération exceptionnelle de grand carénage dans le but de prolongation de leur vie au-delà de quarante ans comme aux Etats-Unis pour leur centaine de réacteurs. On a donc assisté à un retrait de 9% de la production nucléaire entre 2015 et 2017 soit 7% de la production totale d’électricité, ce qui correspond à l’arrêt annuel de 5 à 6 réacteurs de 900 à 1000 MW.

Dès 2016 on est sur un schéma d’implantation des EnRia et d’effacement du nucléaire par la politique de carénage. On a donc une bonne simulation du plan de transition énergétique de Hulot avec l’arrêt, définitif cette fois, de 17 réacteurs d’ici 2030. Elle permet de juger de son impact futur sur le coût du kWh, qui intéresse notre pouvoir d’achat, et de la décarbonisation, objectif affiché de tout ce plan. Commençons par le coût du kWh. On a déjà eu près de 18% d’augmentation du coût de kWh entre 2012 et 2016, à ce rythme on peut prévoir une augmentation de 43% en 2022. A qui la faute ? "Entre 2012 et 2016, les taxes ont littéralement explosé", constate Le Parisien, avec une hausse de 40%. Au même moment, le coût de la fourniture n'augmentait que de 2% et celui de l'acheminement de 5%. La faute est donc à la fiscalité qui représentait, en 2016, "plus du tiers de la facture totale du consommateur". Pour une famille de quatre personnes (dans une maison de 100 mètres carrés), elle avoisine les 1 600 euros/an en 2017 et le prix moyen par ménage est de 1403€. En 2022 cette facture deviendra respectivement de 1885€ et 1653€.

Vous pensez que cela n’est pas possible ? Depuis 2011 l’augmentation du kWh a été plus fort que l’inflation. Détrompez-vous la France est encore dans les nations où l’électricité est relativement bon marché, mais le prix le plus élevé est celui de l’Allemagne en pleine transition énergétique.


Mais le graphique suivant est plus intéressant encore car il montre que les politiques de prix des différents Etats sont divergentes. Certains affichent le coût réel de production, prix de base, et appliquent des taxes hors TVA réduites, comme la Belgique et l’Espagne, d’autres comme le Danemark et l’Allemagne serrent les prix de base et pratiques des taxes et impôts compensateurs, généralement redistribués en subventions et aides diverses. 
C’est la politique qui se profile en France pour l’avenir. La fiscalité est clairement en cause et tous ces chiffres ressortent de l’analyse de l’Observatoire de l’Industrie Electrique (OIE). La fiscalité est constituée de trois taxes spécifiques à l’électricité (CSPE, TCFE, CTA)  et  de  la  TVA. En  2017,  l’ensemble  de  la  fiscalité  représentait  35  %  de  la  facture totale du consommateur. Deux taxes responsables de la hausse des factures. Ce sont précisément deux taxes qui ont augmenté : la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la contribution au service public de l'électricité (CSPE). La deuxième représente la part la plus importante sur la facture (15%) "alors que les dépenses énergétiques associées au logement et aux déplacements représentent en moyenne 8% du budget total des ménages", explique Le Parisien. La  CSPE  a  fortement  augmenté  depuis  2003,  initialement  afin  de  soutenir  le  développement des énergies renouvelables électriques. "+ 650% sur 15 ans du fait du développement du renouvelable", détaille le journal, pour atteindre le plafond de 22,50 euros par mégawattheure facturé. Depuis 2016, le soutien aux  énergies  renouvelables  est  financé  par  les  taxes  sur  la  consommation  d’énergies fossiles.

La différence entre les prix des différents pays s’explique d’une part par une vérité des coûts plus ou moins masquée et une importance plus ou moins grande des énergies hydraulique et nucléaire, les moins chères, et d’autre part par les pourcentages d’énergies renouvelables. Mais globalement dans les pays de l’UE, il se dégage une nette tendance de croissance du prix du kWh avec le pourcentage d’énergies renouvelables. On peut même avancer une tendance de 2,8 c€/kWh pour 10% de plus d’énergies renouvelables dans la totalité des puissances installées, ce qui représente la moyenne de l’UE par rapport à nous. On note que le Danemark, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne qui ont donné une place de 50% à 200% supérieure à la nôtre ont fait exploser le prix de l’électricité.

