Si le PIB inclut toutes les
recettes de l’Etat, il tient compte de la balance commerciale du pays concerné .
Celle-ci est un bon indicateur de la santé des pays, mais ceux-ci ayant
des populations très différentes il est intéressant de ramener ces chiffres à
une valeur par habitant ou par rapport au PIB ou au PIB/habitant. Le graphique
ci-dessous, que vous ne trouverez pas ailleurs à moins d’aller vous plonger
dans les statistiques d’Eurostat, amène une vision plus juste de l’impact que
peut avoir la balance commerciale, soit la différence entre exportations et
importations, sur notre pays. En effet les milliards ne parlent pas facilement
au commun des mortels. On parlera donc ici en euros.
Le
déficit 2017 de la balance commerciale de la France en 2017 s’élève à 79,2 Milliards d’euros mais il est plus
parlant de dire que cela correspond à -1182
euros par personne, le salaire d’un mois pour certains. C’est
l’appauvrissement de notre pays dû aux échanges commerciaux en 2017.
L’Allemagne pour sa part a un excédent de 248,8 Mds€
soit +3015€ par
allemand. C’est 328 Mds€ de différence entre l’Allemagne et la
France, et 4197€ de plus pour un allemand par rapport à un français en
2017.
Mais
on constate visuellement que la France n’est pas bien placée, et si l’on
excepte le Royaume-Uni qui a dévalué et doit patienter pour rétablir sa
balance, la France ne devance que des petits pays, principalement du sud comme
la Grèce, le Portugal, Chypre et Malte. Ce dernier et le Luxembourg créent leur
richesse ailleurs en tant que paradis fiscaux. Mais le constat le plus ennuyeux
pour nous est que l’UE dans son ensemble dégage un léger excédent, lequel est
encore beaucoup plus important pour la zone euro. L’Italie est le seul pays du
sud qui ait un excédent commercial de +783 € par italien. Si l’on
excepte l’Irlande pour la raison du faible impôt sur les sociétés, on note la
bonne performance de la République Tchèque qui montre que la richesse
commerciale se concentre autour de l’Allemagne avec les pays de l’est proches, plus
la Belgique, le Danemark et les Pays-Bas.
Le
constat est sans appel. La France n’est pas compétitive et la baisse de son
déficit budgétaire par rapport à son PIB n’est dûe qu’à une politique
d’austérité dont le poids principal est assumé par les 95% des français les
moins riches. Si l’Allemagne entraîne autour d’elle les pays limitrophes de sa
sphère d’influence, elle pille la France en lui imposant un déficit commercial de 17,2 Mds€ en 2017
soit une augmentation de 21% depuis 2016. L’Allemagne est, de loin, le premier
client et fournisseur de la France. En 2017, les exportations françaises vers
l’Allemagne représentent 14,8% (contre 16,2% en 2016) des exportations totales
françaises et les importations en provenance d’’Allemagne 15,8% (contre 16,9%
en 2016) des importations françaises totales. Le déficit commercial de la
France avec l’Allemagne s’accroît en raison d’une baisse des exportations.
Mais
regardons ce nouveau graphique sur le pourcentage de PIB affecté par la balance
commerciale. Il n’apporte pas beaucoup de changements par rapport au précédent.
Si la France fait mieux que le Royaume-Uni, elle est très en retrait de la zone
euro et même de l’UE et surtout en recul en déficit alors que l’Italie, la Belgique,
et l’Allemagne sont en excédent de balance commerciale. Je ne reviens pas sur
les cas particuliers du Royaume-Uni et de l’Irlande. Donc quelle que soit la
façon dont on regarde la balance commerciale, la France se situe en queue de peloton
des grands pays de la zone euro. On remarque aussi que le fait de ne pas avoir l’euro comme monnaie n’a pas empêché la Suède,
la Pologne, le Danemark, la Hongrie et la Tchéquie d’avoir une balance
commerciale excédentaire.
Mais
il nous reste à voir si ce mauvais résultat de la France est néanmoins dans un
contexte de redressement sur les deux années 2016 et 2017.
Le
constat est aussi décevant que précédemment. En 2015 le déficit de la balance
commerciale était de 45,7 Mds€ pour passer à 79,2 Mds€ en 2017 soit une
augmentation de 73.3% sur 2 ans ou une augmentation annuelle de 33,6%. Si l’on
exclut le cas particulier du Royaume-Uni, la France est avant- dernière sur l’évolution
des exportations et en baisse relative par rapport à l’UE de -0,1 point.
Cette
présentation basée sur les prix courants en euros ne tient pas compte des
dévaluations de monnaie, comme pour le Royaume-Uni. On peut avoir une vision
plus juste des exportations en volume et de leur variation annuelle calculée
sur les deux années 2016 et 2017.
Le
constat pour la France confirme notre avant-dernière place dans l’évolution de
nos exportations une fois tenu compte de la dévaluation pour le Royaume-Uni. Mais
la France est bien en perte de compétitivité et ressemble plus à la Grèce qu’à
la dynamique des autres pays de l’UE. La comparaison par rapport à l’Italie et
l’Espagne montre combien nous perdons du terrain par rapport à ces deux grands pays
du sud. Avec 2,35% de nos exportations, nous avons reculé même par rapport à l’Allemagne
avec ses 3,37% annuels. La politique d’austérité où les économies se font principalement
sur les particuliers et les consommateurs avec un reversement aux sociétés dont
surtout les plus grosses, et un dégrèvement pour les spéculateurs, ne rendent
pas la France plus compétitive mais augmente le nombre de milliardaires.
On
peut regarder ce qui se passe sur la variation annuelle des importations en
volume calculée sur les années 2016-2017 pour comparer les trajectoires respectives
des exportations et des importations.
Pour
les importations la France devance le Royaume-Uni et l’Espagne. Mais on note
que l’augmentation annuelle des importations est de 4,08% à comparer à celle
des exportations de 2,35% des importations. La balance commerciale est donc bien
sur une dynamique d’augmentation du déficit. Mais le constat est ainsi un
manque de compétitivité de nos entreprises qui nous fait reculer relativement
sur les exportations et fait augmenter nos importations, ce qui est un signe de
très mauvaise santé. Notre croissance n’est portée que par la croissance des
autre pays dont nous ne profitons que très partiellement. A contrario on
peut noter le redressement de l’Espagne, dont les exportations croissent de
4,45% et les importations de 3,67% seulement, la plaçant dans une dynamique
résolument positive.
En conclusion l’état de notre
économie est délabré et les mesures prises jusqu’à présent ne font que nous
faire reculer par rapport à la dynamique de l’UE et de l’Allemagne. La
course à la réduction du déficit public, par l’augmentation des recettes fiscales
sans des économies substantielles autres que les dépenses d’investissement et
la vente d’actions d’Etat sous prétexte de privatisation imposée par l’UE et
donnée comme bénéfique dans la communication, appauvrit globalement la France.
Elle nous conduit vers le chemin de croix de la Grèce. Le chômage ne peut qu’augmenter
globalement même si les chômeurs à temps plein sont remplacés par des chômeurs
à temps partiel comme nous le verrons
prochainement.
Le bon équilibre économique d’un pays se juge
Sur le PIB/habitant et la balance commerciale.
Sur ces deux critères la France se délite
Par rapport aux pays de l’Union.
Alors concluons, sortons-en !
Claude Trouvé
09/07/18