Sous
le prétexte de respect des critères de Maastricht sur le niveau de la dette publique/PIB
à 60% maximum et du déficit budgétaire en dessous des 3%, la dure nécessité d’une
politique d’austérité a été imposée par l’Allemagne tenante de la Real Politik
à tous les pays de l’UE et aux candidats à l’entrée. Elle a le mérite de la
cohérence puisque pays entrés ou candidats, tous sont logés à la même enseigne.
Toutefois la France n’a réussi à passer sous la barre des 3% que récemment et
en intégrant dans le PIB les marchés parallèles du trafic de la drogue, des
armes et de la prostitution. Comme d’autres pays me direz-vous, sauf que ceci n’était
pas prévu au départ et fausse la réalité puisque ce marché échappe aux
politiques gouvernementales. C’est au nom de ce principe que la Grèce est
tombée sous le joug du trio UE-FMI-BCE. Le moyen de pression est toujours le
même, le poids de la dette entraînant un remboursement d’intérêts paralysant le
pays, entraînant ensuite un déficit croissant, donc une augmentation de la
dette, laquelle pèse sur l’économie et fait croître le déficit, etc. etc. Le
remède imposé par le trio infernal est
alors l’austérité.
Tsipras,
soutenu par un élan populaire, est allé demander à la France, mais surtout à l’Allemagne
d’œuvrer pour une réduction de la dette par un prêt solidaire à taux faible, ou
au moins un rééchelonnement de la dette sur une longue période. Dans les
discussions, l’éventualité d’une sortie de l’UE par la Grèce était dans les têtes
des négociateurs, mais rapidement cette éventualité a été écartée par la menace
de la BCE de lui couper tout accès à son financement. La BCE venait de rentrer
dans la politique, ce qui était pourtant contraire à ses statuts. Tsipras a été
prié de capituler sans condition et d’accepter la tutelle du trio devenu maître
du robinet de financement du pays. Cette tutelle a donc imposé une politique d’austérité,
sans précédent encore dans l’UE, principalement dirigée contre le peuple,
retraites, salaires, avantages sociaux, impôts en maintenant par ailleurs des
taux d’emprunt insupportables à financer sans l’application de ces mesures.
Pour compléter le programme de redressement, le dépouillement du patrimoine du
pays a permis de faire l’appoint.
La
tutelle avait donné comme objectif l’équilibre du budget primaire, celui-ci ne
prenant pas en compte le montant des intérêts des prêts consentis. Cette
situation est un pacte léonin car d’un côté la Grèce est acculée à baisser ses
dépenses pour les amener au niveau des rentrées d’argent dues à son économie
par les taxes et impôts, sans que la relance de celle-ci soit réellement l’objectif.
Par ailleurs le montant des intérêts étant exclu du jugement sur le redressement,
ceci pousse le gouvernement grec à solliciter toujours plus d’argent. Mais les
prêteurs sont maîtres des taux et peuvent manipuler les ceux-ci en fonction de
l’urgence de la demande grecque. C’est ainsi que l’Allemagne a collecté
plusieurs milliards d’euros sur le dos Grecs et acquis du patrimoine à prix
cassé. Ceux-ci ont vécu un enfer car si la dette est le piège tendu aux pays
endettés, l’austérité est le diable entrant chez l’habitant pour le spolier en
lui vendant un marché de dupes, celui du déficit insupportable entraînant la
nécessité de l’austérité :
Multiplication par deux du taux de
pauvreté depuis 2008.
Multiplication par deux du taux de
chômage.
Multiplication par trois du taux de
suicides.
Augmentation de la mortalité infantile
de 50%.
Dette à 180% du PIB.
C’est
un chemin de croix mais la victoire est au bout selon les commentaires des européistes.