Avant d’aborder la première justification des EnRia, à savoir la décarbonisation, il est bon de regarder la situation en 2017 de la répartition des sources d’énergie. Le gouvernement parle généralement de la progression des EnRia en terme de puissance installée et nous parle de 16,2% d’énergies renouvelables et d’un objectif de 50% en 2030. Mais lorsque l’on dit 50% d’électricité par les EnRia, il s’agit de production et non de puissance installée, ce qui n’est pas la même chose puisque toutes les puissances ne sont pas disponibles en permanence et c’est leur temps de marche qui donne la production. Ce temps est normalement de 75% pour le nucléaire et de 23% pour les éoliennes terrestres. En 2017 la production des EnRia est de 6,3% pour une puissance installée de 16,2%. A contrario le nucléaire a produit 71,6% de la production totale de 2017 avec une puissance installée de 48,3% de l’ensemble.

La production totale est de 529,4 TWh, légèrement inférieure de 2 TWh à celle de 2016  mais de -20,6 TWh à celle de 2013. La consommation brute de 481 TWh est constante depuis 2012 et à 475 TWh une fois corrigée des aléas climatiques. Si l’on ajoute le nucléaire et l’hydraulique, les énergies les moins chères, on constate qu’à elles-deux elles couvrent 81,7% de la production et 90% de la consommation. La différence entre production et consommation étant de 48,4 TWh et la production des EnRia de 33,2 TWh, on voit qu’elles sont totalement exportables. Les EnRia ne sont pas nécessaires à la consommation d’autant plus que les puissances installées de bioénergie et de thermique (charbon, fioul, gaz) ne sont utilisées respectivement qu’à 53% et 33% pour assurer les pointes de consommation assurant une puissance disponible pilotable de 5400 MW environ soit celle de 4 à 5 réacteurs nucléaires ou de l’ordre de 8% de la puissance pilotable disponible. De plus elles sont vendues en moyenne à un prix bien inférieur au marché de l’export.

Mais depuis 2014 la politique de retrait provisoire pour maintenance des réacteurs nucléaires, le remplacement du charbon par le gaz dans les centrales thermiques, et l’implantation des EnRia, est une vision assez semblable à celles des prochaines années du plan de transition énergétique avec le retrait définitif de 17 réacteurs nucléaires. Qu’en est-il de l’objectif principal de décarbonisation pour sauver la planète ? En effet les émissions de CO2 de la production d’électricité représentaient 37% de l’émission totale française en 2016. Que s’est-il passé de 2016 à 2017 ? Si l’on classe les énergies en trois catégories, à savoir les énergies directement polluantes (charbon, fioul, gaz, bioénergie), les énergies indirectement polluantes (solaire, éolien) par suite de leur complément thermique pilotable indispensable, et les énergies non polluantes (hydraulique, nucléaire), on fait le constat que la situation s’est dégradée. Les énergies polluantes sont en augmentation et les non polluantes en diminution

On doit retrouver cela dans le comptage des émissions carbone, soumises à la taxe carbone sur la période 2014-2017. C’est en effet ce que l’on constate sur le graphique ci-contre avec une évolution annuelle de 6,3 mégatonnes de CO2. La politique de transition énergétique manque non seulement son objectif mais elle aggrave la situation carbone, sans parler des véritables polluants émis par les cheminées des centrales thermiques et de traitement de la biomasse ! On admire au passage l’entourloupe du gouvernement qui dit que la taxe sur les énergies renouvelables est désormais payée par la taxe carbone.

En effet il existe un lien direct entre l’augmentation de la production des énergies thermiques pilotables et les productions solaire et éolien sur la période 2014-2017. Cette dépendance se chiffre par un facteur 3. Le plan de transition énergétique se traduit par une augmentation de l’énergie thermique, y compris la bioénergie, trois fois supérieure à la production des EnRia. Il ne faut cependant pas attribuer cette augmentation  aux seules EnRia car la production de l’énergie nucléaire a diminué de 36,8 TW entre 2014 et 2017 et a dû être compensée, alors que la production des EnRia a augmenté de 10,8 TWh. C’est donc bien la politique globale du plan de transition énergétique qui est en cause.

En conclusion, le plan de transition énergétique ne peut que donner lieu à une augmentation du prix de l’électricité qui sera payée directement ou indirectement par le consommateur, mais en plus l’objectif principal de diminution de la pollution en général et de celle du CO2. Tout ceci se voit très clairement en Allemagne où l’émission de CO2 ne stagne que par le rempacement des centrales thermiques à charbon par des centrales à gaz moins polluantes, centrales beaucoup plus nombreuses qu’en France. Mais ceci a une fin, vite atteinte en France et le prix de l’électricité allemand est 80% plus cher qu’en France.

La politique du plan de transition énergétique français

N’obéit qu’à un support idéologique de façade

Qui cache des intérêts financiers mondiaux

Et de l’Allemagne qui veut dépouiller

La France nucléaire de son atout

Pour la rendre dépendante

Du gaz qu’elle distribuera

Par son passage obligé !

Claude Trouvé
16/07/18

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