Je crois pourtant qu’aucun français ne veut en arriver là. Pourtant le piège de
la dette est aussi tendu pour nous, et les signes de durcissement de l’austérité
se font jour. Le trio UE-FMI-BCE vient de retirer sa tutelle sur la Grèce,
estimant que la condition de sa levée est obtenue en raison du léger excédent
budgétaire, hors intérêts de la dette. Le but est atteint. L’UE se félicite
et Tsipras offre un visage souriant à son peuple exsangue, le tourisme repart,
la Grèce est sauvée. Toutefois son budget est placé sous surveillance de la
Commission Européenne jusqu'en 2059. Malheureusement c’est plutôt à un
nouveau calvaire que sont voués nos amis grecs. La Grèce peut désormais se
présenter librement pour obtenir des prêts sur le marché bancaire qui va porter
son jugement sur la dette grecque, la santé de son économie, et sa capacité à
payer les intérêts. La dette de la Grèce a augmenté de 20% depuis 2008 soit 53
milliards représentant 30% du PIB de 2017
La
Grèce a vu son PIB/habitant passer de 24400 euros à 20100, soit une diminution
de 18% depuis 2008, et en mars 2018 le
taux de chômage était de 20,1% ! Pour information le taux de chômage
dans la zone euro était de 8,4% (-0,8% en un an), et de 7,2% dans l’UE mais
toujours de 9,2% en France. La Grèce est dans un état qui n’inspire pas
confiance dans sa capacité à s’en sortir car elle va subir de plein fouet les
marchés bancaires avec un déficit réel et non plus primaire que son économie ne
peut supporter. Les taux d’emprunts vont donc repartir à la hausse très
rapidement si la Grèce ne montre pas sa capacité à réduire efficacement son
déficit réel. C’est donc une nouvelle vague d’austérité qui se prépare pour les
Grecs. Ils sont placés dans une situation comparable au patient placé en
chambre stérile pour le soigner et qu’on autorise à affronter l’air extérieur.
Ses défenses immunitaires vont être sollicitées à plein et il entre dans une
zone de risque maximum qui peut le conduire jusqu’à la mort.
Le
mécanisme broyeur des Etats est la dette, comme l’a rappelé à juste titre notre
Ministre des Finances, contrairement à ce que pense nombre de français qui misent
sur le fait que la dette ne sera jamais remboursée. Ils oublient un fait
capital c’est que la dette est le moyen de pression sur les Etats par les taux
d’intérêt sur les emprunts, lesquels sont directement liés à la confiance des
prêteurs sur la capacité de leurs créanciers à, d’une part payer les intérêts,
et d’autre part rembourser la dette si besoin. La dette est une dépendance redoutable
aux marchés financiers. C’est la dette et le déficit budgétaire qui ont fait
tomber la Grèce dans le cercle vicieux de l’austérité, remède imposé par l’UE.
Mais l’austérité devient le diable quand
elle est justifiée comme seul remède à l’équilibre budgétaire, voire au
remboursement de la dette. Elle devient un mode de gouvernement des Etats
beaucoup plus facile à pratiquer que la remontée économique du pays et l’augmentation
de ses ressources.
L’austérité
se pratique essentiellement sur les peuples et peu sur les dépenses de
fonctionnement des Etats. Vous remarquerez en France qu’on rogne sur les dépenses
d’investissement mais on augmente celles de fonctionnement. Pour faire rentrer
de l’argent, on vend du patrimoine, on baisse les prestations sociales, et on
augmente les taxes et les impôts ou en crée de nouveaux. La seule difficulté
est d’avoir l’assentiment plus ou moins tacite du peuple. Enfin quand je dis du
peuple, je parle en gros des salariés car les autres sont amadoués par des
mesures d’aide ou de liberté de manipulation de ces derniers. Ce dernier point
est justifié par la technique du « ruissellement » dont l’avantage
est de promettre le bonheur pour demain, ce qui laisse du temps de tranquillité
pour continuer la politique d’austérité sur le peuple salarié et les retraités,
par l’impôt et les prestations sociales. Nous verrons dans le prochain article
comment Macron utilise ce concept de gouvernement et nous conduit vers une
situation à la grecque dès que la baisse relative de performance de la France et
l’effritement du soutien allemand vont finir par être pris en compte dans les
milieux bancaires internationaux.
La lutte contre l’endettement a fait
rentrer
Le diable dans l’Acropole des Grecs
Leur vendant une austérité
Qui les appauvrit
Et les asservit !
Claude Trouvé
02/07/18
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